JP Morgan AM continue de jouer la reprise cyclique de l'économie

17/01/2011 - 11:53 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La semaine dernière, la Banque populaire de Chine (PBoC) a de nouveau relevé son taux de réserves obligatoires de 50 pbs à 19%, portant le cycle de resserrement à 300 pbs. Cela fait suite à une hausse des taux d'intérêt de 25 pbs le jour de Noël, et devrait drainer 360 milliards de yuans (55 milliards de dollars) hors du système financier. L'annonce a suivi la publication des statistiques monétaires et de crédit", note JP Morgan AM. "La croissance monétaire a connu une nouvelle accélération en décembre à 19,7% sur un an et les nouveaux crédits ont dépassé les attentes en atteignant 481 milliards de yuans, portant le total des nouveaux prêts à 7.950 milliards de yuans sur l'année (bien au-delà de l'objectif des autorités)." "Cette tendance semble se poursuivre en 2011 : des rapports suggèrent que les nouveaux crédits ont dépassé 500 milliards de yuans sur la première semaine de janvier. (...) les autorités interviennent généralement après l'annonce des statistiques mensuelles. Cependant, la PBoC a agi avant les données d'inflation, de production et de ventes de détail en décembre et avant l'annonce des données du PIB du quatrième trimestre, attendues cette semaine." "Le consensus anticipe un repli de l'inflation en décembre de 5,1% à 4,7% sur un an, en raison d'effets de base et en dépit d'une hausse des prix alimentaires début janvier. Même si l'inflation présente décélère, 2011 se caractérisera par des craintes inflationnistes. La Chine souffre d'un excès de croissance monétaire, celle-ci atteignant 35% du PIB, quasiment le taux le plus élevé depuis quinze ans. On parle d'une nouvelle hausse des taux avant le nouvel an chinois le 3 février prochain." "L'année 2011 sera critique pour la Chine qui fera l'objet d'une transition politique en vue d'une nouvelle direction en 2012. Ce sera aussi une année clé pour l'évolution du cycle économique. Les responsables politiques actuels seront, dit-on, réticents à faire évoluer la politique de manière significative avant leur départ, tandis que les nouveaux responsables ne devraient pas prendre de mesures radicales lors de leur accession au pouvoir. Cela contraste avec le comportement des démocraties occidentales." "Dans ces systèmes, les nouveaux responsables politiques sont prompts à rejeter la responsabilité des ennuis sur leurs prédécesseurs, mais en Chine il est probable que les nouveaux venus attendent que les problèmes se manifestent pleinement, ne subissant pas les contraintes d'un électorat exigeant et impatient. Le danger serait que les responsables politiques agissent avec un temps de retard, ce qui inquiéterait les marchés. Les trois prochains mois seront déterminants, car la date du nouvel an lunaire rendra les comparaisons statistiques difficiles et il faudra sans doute attendre le deuxième trimestre pour juger de la capacité de la Chine à gérer son problème de surchauffe. Cela promet des marchés volatils." "La semaine dernière, plus encourageante pour la zone euro, s'est terminée sur l'inquiétude manifestée par la BCE vis-à-vis des risques d'inflation et un biais restrictif pour le devenir de sa politique monétaire. Avant la réunion de la BCE, les émissions obligataires de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie ont été couronnées de succès. Les cours des banques de la zone euro et de l'Espagne se sont redressés pour retrouver les niveaux précédant la forte baisse de fin novembre. Lors de sa réunion mensuelle, la BCE s'est inquiétée de l'inflation, le taux headline s'étant élevé à 2,2% sur un an, au-dessus de l'objectif de 2%." "Lors de sa conférence de presse, le président de la BCE, M. Trichet, a rappelé que la BCE avait relevé ses taux en 2008 alors que la région était en récession, afin de montrer que ses inquiétudes inflationnistes ne sont pas du bluff. Les remarques de M. Trichet devraient être perçues par les marchés comme un signal que la politique monétaire pourrait faire l'objet d'un resserrement plus tôt que prévu. Jusqu'à récemment, le consensus estimait qu'une hausse des taux d'intérêt n'interviendrait pas avant 2012, d'après l'analyse des marchés à terme." "En effet, selon Credit Suisse, il était anticipé en octobre 2010 une hausse d'à peine 20 pbs sur les 12 mois suivants. Vendredi, la hausse anticipée atteignait près de 70 pbs. Cela pourrait aussi constituer une menace à l'encontre des responsables politiques. La BCE s'inquiète peut-être également du fait que ses achats d'obligations lui confèrent un rôle de sauveur du système plutôt celui de régulateur de la politique monétaire. Clairement, la banque centrale ne souhaite pas subir la contrainte des gouvernements, bien que sa marge de manoeuvre soit limitée." "Toute hausse des taux de la zone euro se traduirait par une nouvelle déflation à la périphérie (l'Espagne et l'Irlande ayant des taux hypothécaires variables) sans avoir d'impact déterminant sur les pays nécessitant une politique monétaire plus restrictive (les principaux pays ayant des taux hypothécaires fixes). Ainsi, bien que la semaine ait été meilleure pour la zone euro, les difficultés budgétaires de la périphérie ne sont pas résolues. Trouver des acheteurs (banques centrales ou fonds souverains) pour la dette de la périphérie offre un peu de répit, mais ne résout pas le problème qui tient au fait qu'un seul taux sans risque doit convenir à l'ensemble de la région." "Les marchés devraient par conséquent rester volatils. Le rééquilibrage mensuel de nos portefeuilles a permis de réaffirmer notre préférence pour les actifs risqués. Si notre surpondération actions/obligations reste inchangée, nous avons revu nos positions d'arbitrage. En particulier, nous avons neutralisé notre position sur l'Europe hors Royaume-Uni au détriment du Royaume-Uni (désormais sous-pondéré) et de l'Asie (en réduisant notre surpondération sur Hong Kong). En termes stratégiques, nos portefeuilles continuent de jouer la reprise cyclique de l'économie." "Les obligations ne nous semblent pas attrayantes, compte tenu de leurs valorisations (sauf à envisager une sérieuse révision à la baisse des perspectives de croissance à moyen terme). Néanmoins, nous conservons une légère position longue en duration, afin d'apporter une diversification à nos positions actions. En dépit d'un bon début d'année, le prochain mouvement pourrait se caractériser par une réduction du risque. Comme nous l'avons écrit la semaine dernière, la question est de savoir si une réallocation cyclique vers les actions l'emportera sur le sentiment de saturation du marché. Malgré ces inquiétudes d'ordre tactique, nous restons favorables aux actions à moyen terme." AUT/ALO