Emergents : politiques divergentes sur les contrôles de capitaux

26/01/2011 - 15:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La part des investisseurs étrangers dans l'encours total de la dette locale atteint aujourd'hui des records en Indonésie (près de 30%) ou encore en Malaisie. Elle est aussi à des niveaux élevés au Mexique, en Turquie, en Pologne, au Brésil et dans une moindre mesure en Corée (7%). Au Brésil, cette part dépasse même 50% pour certains titres sur la partie longue de la courbe (attirant davantage les fonds de pensions internationaux)", estime Amundi. "Dans les pays où l'inflation et la croissance du crédit sont à des niveaux élevés, ces flux sont susceptibles d'enrayer les canaux de la politique monétaire. Ainsi, la courbe des taux brésilienne était inversée (taux à 3 ans supérieur à celui de 7 et 10 ans) notamment en raison de la forte demande étrangère pour les titres longs, avant que le ministère des finances brésilien annonce en octobre une hausse des taxes pour les détenteurs étrangers de titres de dette locale (de 2 à 6%)." "D'autres mesures visant à décourager les achats par les étrangers de titres longs de dette locale et ainsi limiter les pressions haussières sur le BRL pourraient être annoncées dans les prochaines semaines : le gouvernement brésilien envisagerait notamment de racheter certaines de ses obligations d'Etat libellées en dollar sur les marchés internationaux et d'en émettre d'autres à plus longue maturité, afin d'améliorer la liquidité de ce marché et de le rendre plus attractif par rapport à celui de la dette locale." "En juin, l'Indonésie avait imposé aux acheteurs étrangers de détenir les titres émis par la banque centrale durant au moins un mois. Elle est susceptible d'annoncer de nouvelles mesures du même type dans les mois à venir. La Corée pourrait quant à elle réintroduire la taxe pour les détenteurs étrangers de titres de dette locale qui avait été supprimée en 2009. Mais on peut douter de l'efficacité de telles mesures." "D'une part, si elles ne visent que les flux sur la dette locale, elles provoquent des effets de report sur d'autres types d'investissements, ce qui réduit leur impact sur les changes. D'autre part, ces actions n'étant pas coordonnées au niveau régional, une mesure isolée aura pour effet un report des investisseurs vers d'autres pays. En définitive, au-delà des réactions de marché de court terme, il est peu probable que ce type de mesure ait un impact sur la tendance structurelle à la réallocation de portefeuille en faveur des actifs émergents des investisseurs internationaux." "Enfin, cette tendance à l'adoption de mesures de contrôles de capitaux n'est pas uniforme parmi les pays émergents : l'Inde a récemment annoncé une hausse des quotas pour les investisseurs étrangers. Le Sri Lanka, qui a attiré de nombreux investisseurs depuis un an suite à la signature d'un accord avec le FMI, pourrait prochainement faire de même afin de financer son déficit courant. Enfin, la Chine a annoncé il y a quelques semaines son objectif d'ouvrir son marché de dette locale aux investisseurs étrangers (dans un premier temps aux banques centrales asiatiques puis à un nombre limité de banques privées)." AUT/ALO