JP Morgan AM est redevenu neutre sur le Japon et les Etats-Unis

11/04/2011 - 16:27 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La BCE a été la première grande banque centrale à relever ses taux la semaine dernière, en augmentant de 25 points de base son taux directeur. Cette action avait été annoncée par M. Trichet, le président de la BCE, qui avait attiré l'attention des investisseurs sur l'accélération de l'inflation dans la zone, à 2,6% sur un an en mars, bien au-dessus du plafond fixé à 2%. Dans le communiqué qui a suivi la hausse des taux, M. Trichet a laissé la porte ouverte à d'autres relèvements dans les mois à venir", note JP Morgan AM. "Si la décision de la BCE a déjà été largement commentée, les conditions monétaires restent très accommodantes dans la zone euro. D'après notre indicateur propriétaire, la politique monétaire reste stimulante, aussi il n'est guère surprenant que la banque centrale ait commencé à relever ses taux d'intérêt." "De surcroît, les principales économies de la zone (notamment l'Allemagne) sont en plein essor, avec un taux de chômage à peine supérieur à 6 % (selon les calculs d'ILO), le niveau le plus faible depuis le début des années 1990. Il est donc possible que la BCE, dans un rôle d'équilibriste, cherche à rassurer tout en préservant les économies périphériques. Cette tâche s'annonce de plus en plus difficile, étant donné l'effet de sa politique monétaire sur la périphérie. Les marchés à terme intègrent une hausse des taux à venir de 100pb d'ici douze mois, ce qui porterait le taux de refinancement à 2,25%." "Une analyse sell-side a calculé l'impact d'une telle hausse des taux directeurs sur le paiement des intérêts des prêts immobiliers. Cela augmenterait globalement les coûts hypothécaires d'environ 7%, mais les effets varient fortement d'un pays à l'autre. L'impact sur les ménages devrait être plus important au Portugal, en Espagne, en Irlande et en Finlande, tandis que les principales économies (Allemagne et France) devraient être peu impactées compte tenu de la prédominance des prêts immobiliers à taux fixe." "Les autorités chinoises ont annoncé une nouvelle hausse des taux de 25pb, portant les taux de crédit à 6,31% et les taux de dépôt à douze mois à 3,25%. Certains suggèrent que la fin du cycle de resserrement monétaire est proche, compte tenu des signes de modération de la croissance de la masse monétaire et du crédit. Selon le consensus, il y aurait peut-être une dernière hausse des taux à venir. Cependant, en dépit de cette augmentation de 25pb, l'inflation pourrait dépasser 5% à court terme, ce qui se traduirait par des taux de dépôt négatifs en termes réels." "La Chine est un bon exemple illustrant les divergences possibles entre le stratégiste de marché et l'historien. Un nombre croissant de stratégistes sont devenus plus positifs à l'égard de la Chine, estimant que la banque centrale avait quasiment terminé son resserrement monétaire et serait prochainement en mesure de déclarer sa victoire dans la bataille menée contre l'inflation. A contrario, les historiens considèrent qu'il est sans doute encore trop tôt pour crier victoire contre l'inflation, compte tenu de l'ampleur du boom monétaire qui a prévalu." "Dans le passé, il a fallu beaucoup plus de temps et d'ajustements pour venir à bout des booms précédents (notamment en 1989/90 et 1993/94), aussi le cycle actuel paraît-il extrêmement court. En effet, une des hypothèses sous-jacentes (en réalité un acte de foi) des investisseurs est qu'ils ont une confiance quasi-totale dans l'administration chinoise pour gérer le cycle de l'activité en ajustant au mieux la croissance et l'inflation. On s'inquiète d'un pic d'inflation qui pourrait arriver plus vite que prévu, alors que 2011 est une année charnière avant un changement majeur dans la direction politique du pays." "Le fait que le gouvernement ait imposé des contrôles de prix (ce qui nous rappelle 1993/94) suggère que l'inflation rapportée pourrait culminer au cours des trois ou quatre prochains mois (probablement à un niveau bien supérieur à 5%), ce qui pourrait expliquer la hausse du marché de 13% sur le dernier mois. Pour le moment, tout cela milite en faveur du marché des actions chinoises, qui se compare favorablement aux autres marchés sur la base du momentum des bénéfices et des valorisations." "Les dernières semaines ont été marquées par une série de mauvaises nouvelles. Le tremblement de terre japonais et les craintes résultantes d'irradiation et de contamination de la faune marine, la chute du gouvernement portugais et la demande de sauvetage du pays, l'incertitude politique en Irlande et la remise en cause du plan de sauvetage, sans parler de la guerre civile en Libye, auraient dû affecter les marchés. Or, les actions ont remarquablement bien résisté, en dépit de statistiques économiques décevantes. L'indice VIX de la volatilité implicite est resté contenu et a enregistré un rapide recul après un pic à la mi-mars." "L'ampleur du soutien monétaire soulève des questions quant à la hausse des marchés actions, les investisseurs se demandant dans quelle mesure ces gains pourront rester soutenus lorsque l'expansion du bilan des banques centrales prendra fin. On se demande également si la politique de la Fed n'a pas contribué à réduire la volatilité du prix des actifs et à induire les marchés en erreur en termes de valorisation. Cette moindre volatilité et les corrélations normalisées entre les rendements des actions et des obligations ont eu pour effet de réduire le niveau de risque des portefeuilles lié à la prise de positions sur les actions/obligations." "Compte tenu du positionnement extrême des investisseurs internationaux, actuellement surpondérés en actions, toute hausse de la volatilité pourrait déclencher une importante correction du marché. Toutefois, il serait dangereux de parier contre la générosité de la banque centrale, aussi nous conservons notre surpondération actions/obligations au sein de nos portefeuilles diversifiés, tout en restant surpondérés sur le crédit. Nous privilégions les marchés émergents, sur lesquels nous avons renforcé notre position, et nous sommes également surpondérés en Europe. Nous sommes redevenus neutres sur le Japon et les Etats-Unis et restons sous-pondérés en Asie Pacifique." AUT/ALO