La volatilité pourrait devenir plus forte au T2 (JP Morgan AM)

04/04/2011 - 11:34 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Notre équipe utilise une approche cartographique pour évaluer l'environnement macroéconomique et le potentiel de chaque classe d'actifs, à partir des dernières données de croissance et d'inflation. Il existe quatre régimes économiques : la reflation, la stagflation, l'inflation et la déflation, notre jugement étant étayé par une série d'indicateurs avancés propriétaires afin de mesurer notre niveau de confiance à l'égard du stade du cycle économique", note JP Morgan Asset Management. "D'après les dernières statistiques, nous sommes passés en stagflation après seulement quatre mois de déflation. La croissance reste positive mais décélère, et l'inflation mondiale reste haussière." "Cependant, les indicateurs avancés de notre équipe devises prévoient une ré-accélération de l'activité avec une croissance du PIB réel aux Etats-Unis et dans la zone euro supérieure à la moyenne au cours des prochains trimestres. Cette prévision est étayée par notre indicateur de croissance mondiale qui s'est retourné à la hausse." "Bien que cela soit encourageant, notre niveau de confiance est faible du fait des nombreux chocs déflationnistes subis par l'économie mondiale ces trois derniers mois (hausse du pétrole en termes réels, appréciation du coût du capital à la périphérie de l'Europe, resserrement monétaire chinois et tremblement de terre au Japon), qui ne se reflètent pas encore dans nos indicateurs anticipés. Le régime le plus favorable aux actions est la reflation, mais la classe d'actifs continue de prospérer dans un environnement de stagflation." "La reflation favorise les actions et le crédit, et la stagflation est propice aux matières premières et aux actions. En régime de forte croissance, les secteurs cycliques sont à l'honneur, alors qu'en stagflation ce sont l'énergie et les services publics qui doivent être favorisés au détriment des matériaux de base et des télécoms. Mais notre principal message est que notre niveau de conviction s'est affaibli." "Un des principaux moteurs de progression des marchés actions a été l'injection massive de liquidités orchestrée par les banques centrales. Un des risques importants de ce deuxième trimestre serait le retrait de ces liquidités, qui pénaliserait les marchés." "Il est quasi certain que la BCE relève ses taux d'intérêt cette semaine. Cette action a été annoncée le mois dernier par M. Trichet. Aussi sera-t-il plus intéressant de voir dans quelle mesure la conférence de presse et le communiqué qui s'ensuivront laisseront présager de nouvelles hausses des taux, ou s'il s'agit d'un unique relèvement. Le marché à terme anticipe une politique monétaire plus restrictive, avec une hausse des taux de 130pb au cours des douze prochains mois." "Si la BCE suit cette voie, la Banque d'Angleterre devra lui emboîter le pas. La semaine dernière, l'économie britannique a souffert de la stagflation, la croissance du PIB réel ayant ralenti au quatrième trimestre 2010 avec une contraction de 0,5% par rapport au trimestre précédent. Si cette mauvaise performance s'explique surtout par de mauvaises conditions climatiques, ces statistiques montrent que l'activité tourne au ralenti. Ce n'est pas un bon point de départ compte tenu des coupes budgétaires et des augmentations de charges sociales attendues au deuxième trimestre." "Cependant, l'inflation des prix de détail à 5,5% sur un an glissant (le plus haut niveau depuis juillet 1991) est un problème majeur. La Banque d'Angleterre préférerait sans doute attendre de voir l'impact des coupes budgétaires avant de relever ses taux, mais la persistance de l'inflation pourrait l'y contraindre plus tôt que prévu. L'aléa principal concerne la politique de la Banque du Japon (BoJ) ces prochaines semaines, celle-ci ayant fortement augmenté les dépôts des comptes courants (une composante de la base monétaire, ou de la monnaie centrale) jusqu'à 40.800 milliards de yens. Cela équivaut à 485 milliards de dollars, soit environ 26% de la masse monétaire M1 aux Etats-Unis." "On dit que la banque centrale japonaise pourrait retirer cette manne d'ici la fin avril, ce qui serait très perturbant pour les marchés. Le yen étant de plus en plus perçu comme une devise de portage, la politique de la BoJ a certainement contribué à stimuler la liquidité mondiale. Un thème potentiel de préoccupation est l'inflation, qui pourrait augmenter si la BoJ ne retire pas ses liquidités en temps voulu." "Plusieurs statistiques d'inflation ont été décevantes ces dernières semaines, notamment au Royaume-Uni et dans la zone euro où l'inflation headline est ressortie largement au-dessus du consensus à 2,6% sur un an en mars. Notre mesure d'alerte déflationniste, qui analyse les variables de marché reflétant les craintes inflationnistes ou déflationnistes, a récemment signalé des inquiétudes relatives aux pressions inflationnistes." "La semaine dernière, plusieurs représentants de la Fed se sont exprimés sur l'économie et le devenir du QE2. James Bullard de la Fed de Saint Louis (membre non votant du FOMC cette année) a déclaré que la Fed n'avait pas besoin d'aller au bout de son programme de QE2 et pouvait y mettre un terme. Le deuxième ayant retenu notre attention est M. Kocherlakota qui a déclaré que la théorie moderne relative à la politique monétaire milite en faveur d'une variation des taux d'intérêt supérieure aux variations du taux annuel d'inflation." "Compte tenu du fait que l'inflation core pourrait s'apprécier de 0,5% à 1,3% en 2011, le taux des Fed Funds pourrait (ou devrait) augmenter de 75pb, un niveau supérieur à ce qui est intégré par les marchés à terme. Si ces représentants ne sont pas les plus influents, leur intervention soulève des questions quant aux actions à venir de la Fed. Celle-ci accueille une diversité d'opinions, mais elle s'inquiète probablement du niveau actuel de volatilité et du positionnement des investisseurs." "Il y a manifestement un consensus en faveur des actifs risqués, et tout revirement de la politique monétaire pourrait se traduire par des mouvements désordonnés sur les marchés. Se pourrait-il que ces représentants aient décidé de se faire entendre dans un souci de prévention ? Globalement, l'incertitude pourrait être de mise au cours de ce deuxième trimestre, eu égard non seulement à la qualité de la croissance, mais aussi à l'inflation et à la politique monétaire. La volatilité pourrait devenir plus forte sur les marchés." AUT/ALO