QE cache le passage de désinflation à réinflation sur les taux d'intérêt LT

04/04/2011 - 16:52 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les Etats-Unis et l'Europe ont connu, du début des années 1980 à la seconde moitié des années 2000 une dynamique désinflationniste ; ils vont maintenant connaître une dynamique réinflationniste pour de multiples raisons : hausse des prix des matières premières ; hausse (progressive) des prix des produits des pays émergents avec la hausse des coûts de production dans ces pays et l'appréciation de leurs devises ; incapacité des politiques monétaires à contrôler cette forme d'inflation", affirme Natixis. "Cette dynamique réinflationniste étant anticipée, elle devrait faire monter dès aujourd'hui les taux d'intérêt à long terme. Nous pensons que ce n'est pas le cas essentiellement en raison du Quantitative Easing (QE) aux Etats-Unis qui maintient des taux d'intérêt à long terme artificiellement bas ; mais le QE s'arrêtant à la fin du premier semestre 2011, les effets de la dynamique réinflationniste apparaîtront alors clairement. La contradiction entre cette dynamique et les règlementations nouvelles des intermédiaires financiers apparaîtra alors clairement." "Du début des années 1980 à la seconde moitié des années 2000, les Etats-Unis et l'Europe ont été dans une dynamique de désinflation avec : la concurrence croissante sur le marché des biens ; la concurrence croissante des pays émergents, d'où une pression à la baisse sur les salaires ; le faible prix, jusqu'en 2003, des matières premières." "Depuis la seconde moitié des années 2000, le monde, les Etats-Unis et l'Europe sont repassés à une dynamique de réinflation avec les hausses des prix des matières premières, avec la forte croissance de la demande de matières premières, le poids des émergents dans la consommation de matières premières, la perspective de rareté dans le futur pour certaines matières premières, la hausse, qui va s'amplifier, des prix des produits importés depuis les pays émergents avec la hausse des coûts de production dans les pays émergents, due au fait que ces pays se rapprochent du plein emploi ; l'appréciation des devises des pays émergents, où la croissance plus forte conduit à des taux d'intérêt et à un rendement du capital plus élevés ; l'incapacité des banques centrales, aux Etats-Unis et en Europe, à lutter efficacement contre l'inflation, puisqu'elle n'a pas de cause domestique mais vient des prix des importations." "Dans le passage de la dynamique désinflationniste à la dynamique réinflationniste, les taux d'intérêt nominaux à long terme devraient s'accroître avec l'anticipation de la hausse de l'inflation future. On observe bien la hausse de l'inflation anticipée mais pas celle des taux d'intérêt nominaux à long terme. Cette anomalie (la compression des taux d'intérêt réels) s'explique pour nous essentiellement par le QE aux Etats-Unis." "Le QE a impliqué aux Etats-Unis de très importants achats de Treasuries par la Réserve Fédérale. De plus, la faiblesse du dollar vis-à-vis des monnaies des pays émergents générée par la QE a conduit les banques centrales des pays émergents à accumuler à nouveau d'importantes réserves en dollars pour éviter l'appréciation de leurs devises, d'où l'importance des achats de Treasuries par les non résidents aux Etats-Unis." "L'arrêt du QE à la fin du premier semestre 2011 va donc provoquer une rupture dans le fonctionnement du marché obligataire aux Etats-Unis, et par corrélation en Europe. Il va falloir aux Etats-Unis que les investisseurs privés achètent beaucoup plus d'obligations publiques, puisqu'ils vont devoir se substituer à la Réserve Fédérale (dont les achats nets de Treasuries atteignent presque 7% du PIB). Ceci impliquerait nécessairement une forte hausse des rendements obligataires." "Au début d'une longue période de remontée progressive de l'inflation, les banques et les investisseurs institutionnels devraient se débarrasser des obligations qu'ils détiennent, ce qui apparaîtra clairement après la fin du QE. Il apparaîtra aussi que les nouvelles règlementations des banques et des sociétés d'assurance (ratio de liquidité de Bâle 3, Solvabilité 2) qui poussent les intermédiaires financiers à accroître la taille de leurs portefeuilles d'obligations souveraines sont extrêmement dangereuses au début d'une phase longue de réinflation." AUT/ALO