L'or, une piètre protection contre l'inflation à LT (Lombard Odier)

20/04/2011 - 11:28 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Dans un contexte d'augmentation des dettes publiques faisant la part belle à l'émission d'obligations nominales, le déclin structurel des taux de croissance potentiels (mis en évidence par Reinhart et Rogoff, 2010), lorsque les ratios d'endettement public dépassent la barre des 90%, pousse les gouvernements et les banques centrales à résoudre leurs problèmes de dette en jouant sur une surprise inflationniste", affirme Lombard Odier. "Certains analystes ont mis l'augmentation rapide du prix de l'or observée ces dernières années sur le compte du désir des investisseurs de se couvrir contre la possibilité de telles surprises sur le front de l'inflation. Alors que, dans son ouvrage The Gold Constant, Roy Jastram a montré avec brio que l'or constituait une bien piètre protection contre l'inflation réalisée à très long terme, qu'en est-il pour l'inflation non anticipée ou inflation surprise ?" "L'une des méthodes de mesure de l'inflation non anticipée consiste à calculer la différence entre l'inflation réelle et une mesure des prévisions des prix à la consommation." Considérant les attentes inflationnistes à un an, issues de l'enquête de consommation de l'Université du Michigan (Etats-Unis), le gérant note : "Si l'inflation a surpris positivement à la fin des années 1970 et négativement ces dernières années, on note très peu de différence entre inflation escomptée et inflation réelle sur la majeure partie de la période." "Non seulement l'or offre une très piètre protection contre l'inflation à long terme, mais en plus il a une capacité très limitée d'indication des tendances inflationnistes à venir. Dans ces conditions, quelle couverture l'or procure-t-il contre l'inflation non anticipée ? (...) Plus les surprises inflationnistes sont grandes à la hausse et plus la performance de l'or est élevée, ce qui signale un ajustement du prix de l'or à une inflation plus forte qu'attendu. En revanche, une inflation inférieure aux attentes a tendance à s'accompagner d'une moins bonne performance de l'or, les investisseurs recalculant le prix qui devrait être celui de l'or compte tenu du niveau d'inflation plus bas qu'attendu." "Sur une période de cinq ans, l'inflation non anticipée explique 37% de la variation des prix de l'or, ce qui montre que l'or est loin de fournir une couverture efficace contre les surprises inflationnistes : c'est au mieux une protection modeste et partielle. Les actions sont-elles plus efficaces ? En effectuant une régression des rendements des actions sur un an par rapport à l'inflation non anticipée sur la même période, on obtient un coefficient de détermination (R2) de la régression de 0,01, ce qui signifie qu'il n'y a quasiment aucun lien entre ces deux variables." "Lorsque l'horizon est étendu à cinq ans, les résultats restent peu convaincants (...) Le coefficient R2 est plus élevé (0,23), ce qui indique qu'il existe un lien, quoique ténu, entre les surprises inflationnistes et la performance des actions sur cinq ans. Cette relation s'avère toutefois négative : plus les surprises inflationnistes sont grandes ou plus elles sont positives, plus la performance des actions baisse ou devient négative." "Si, donc, il existe un lien, la performance des actions tend plutôt à avoir un comportement inverse de celui des surprises inflationnistes. Le S&P500 se montre donc peu capable d'assurer une couverture contre les surprises inflationnistes à un an comme à cinq ans. S'il est clair que l'or assure mieux ce rôle de couverture contre les surprises inflationnistes sur un horizon de cinq ans, la protection qu'il offre est au mieux partielle, et les données disponibles semblent indiquer que le prix de l'or est lui aussi un piètre indicateur des futures tendances inflationnistes." AUT/ALO