La Russie au début d'un long cycle, les infrastructures comme moteur

28/01/2011 - 12:43 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Comparativement aux autres marchés émergents, la Russie se traite avec une décote significative. La sous-évaluation historique du marché russe par rapport aux autres marchés est un fait bien connu et largement documenté. Schématiquement, les investisseurs jugent que la Russie a des problèmes de gouvernance et présente un risque politique. Cependant, la stabilisation de la scène politique et les perspectives de croissance des profits devraient progressivement modifier positivement la perception des investisseurs", note Pictet & Cie. "Historiquement, le marché russe se traite avec une décote moyenne sur les P/E de 26% par rapport à l'univers du MSCI Emerging Markets. Actuellement, cette décote est de 45%." "La Russie adhèrera à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), probablement en 2012. Rappelons que le but de l'OMC est de libéraliser et rationaliser le commerce mondial par la réduction graduelle des frais de douane et l'élimination des barrières non tarifaires. L'entrée dans l'OMC permettra à la Russie un accès plus facile aux marchés extérieurs et une participation active au développement et aux réformes du commerce international. Les avantages de l'adhésion varieront en fonction des secteurs." "L'industrie russe de la chimie et de l'acier en bénéficiera largement, les autres pays membres de l'OMC devant lever leurs barrières douanières. Sur le long terme, l'adhésion rendra plus attractifs les investissements directs étrangers, conduisant à une meilleure diversification de l'économie russe, avec en corollaire le développement des services (banques, assurances, télécoms)." "Dix sociétés importantes seront privatisées entre 2011 et 2013, et le gouvernement russe prévoit de lever 32 milliards de dollars. La liste des privatisables inclut le géant pétrolier Rosneft, Rushydro (entreprise de génération d'électricité hydraulique), Sovcomflot (la plus grande compagnie de transport maritime du pays), Sberbank, VTB Bank (la seconde plus importante banque de prêt), United Grain Company, Rosagroleasing (compagnie de leasing pour l'agriculture), Russian Railways et Russian Agricultural Bank." "Avec 150 millions d'habitants, la Russie a la population la plus importante d'Europe. Elle est déjà le premier marché pour les biens de consommation, avec un taux de pénétration encore faible. Représentant 10% du PIB, l'endettement des ménages est un phénomène très récent et reste encore limité si on fait une comparaison avec les autres pays émergents." "Les dépenses d'infrastructures restent la priorité du gouvernement. Les montant en jeux sont à la dimension du pays, 500 milliards dans les trois prochaines années. La création d'une nouvelle ligne de chemin de fer pour desservir la Sibérie représenterait un investissement de 13 milliards de dollars, la remise à niveau des infrastrutcures de Vladivostok pour accueillir le sommet de Coopération Asie Pacifique, nécessitera des investissements d'environ 5 milliards de dollars." "Moscou accueillant la Coupe du Monde de football en 2018, l'Etat russe va allouer plusieurs milliards de dollars à la construction de nouveaux stades et à la mise à niveau des infrastructures (hôtels, routes, aéroports). Ceci nous conforte dans l'idée que nous sommes au début d'un long cycle économique, dont un moteur essentiel sera les infrastructures. Les sociétés des secteurs de la construction et l'acier (Mechel) devraient en profiter." "Comme on le sait, une partie importante des matières premières mondiales, notamment pétrole et gaz naturel, se trouve en Russie. En particulier, le cours actuel du pétrole au-dessus de 90 dollars le baril est très favorable au pays. Chaque hausse du baril de 10 dollars apporte grosso modo 1,3% de PNB supplémentaire à la Russie." "En 2010, le rouble n'a pas progressé par rapport au dollar, à la différence de la plupart des devises des pays producteurs de matières premières. Nous estimons que la devise russe devrait se raffermir contre dollar et atteindre 29.5 sur les prochains mois. En termes de comptes courants, le surplus pourrait atteindre 50 à 60 milliards de dollars en 2011." Dans l'immédiat, le gestionnaire dévoile ses choix d'allocation : "maintien de la surexposition sur les matériaux : le secteur a déjà bien performé, avec des titres comme Evraz, un producteur d'acier intégré. Les aciéries russes extraient elles-mêmes le minerai, ce qui leur permet de produire un acier moins cher que la plupart des sociétés des pays émergents et donc de générer des marges plus élevées". "Surpondération également des utilities, avec par exemple l'opérateur d'énergie MRSK Holding, qui dispose d'importantes liquidités. Le sentiment des investisseurs était négatif en 2010 à cause du retard pris par MRSK dans l'introduction de tarifs régulés calculés sur la base de la rentabilité de ses actifs (RAB, Regulated Asset Base). A notre avis, ce système de fixation des prix présente des avantages pour l'entreprise et donne une meilleure visibilité aux investisseurs. (...) c'est l'un des titres les moins chers du marché dans l'univers des titres émergents de Pictet." "Surpondération des sociétés de biens de consommation, telles que le détaillant Magnit, leader de la distribution alimentaire en Russie. Le marché de l'alimentation est très fragmenté. Magnit détient actuellement 3% de parts de marché, mais celle-ci pourrait atteindre 10% rapidement. Sur les trois prochaines années, la société pourrait afficher un taux de croissance compris entre 35% et 40% par an." "Sous-pondération des entreprises du secteur financier, qui restent chères. Les sociétés énergétiques, quant à elles, sont lourdement taxées et ne profitent que partiellement de la hausse du prix du pétrole. La manne générée par les taxes pétrolières profite surtout aux sociétés du secteur de la construction et des infrastructures." AUT/ALO