La Fed est la dernière à faire de la résistance (Natixis)

18/01/2011 - 10:35 - Option Finance

(AOF / Funds) - "De nombreuses centrales banques ont commencé à durcir leur politique monétaire. Dans les pays émergents, cette attitude est souvent justifiée par une conjoncture solide et une inflation orientée à la hausse. Elle entre en revanche souvent en contradiction avec leur politique de change, puisque beaucoup d'entre eux voudraient éviter une appréciation trop forte de leur devise contre le dollar notamment. Le durcissement de la politique monétaire, dans ces pays, se fait par une hausse des taux directeurs et/ou une hausse du taux des réserves obligatoires", juge René Defossez, de Natixis. "La Chine est typiquement dans ce cas : en réponse à une inflation trop forte, elle augmente ses taux, son taux de réserve obligatoire, introduit des restrictions quantitatives au crédit, impose des ratios de capital plus sévères aux banques tout en accroissant le montant de ses réserves de change (qui atteignent désormais 2.847 milliards de dollars)." "Les banques centrales des pays émergents ne sont toutefois pas les seules à durcir leur politique monétaire. La RBA, la RBNZ, la BoC, et même, en Europe, la Riksbank sont toutes engagées dans un processus de hausse des taux. Ce comportement a plusieurs explications : les pays en question ont été, globalement, épargnés par la crise, ils bénéficient d'une spécialisation favorable (en particulier, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada sont des exportateurs de matières premières et profitent de la hausse du prix de celles-ci depuis deux ans)." "La BCE n'a pas augmenté ses taux. Mais elle a sérieusement modifié son discours. La semaine dernière, Jean Claude Trichet a longuement parlé de l'inflation, rappelant à ceux qui l'auraient éventuellement oublié que la stabilité des prix était l'objectif principal de la banque centrale (l'inflation dépasse 2% actuellement). Il a aussi dissocié les différents instruments de politique monétaire, pour rappeler qu'une hausse des taux et le maintien de politiques non conventionnelles, telles que le SMP, était compatible." "A. Orphanides a d'ailleurs déclaré que la BCE arrêterait d'acheter des obligations souveraines si les prérogatives de l'EFSF étaient modifiées, ce que JC Trichet appelle de ses voeux, et ce qui pourrait se produire dans un avenir pas si lointain. En effet, les ministres des finances des pays AAA de la zone euro se réunissaient aujourd'hui pour en discuter, et ce sera sans doute un des sujets principaux du prochain Ecofin." "Ce changement de ton de la BCE s'est traduit par un changement très marqué dans les anticipations de taux directeurs, puisque non seulement le marché s'attend maintenant à une hausse des taux BCE dans moins d'un an, mais il pense par ailleurs que la banque centrale européenne se montrera plus agressive que son homologue américain, alors que le taux repo est déjà nettement plus élevé que l'objectif pour les Fed funds." "Finalement, la Fed est une des rares banques centrales à faire de la résistance, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, compte tenu de la facture plutôt bonne des derniers chiffres de conjoncture publiés aux Etats-Unis. Pour l'instant, le risque principal, selon elle, reste la déflation. Il n'est pas sûr toutefois que la thérapie choisie soit la bonne." AUT/ALO