Céréales : les prix ne devraient pas se détendre en 2011-2012 (Aurel BGC)

08/04/2011 - 11:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Pour la première fois depuis huit mois, l'indice large des prix alimentaires mondiaux, calculé par la FAO, a reculé au mois de mars. A 230 le mois dernier, l'indice est en retrait de 2,9% par rapport au pic de février. Sur un an, cet indicateur reste, toutefois, en progression de 37%. Les cours internationaux des huiles et du sucre ont enregistré le fléchissement le plus marqué, suivis des céréales. En revanche, les prix des produits laitiers et de la viande ont augmenté", rapporte Aurel BGC. "L'indice FAO des prix des céréales avoisinait les 252 points en mars, en recul de 2,6% par rapport à février, mais en progression de 60% sur un an. Le mois de mars a été marqué par une extrême volatilité des prix des céréales. Les cours ont baissé sous l'effet des événements au Moyen-Orient et après le tsunami au Japon, avant de récupérer la plus grande partie de leurs pertes. Les prix du riz ont également chuté en raison des disponibilités abondantes dans les pays exportateurs et de la stagnation de la demande d'importations." "Peut-on anticiper un repli durable des prix agricole ? Premier élément, l'aspect purement liquidité. C'est impossible à prouver, mais, une partie de la hausse des prix agricoles pourrait être liée aux injections de liquidité de la Fed au travers de son QE2. Il est un fait bien établi : lorsque la Fed achète des titres d'Etat, les investisseurs ne réinvestissent pas ces sommes sur le marché obligataire américain, mais vraisemblablement sur les actions, l'or, l'argent et, plus généralement sur les marchés de matières premières, notamment agricoles. Certains marchés sont étroits et peuvent être rapidement déstabilisés par ces flux de capitaux." "Toutefois, la spéculation ou les effets du QE2 ne sont loin de constituer la seule explication à la tendance haussière des prix des produits agricoles. Le faible niveau des stocks de plusieurs produits agricoles, habituellement plus ou moins substituables lorsque les récoltes de l'un était mauvaises (à l'image du maïs et du blé par exemple), ont attisé les tensions sur les prix. La hausse des prix des matières premières traduit un problème d'offre. La région du Japon touchée par le séisme et le tsunami était, aussi, agricole. De plus, les conditions météorologiques des derniers mois, sécheresse dans certains pays producteurs et inondations dans d'autres, ont pesé sur l'offre et contribué à réduire les stocks. Enfin, le manque chronique de terres arables ne permet pas d'anticiper une forte progression de l'offre à court et moyen terme." "La production céréalière mondiale a chuté en 2010, entraînant une contraction des stocks. Les indicateurs disponibles sur les récoltes 2011 sont plus positifs. Ils suggèrent un accroissement de la production céréalière, par exemple. Mais la croissance projetée actuellement ne suffirait pas à reconstituer les stocks. Les prix ne devraient pas se détendre sur 2011/2012. Car la demande, principalement en provenance des pays émergents, restera forte. A la tendance de fond observée depuis plusieurs années, il convient d'ajouter la croissance des importations japonaises dans les prochains mois." "En outre, la mise en place de prix réglementés ou subventionnés dans plusieurs pays, notamment pour garantir la paix sociale, implique que la demande des ménages est insensible à la poursuite de la hausse des cours internationaux. Ces derniers pèsent lourdement sur le budget de l'Etat, mais pas sur la demande. Les pays producteur de pétrole du Golfe arabo-persique sont clairement dans ce cas de figure. La Chine tente d'encadrer les prix de vente. Ces mesures extrêmes restent pour l'heure encore limitées à quelques produits, comme le riz, dont la production reste dynamique et pour lequel le déséquilibre offre-demande est moins fort. Un encadrement des prix généralisé ne se traduira pas par des pénuries sur les marchés." "Au total, la situation reste tendue sur le marché des matières premières agricoles. L'élasticité-prix de la demande est réduite par les politiques d'encadrement des prix ou de subvention des Etats du Golfe arabo-persique et de la Chine. Certes, la production devrait se redresser, mais pas suffisamment pour permettre la reconstitution des stocks mondiaux, l'indicateur-clef pour les cours sur ces marchés. Au-delà de leur volatilité à court terme, les prix agricoles resteront orientés à la hausse..." AUT/ALO