Zone euro : au mieux, arrêt fin mars des mesures non conventionnelles

17/01/2011 - 16:10 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les taux longs swaps ont évolué de manière divergente de part et d'autre de l'Atlantique depuis une semaine en particulier sur la partie courte des courbes de taux. Les taux 2 ans swaps euro et les taux 3 mois implicites des contrats futures euribor lointains se sont fortement tendus alors que leurs homologues américains ont diminué. Cette divergence de taux 2 ans reflète de fait la rhétorique actuelle de la Fed et de la BCE", observe Nordine Naam de Natixis. "Depuis la semaine denrière, Ben Bernanke s'efforce de convaincre le marché que le quantitative easing II reste nécessaire malgré les signaux d'amélioration de l'activité. Il considère en particulier que le taux de chômage ne diminuera que très lentement et que le maintien de taux longs bas suffisamment longtemps reste un facteur positif pour le marché immobilier et les actifs financiers." "Cette rhétorique a permis de limiter la remontée des taux longs qui avaient commencé à augmenter significativement depuis le mois de novembre dernier. Mais il est vrai que les risques inflationnistes restent faibles d'autant que le crédit à l'économie ne redémarre pas, les ménages préférant se désendetter. Tout au plus, les risques déflationnistes ont diminué suite à l'amélioration de l'activité même si les prix à la consommation hors énergie et alimentation demeurent à 0,8%, soit un niveau historiquement bas depuis les années 50 !" "En revanche, JC Trichet s'est montré quelque peu nerveux lors de sa réunion monétaire face au maintien de mesures non conventionnelles dont il aimerait mettre fin dès que possible alors que l'inflation s'affiche à 2,2% en décembre. Il est vrai que l'inflation est au-dessus de son objectif de 2,0%, mais comme JC Trichet l'a souligné cette inflation est liée surtout à la hausse de certaines taxes dans certains pays dans le cadre des plans d'austérité et à celles des prix énergétiques. Le maintien d'un chômage élevé conjugué à une croissance durablement inférieure à son potentiel devrait contribuer à des prix à la consommation relativement faible." "Aussi, il nous semble peu probable que la BCE relève ses taux directeurs cette année comme le reflètent les contrats euribor décembre 2011, en baisse de 35pb depuis le 1er janvier. Relever les taux directeurs alors que la plupart des pays mettent en place des cures d'austérité significatives risque d'être dangereux pour la croissance européenne. On peut au mieux imaginer un arrêt des mesures non conventionnelles fin mars seulement si la situation des banques périphériques s'améliore et là rien n'est certain." "JC Trichet espère que les banques des périphériques arriveront à se refinancer seules sur les marchés mais cela est peu probable. La défiance vis-à-vis des banques espagnoles et irlandaises reste importante compte tenu de leurs expositions à l'immobilier. On comprend donc l'empressement de JC Trichet pour que les autorités politiques renforcent le rôle du FESF de manière quantitative mais surtout qualitative, notamment en lui donnant la possibilité de racheter la dette des pays périphériques sur le marché secondaire." "Cela permettrait déjà à la BCE ne plus acheter de dettes périphériques. Ces rhétoriques divergentes de banques centrales se sont traduites par une forte réduction du spread de taux 10 ans swap Etats-Unis/euro. L'EURUSD a ainsi fortement réagi à l'élargissement du spread de taux 2 ans euro/US. Cette situation ne devrait pas durer." "D'une part, le potentiel de hausse des taux longs européens est limité par les faibles perspectives de croissance et de risques inflationnistes alors qu'aux Etats-Unis, la nette amélioration de la croissance américaine conjuguée à des résultats trimestriels toujours bien orientés devrait se traduire à nouveau par un arbitrage en faveur des actions au détriment des Treasuries. Autrement dit, le spread de taux 2 ans euro/Etats-Unis devrait diminuer tirant l'EURUSD vers le bas." AUT/ALO