Obligations corporate : favoriser le haut du high yield (Muzinich & Co)

28/01/2011 - 12:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les années 2009 et 2010 ont été exceptionnelles. Le gain en capital (surtout en 2009) a été très élevé. La peur considérable pour ne pas dire la panique qu'a causé la crise financière a poussé les prix très bas +/- 60, les spreads se sont donc écartés violemment (>1.800bps fin 2008) anticipant des taux de défaut de l'ordre de 20%... qui ne se sont jamais matérialisés", écrit Eric Pictet, directeur du bureau de Paris de Muzinich & Co. "Si une obligation ne fait pas défaut, son prix revient mécaniquement à 100, ce qui explique en grande partie la performance exceptionnelle de 2009 et en partie celle de 2010. Les entreprises sont dans une bonne santé financière mais sont dépendantes de l'état de santé des Etats et des ménages qui conditionnent en bonne partie le niveau de la croissance. Tant que celle-ci reste positive et que les facteurs inflationnistes l'emportent sur les facteurs déflationnistes, la classe d'actif devrait apporter, sauf choc externe, une performance satisfaisante." "La croissance économique est positive aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe, même si elle devrait être plus forte après l'ampleur de la récession. Les entreprises sont dans une bonne santé financière. La duration de la classe d'actif est relativement faible (4 ans), ce qui donne une bonne protection contre une hausse possible des taux. Une inflation modérée est en principe positive pour la classe d'actif car elle permet à la société de rembourser sa dette à un moindre coût et lui donne un meilleur pricing power. Le niveau des spreads ne reflète pas le niveau des taux de défaut actuel. "Nous somme donc confiants quant à une performance autour du coupon que devrait apporter la classe d'actif (5 à 10% pour nos fonds classiques et entre 2 et 7% pour nos fonds à duration courte) sauf choc externe. Depuis de nombreuses années, nous pensons que le haut du high yield devrait être abordé comme une allocation stratégique par les investisseurs. Nous conseillons d'investir régulièrement pour lisser les performances même si la volatilité est historiquement presque deux fois inférieure à celle des actions." "Les spreads se sont contractés de 8bps cette semaine et de 26bps depuis le début de l'année alors que les taux d'Etat à 10 ans aux Etats-Unis sont passés de 3,30% à 3,43%. Les spreads sont maintenant très légèrement en dessous de leur moyenne long terme. Les spreads des fonds sont moins élevés que ceux des indices larges US car nous nous concentrons principalement sur la captation du coupon pour la plupart des solutions d'investissement que nous proposons." "Les performances sont en général très bonnes au mois de janvier. Nous sommes plus conservateurs dans nos attentes en 2011 que nous l'avions été en 2010. En 2010, nous nous attendions à une performance, sauf choc externe de 7 à 11% et nos fonds ont enregistré une performance brute largement supérieure. Pour 2011, nous nous attendons à une performance de 5 à 10% pour nos fonds classiques et de 2 à 7% pour nos fonds à duration courte." "L'effet de la hausse des taux attendue devrait être compensé par une baisse de spreads. Les nouvelles économiques ont plutôt été bonnes aux Etats-Unis la semaine dernière. La croissance est là même si elle n'atteint pas le niveau habituel qui suit une récession. La croissance est également présente en Europe même si plus faible. " "e point important est bien entendu le poids de la dette d'Etat dans pratiquement tous les pays européens et aux Etats-Unis et celui de la dette privée dans beaucoup d'Etats. Il est intéressant de noter qu'après une baisse de l'endettement privé depuis sept trimestres consécutifs aux Etats-Unis, celui-ci pourrait augmenter prochainement. L'endettement étatique reste quant à lui, très lourd et en progression." "Les éléments déflationnistes (chômage, faible utilisation des moyens de production...) sont là mais d'autres éléments sont inflationnistes (création monétaire en Occident, hausse des matières premières, hausse des coûts salariaux dans certains pays émergents, crédit débridé dans certains pays émergents...). On constate, par ailleurs, une augmentation légère des prévisions d'inflation." "Les taux de défaut ont fortement chuté en 2010 et devraient rester bas en 2011. Les chiffres des années 2001 et 2002 sont particulièrement élevés car 50% du marché était dominé par les émissions média/télécom qui ont été fortement affectées par la crise 2001/2002. Le marché est maintenant très diversifié en Europe. Les spreads sont encore à un niveau élevé par rapport au taux de défaut actuel." "Une des raisons des bonnes perspectives de la classe d'actif malgré les excellentes années 2009 et 2010 est la baisse régulière des leviers financiers dans les sociétés notées en dessous de BBB-. D'une manière générale, l'entreprise est le seul agent économique à s'être désendetté pendant la crise. Cette bonne santé des entreprises se reflète dans le ratio relèvement de note/abaissement de note depuis plus d'un an même si ce ratio devrait maintenant se stabiliser." "Les émissions ont atteint un niveau record en 2010 avec 302 milliards de dollars donc plus de 60 millions sur le marché européen. Les émissions sont attendues à un niveau similaire pour 2011. Le refinancement restera la cause principale des émissions même si sa proportion, qui était autour de 70% en 2009 et 2010, aura tendance à légèrement diminuer." "Le volume des émissions venant à échéance va croître ces prochaines années et certaines réalisées en 2006 et début 2007, avec un levier difficilement soutenable aujourd'hui, vont venir à échéance à partir de 2013. Les sociétés qui en avaient la possibilité se sont déjà refinancées mais les autres auront quelquefois des difficultés. Le volume des crédits à refinancer qui se traitent à un prix inférieur à 90 est finalement modeste. Il faudrait également rajouter le volume de loans (...) dont une partie sera refinancée en obligations." "La semaine dernière, il y a eu treize émissions aux Etats-Unis pour 4,3 milliards de dollars. Muzinich & Co. a participé à Florida, CCO et Inergy. En Europe, Muzinich & Co. a participé à Agrokor et LABCO." "L'Europe va continuer à bénéficier de la désintermédiation et du fait que les banques vont poursuivre la diminution de leur bilan. Et l'encours du marché européen va continuer de progresser." AUT/ALO