EDF : l'Etat a tranché en faveur de l'électricien public

19/04/2011 - 08:18 - Option Finance

(AOF) - Le gouvernement devrait annoncer mardi matin qu'il a fixé à 42 euros par mégawatt/heure le prix auquel EDF devra céder de l'énergie nucléaire à ses concurrents, allant dans le sens de ce que demandait l'électricien français, rapporte ce mardi "Le Figaro Economie". Selon les informations du quotidien, le gouvernement aurait opté pour un dispositif en deux temps. [-73]· compter du 1er juillet, date de l'entrée en vigueur de la loi Nome, c'est le prix de 40 euros le MWh qui s'appliquera. Puis, six mois plus tard, à compter du 1er janvier, le chiffre de 42 euros le MWh prendra le relais. Dans le cadre de la loi sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (dite loi Nome), l'État avait demandé au haut fonctionnaire Paul Champsaur d'appuyer sa réflexion. Dans son rapport, celui-ci préconise que le prix moyen de l'Arenh (accès réglementé à l'énergie nucléaire historique) s'établisse à environ 39 euros le mégawattheure (MWh), rappelle "Le Figaro Economie". Ce chiffre est sensiblement inférieur au seuil défendu par EDF, qui estime à 42 euros le MWh le coût complet du nucléaire (exploitation, maintenance, investissements futurs...). Mais il est aussi largement supérieur au prix de départ souhaité par les concurrents d'EDF, qui rappellent que les tarifs réglementés actuels le sont sur une base de 35 euros le MWh.

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Les points forts de la valeur

- EDF est le leader du marché français de l'électricité et un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions, au Royaume-Uni et en Italie. - Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futurs sont énormes : d'ici une dizaine d'année, 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde. - En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine. - EDF est considéré, grâce à ses filiales Edison et EDF Energy, comme un véhicule pour jouer la convergence du marché européen de l'électricité. - EDF a mis fin à l'automne 2010 au conflit qui l'opposait à son partenaire américain Constellation Energy, alors que les marchés redoutaient une longue bataille procédurale. EDF va donc pouvoir poursuivre son développement aux Etats-Unis et participer au renouveau du nucléaire civile Outre-Atlantique. - Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires. - L'électricien devrait obtenir un délai supplémentaire de cinq ans pour constituer la soulte destinée au démantèlement des centrales nucléaires (près de 17 milliards d'euros au total). L'échéance serait reportée à juin 2016. Cette décision va permettre au groupe de se consacrer à ses projets de développement et à son désendettement. - La cession, surprise, de sa participation de 45,01% dans le quatrième groupe énergétique allemand, EnBW, au Land de Bade-Wurtemberg permet à EDF d'alléger son endettement de 7 milliards d'euros.

Les points faibles de la valeur

- Les incertitudes sur le tarif qui sera retenu pour l'électricité vendue aux concurrents dans le cadre de la loi Nome (Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité) pèsent sur le titre. Cette loi, qui entre en vigueur courant 2011, va obliger EDF à céder une partie de sa production nucléaire - jusqu'à un quart - à ses concurrents à un prix inférieur à celui du marché. Le prix sera fixé par décret début 2011. - Le groupe a acheté la paix sociale en accordant une augmentation de plus de 4% des salaires, qui devrait s'élargir aux 35.000 salariés de la filiale de distribution ERDF, ce qui va peser sur ses coûts. - La croissance externe a provoqué une forte croissance de l'endettement net. - La croissance à l'international est parfois contrariée comme le démontre le départ surprise d'Allemagne. - L'intervention de l'Etat, qui détient près de 85% du capital, brouille la visibilité.

Comment suivre la valeur

- EDF appartient au secteur des " utilities " (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs défensives. - Les prix de l'électricité sont administrés en France et fixés par l'Etat. La hausse des tarifs est un des catalyseurs du titre. Elle permet notamment de financer les lourds investissements en cours en France. - Les autres catalyseurs du titres sont (i) le plan d'amélioration de l'efficacité opérationnelle, (ii) l'intégration des acquisitions récentes, et (iii) la remobilisation des équipes. - L'un des grands chantiers pour EDF réside dans l'amélioration du taux de disponibilité des centrales nucléaires, tombé au plus bas en 2009 (78%). Or, toute progression d'un point de ce taux se traduit par un excédent brut d'exploitation additionnel d'environ 200 millions d'euros. - L'évolution réglementaire en Europe est à surveiller. En France, la loi NOME vise à établir une libre concurrence entre tous les acteurs du marché. - Un renforcement d'EDF au capital d'Areva est toujours envisagé, afin de renforcer les liens entre les deux groupes. Areva et EDF sont historiquement imbriqués. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Le deuxième acteur mondial dans le domaine de l'électricité est né. Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez vient de reprendre le britannique International Power. Il est ainsi propulsé du neuvième au deuxième rang des producteurs mondiaux d'électricité, derrière EDF. Il devient également le leader mondial des groupes de services aux collectivités (utilities) en tenant compte de la production de gaz. Toutefois, cette opération va accroître la dette de GDF Suez, qui va passer de 33,5 à 42,4 milliards d'euros. Le groupe français compte donc lancer des cessions de 4 à 5 milliards d'euros. FTB/ACT/