Bon premier semestre 2011 a priori, mais ralentissement de la conjoncture

20/01/2011 - 11:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - "En 2010, l'activité mondiale a renoué avec le rythme de croisière qui prévalait avant la crise (plus de 4,5%). La croissance mondiale a surpris à la hausse grâce aux émergents mais aussi grâce à l'Europe. La bonne orientation de nombreux indicateurs statistiques à la fin de l'année augure d'un bon premier semestre 2011. Toutefois, la conjoncture globale va ralentir car le puissant rebond du commerce international et la reconstitution des stocks sont en partie épuisés", note la Compagnie Financière Edmond de Rothschild. "La perception d'une plus grande stabilité économique paraît s'installer même si l'activité est encore assistée et si des risques financiers demeurent." "Les autorités politiques et monétaires se sont mises d'accord pour actionner les leviers monétaires et budgétaires afin de pérenniser les conditions de la reprise. Celle-ci est jugée, à juste titre, insuffisante pour faire reculer le taux de chômage et lutter contre une inflation sous-jacente trop basse. [-73]· côté du compromis fiscal dont le coût atteint 900 milliards de dollars sur deux ans, la Réserve fédérale peut racheter jusqu'à 800 milliards de dollars de titres de dette publique d'ici juin si nécessaire. Les ménages devraient être les premiers bénéficiaires de ces décisions. Leur consommation, qui s'est avérée plus forte que prévu au cours du dernier quadrimestre, devrait rester soutenue." "En effet, leur taux d'épargne s'est reconstitué autour de 6% ; la phase la plus sévère du désendettement est passée, même si celui-ci n'est pas arrivé à son terme. Les investissements des entreprises, en bonne santé, seront bien orientés, tout comme les exportations bénéficiant de la faiblesse du dollar. La rotation des moteurs de performance de l'économie américaine (des stocks et des dépenses publiques vers l'investissement et la consommation privée) est donc en marche. Une croissance à 3% semble à portée de main." "Le marché de l'emploi et le secteur immobilier restent les maillons faibles. Le taux de chômage devrait peu reculer, même si les intentions d'embauche des petites entreprises sont au plus haut depuis novembre 2008. Le marché de l'immobilier reste mal orienté ; les stocks très élevés pèseront sur les prix. Compte tenu de ces éléments, la Réserve fédérale devrait maintenir ses taux directeurs au niveau actuel." "Ce n'est pas en 2011 que les conséquences inflationnistes de la politique de la Fed se verront dans les indices des prix, car les mécanismes de transmission monétaires ne fonctionnent pas encore normalement. Mais les pressions au sein de son conseil en faveur d'une normalisation de la politique monétaire risquent d'être fortes. L'absence d'austérité a comme contre-partie un déficit budgétaire record, de l'ordre de 10% pour 2011, et une hausse de l'endettement qui pourraient, à terme, être source d'inquiétude pour les investisseurs." En Europe, "les perspectives de croissance ont été revues à la hausse tout au long de 2010 grâce à l'Allemagne, aux pays nordiques et, à un moindre degré, la France. La divergence des performances économiques va perdurer mais se réduire un peu. Les nouvelles sur le front économique, bien qu'hétérogènes, demeurent favorables en ce début d'année. L'Allemagne pourrait encore réserver de bonnes surprises. La baisse du chômage, couplée à une hausse vraisemblable des salaires et à une politique budgétaire quasi neutre devrait soutenir la demande intérieure qui prendrait le relais des exportations". "La France et l'Italie vont décélérer modérément, car l'effort de consolidation budgétaire est mesuré et une meilleure demande intérieure allemande pourrait leur profiter. Ceci devrait permettre d'absorber en partie les effets des coupes budgétaires drastiques auxquelles sont soumis les pays de la périphérie européenne (environ 3% du PIB en moyenne) qui montrent quelques signes d'amélioration. Parallèlement, la BCE, pragmatique, n'agit pas de la même manière. Son souci est certes de résoudre la crise de la dette souveraine, mais également d'entamer la normalisation de sa politique monétaire. Toutefois, même si celle-ci juge que les taux sont trop bas pour le niveau d'activité de l'Allemagne, elle se trouve confrontée à des poches de déflation en Europe du Sud." "Ces pays ont besoin, au contraire, d'une politique reflationniste. En effet, la crise de la dette souveraine est loin d'être terminée, le Portugal étant en ligne de mire. Le calendrier de refinancement de la dette souveraine et bancaire est particulièrement chargé pour le premier semestre. Dans ce contexte, la BCE n'a pas encore trouvé de véritable coupe-circuit au risque de contagion alimenté par les interconnections entre les systèmes financiers. Un plan de soutien au système bancaire semble nécessaire, tout comme des interventions plus massives de sa part. Sa tâche ne sera pas aisée, d'autant plus qu'un nouveau président de la BCE sera nommé en cours d'année. Dans ces circonstances, le taux directeur a peu de chances d'être relevé." "En 2010, les émergents ont contribué à hauteur des deux tiers à la croissance mondiale. En 2011, ceux-ci vont rester sur leur lancée, la Chine et l'Inde restant en tête, avec une croissance plus modeste tirée avant tout par la demande intérieure. Celle-ci va croître de manière significative absorbant ainsi en partie la décélération des exportations et la disparition des incitations budgétaires. La consommation des ménages va être portée par la hausse des salaires, ainsi que par la forte progression des crédits à la consommation. Le cycle de crédit à la consommation pourrait être le plus soutenu des dix dernières années." "Cette abondance de liquidités va générer un surcroît de pressions inflationnistes au travers de différents paramètres : la hausse des prix des matières premières énergétiques et alimentaires, la disparition des excès de capacités de production et la hausse des prix des actifs. Ces mécanismes sont renforcés par des taux réels négatifs (à l'exception de la Pologne, du Mexique et du Brésil). L'inflation va continuer à augmenter dans de nombreux pays à l'instar de la Chine, où elle devrait atteindre son point haut à la fin du premier trimestre." "Ces pays sont confrontés à un sérieux problème méthodologique : comment freiner le crédit sans relever significativement les taux et impacter trop négativement la liquidité, ce qui pousserait leur devise à la hausse. Ils devront naviguer entre ces écueils. Les autorités chinoises devraient continuer à relever leur taux d'intérêt, mais de manière modérée, et à laisser le yuan s'apprécier modestement. La croissance chinoise ne va pas ralentir sensiblement, le gouvernement s'employant à un rééquilibrage progressif." "Sur le plan de l'évolution des devises, le dollar et l'euro devraient continuer à se déprécier progressivement vis-à-vis des devises émergentes asiatiques et des devises matières premières. L'évolution des deux grandes monnaies vis-à-vis l'une de l'autre est plus difficile à décrypter. La faiblesse de la conjoncture européenne et les tensions autour de la dette souveraine devraient entraîner une baisse de l'euro vis-à-vis du dollar. En revanche, ce mouvement pourrait s'inverser si les investisseurs commençaient à se préoccuper de la soutenabilité des politiques américaines." "2010 se termine sur une progression d'environ 10% pour les grands indices boursiers après un excellent mois de décembre. Si les obligations d'entreprise à haut rendement ont fait mieux, les grands gagnants ont été l'or, les matières premières et les petites et moyennes capitalisations, au détriment des emprunts d'État. La stratégie consistant à privilégier les actions et les obligations d'entreprise reste de mise en ce début d'année. Si les actions disposent encore d'un potentiel de hausse, l'année ne sera pas plus facile que la précédente." AUT/ALO