Barings favorise les actions, les Etats-Unis et les émergents

25/01/2011 - 17:42 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'année 2010 qui s'achève a été particulière, pas tant du fait de la volatilité des marchés que nous avions anticipée dès janvier, mais parce que les inquiétudes qui existaient n'ont pas été réglées. Elles sont même peut-être encore plus grandes maintenant qu'il y a un an. De ce fait, les investisseurs sont plutôt restés prudents. L'Europe fait face à des divergences, aussi bien au sein de la zone euro qu'à l'extérieur, dans des pays comme la Hongrie. L'Allemagne insiste sur la nécessité des restrictions budgétaires dans les pays périphériques", rappelle Barings. "Mais si cette politique s'applique bien à l'Allemagne, cette approche ne tient pas compte des différentes problématiques des pays concernés, Grèce, Irlande, Portugal et Espagne. Dans les pays les plus faibles, les banques doivent faire face à des problèmes de liquidités ce qui les oblige à utiliser de façon accrue les fonds d'urgence consentis par la BCE et ce phénomène s'étend." "La situation est similaire sur les marchés obligataires périphériques, sur lesquels les investisseurs sont peu enclins à se positionner. Là aussi, la BCE reste l'acheteur de dernier recours. Même si l'Allemagne continue à insister pour que chaque pays gère sa propre dette, en réalité la BCE met en place des règles pour pérenniser l'euro. A un moment donné, ces engagements devront être honorés, et l'Allemagne devra s'y plier pour sauvegarder la monnaie unique même si les politiciens allemands continueront à parler d'austérité budgétaire, et ce au moins jusqu'aux élections régionales de mars." "Cependant, l'Irlande peut peut-être faire dérailler l'euro en fonction du résultat des prochaines élections qui pourraient conduire à un rejet de la proposition d'aide de la BCE. La politique irlandaise n'est d'ailleurs pas le seul point faible de l'euro. Pour être en phase avec l'Allemagne, la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne devraient théoriquement baisser les salaires de 25 à 30% ce qui là aussi peut conduire à un effondrement de l'euro. 2011 ne sera pas forcément le point de rupture, mais le fait que nous puisions l'évoquer comme possible a été important au cours de l'année." "Aux Etats-Unis, la politique monétaire n'est pas viable non plus. Toute l'année, nous avons dit que les échéances électorales de mi mandat allaient peser sur la renégociation des réductions d'impôts de Bush face à l'expansion du déficit public. Nous nous attendions au moins à des négociations en début d'année. Contrairement aux attentes, les hausses d'impôt ont été rejetées mais la question du déficit excessif est néanmoins prise en compte. A court terme, c'est une bonne nouvelle pour les entreprises qui y trouvent un coup de pousse. Mais combien de temps le monde permettra-t-il aux Etats-Unis d'abuser de son statut de monnaie de réserve pour financer son déficit ? Pour le moment, le monde a d'autres préoccupations mais cette politique n'est pas viable." "Parallèlement, la Fed a entamé son programme QE2 de 600 milliards de dollars, programme très controversé dans la mesure où il n'était pas évident que l'économie américaine avait besoin de liquidités supplémentaires et compte tenu du risque inflationniste que ce plan engendre. Cela a eu un impact négatif sur les obligations d'Etat qui ont maintenant des rendements trop élevés. Les sceptiques diront que la Fed a cherché à donner un coup d'accélérateur à une économie qui avait déjà redémarré. Pour nous c'était un risque inutile et qui pourrait nuire à la crédibilité de la Fed à long terme." "Enfin, la politique monétaire chinoise n'est pas viable non plus. L'économie a quelque peu ralenti mais pas autant qu'annoncé. En dépit des restrictions gouvernementales, les banques ont poursuivi leur croissance et la masse monétaire M2 va battre un record à la hausse. Le plus grand risque est que l'inflation ne devienne incontrôlable, avec un dernier chiffre à 5,1%. D'autres pays émergents comme l'Inde ont plus nettement augmenté leurs taux d'intérêt. Mais ces réponses restent néanmoins insuffisantes face à la nature du boom." "Toutes ces politiques d'assouplissement monétaire sur fond de hausse de l'inflation risquent d'être poursuivies pour l'année à venir. Parmi les économies émergentes, la Chine n'est pas la seule concernée. L'Inde a certes augmenté ses taux, mais d'un autre côté elle a assoupli ses exigences de réserves. En Turquie, le crédit augmente comme il ne l'a jamais fait auparavant mais les autorités continuent à baisser les taux. Cependant, tous ces pays sont en bien meilleure santé qu'ils ne l'étaient dans les années 90, tant en ce qui concerne leurs balances de paiements que leurs réserves de changes." "Si les politiques venaient à s'inverser dans le courant de l'année, ces pays en pâtiraient peu. Mais si les ajustements tardent à être faits, alors les dommages risquent d'être plus importants. A court terme cela est bénéfique pour l'Occident qui bénéficie d'une demande forte des pays émergents, pour la consommation courante comme pour les dépenses d'investissements. Alors que faire face à ces politiques monétaires incohérentes et insoutenables ?" "Tout d'abord, la croissance s'améliore dans un contexte de politiques monétaires accommodantes. Les indicateurs montrent que la confiance des entreprises est au plus haut en Europe comme aux Etats-Unis. La consommation reste solide et les dépenses d'investissement commencent à se redresser. Cela contribuera à l'accélération de la croissance en 2011 et doucement à faire baisser le chômage. L'immobilier reste un problème mais ne constitue plus un poids suffisant pour être un risque majeur pour les économies occidentales." "Entre temps, même le Japon a rejoint la liste des pays qui impriment de la monnaie. 2011 pourrait être une bonne année en termes de croissance mondiale et ce même si les pays émergents appliquent tout doucement quelques freins. Nous avons donc revalorisé la note de la plupart des pays, les taux de croissance devant être supérieurs à la tendance. Cependant, cela risque de s'accompagner d'un retour des pressions inflationnistes. Les perspectives sont moins bonnes pour les obligations d'Etat, qui même après le fort mouvement de vente qu'elles ont subi, nous paraissent peu attractives." "Les perspectives restent favorables aux actions, les bénéfices étant susceptibles de profiter de la croissance et de la hausse des marges. En cas de déroute sur les marchés obligataires, elles seraient néanmoins vulnérables. Nous avons donné aux Etats-Unis la même note qu'aux pays émergents, 2. Tous les autres grands marchés dont le Japon sont maintenant notés 3. Au sein des émergents, nous apprécions toujours particulièrement le Pérou et la Chine mais aussi la Russie, la Turquie et la Corée du Sud." "Sur le plan sectoriel, nous avons rétrogradé les services publics à 5. Nous avons revalorisé la santé à 1 après une longue période de sous-performance. Nous avons fait peu de changements sur notre allocation obligataire. Pour les devises, nous favorisons toujours le dollar par rapport au yen, et dans une moindre mesure par rapport à l'euro." AUT/ALO