Actions émergentes : fondamentaux solides (Natixis)

21/04/2011 - 15:29 - Option Finance

(AOF / Funds) - "A l'image du dynamisme de leurs économies, les marchés actions émergents ont connu une expansion très rapide durant les deux dernières décennies. Après une année globalement très positive en 2010 (+16,4% de performance de l'indice MSCI EM en dollars), l'année 2011 a débuté sous des hospices moins favorables, en raison notamment des inquiétudes sur les conséquences des resserrements monétaires en matière de croissance économique", écrit Natixis dans sa revue d'avril des marchés émergents. "Nous pensons que les investisseurs vont progressivement revenir vers les actions émergentes, qui conservent une attractivité solide d'un point de vue fondamental (de par l'écart de croissance notable vis-à-vis des économies développées, de leur faible endettement). Faut-il alors se re-pondérer en actions de manière globale sur l'ensemble de la zone émergente ?" "Nous répondons à cette question en deux temps : nous montrons, à partir d'un indicateur quantitatif, que l'on est passé d'un régime de forte corrélation entre places boursières (post-Lehman) à un nouveau régime où la discrimination est de retour (donc où les investisseurs doivent être plus sélectifs) ; nous proposons ensuite des paniers d'indices actions émergents homogènes, notamment le panier formé sur le thème des matières premières." "Notre analyse porte sur les indices actions suivants : Brésil, Mexique et Chili, pour l'Amérique Latine ; Pologne, République Tchèque, Hongrie, Russie et Turquie, pour l'Europe émergente ; Chine, Hong-Kong, Taiwan, Inde, Corée du Sud et Singapour, pour l'Asie ; Afrique du sud." "Nous utilisons un ratio d'absorption comme mesure statistique du degré de diversification d'un portefeuille composé de ces indices. Il indique dans quelle mesure le risque global est absorbé par un nombre limité de facteurs. Plus ce ratio est élevé, plus le risque est concentré, moins il y a diversification au sein d'un portefeuille investi de manière passive sur l'ensemble des marchés émergents." "Cet indicateur met en évidence deux régimes de risque : une période avant 2006 où la concentration du risque était relativement faible (en moyenne autour de 58%) ; une période après 2006, où le risque émergent se concentre de manière importante et reste aujourd'hui dans un régime élevé, signe de la moindre diversification au sein des actions émergentes sur la période récente." "Ce phénomène est à la fois la conséquence d'une croissance de la liquidité mondiale venant s'investir abondamment sur les marchés émergents et de la concentration des risques observée post-Lehman. En 2008-2009 on constate en effet une re-corrélation de l'ensemble des actifs, caractéristique du fort mouvement de repli général des indices suivi d'un fort rally." "En revanche, 2010 aura été plus discriminante. Depuis la fin de l'année 2010, l'indicateur se replie et est désormais revenu sur ses niveaux d'avant-crise, illustrant un retour vers plus de discrimination entre marchés actions émergents. Ce phénomène suggère donc que les investisseurs ont intérêt à être plus sélectifs dans leur choix de portefeuille d'actions émergentes. Nous proposons donc maintenant de reclassifier les pays émergents de sorte à optimiser le degré de diversification d'un portefeuille, au-delà du traditionnel découpage géographique." "A partir d'une méthode statistique de classification hiérarchique, nous formons des paniers/groupes d'indices homogènes, c'est-à-dire dont les performances sont historiquement corrélées (période de 2006 à 2010). Trois groupes principaux ressortent de cette étude. Nous rapprochons leurs performances boursières d'indicateurs économiques de cycles domestique et étrangers (US, zone euro), de liquidité mondiale, d'indicateurs financiers comme le prix des matières premières et un facteur de sentiment de marché (perception du risque)." "Sans surprise, on retrouve l'aversion pour le risque et la liquidité mondiale comme facteurs communs à tous les groupes. Cependant, l'intensité de leur impact varie selon les groupes et l'analyse fait ressortir certains autres déterminants propres à chaque zone. Pour le groupe 1, les Quatre Dragons d'Asie (Hong-Kong, Singapour, Taiwan, Corée du Sud) : la performance des indices actions de ce groupe s'explique en grande partie par la croissance de la liquidité mondiale et le cycle d'activité aux Etats-Unis, un des principaux partenaires commerciaux des Dragons. Le dynamisme de leurs économies, très orientées à l'exportation, contribue également à la performance de ce groupe." "Groupe 2 : Turquie, République Tchèque, Pologne, Hongrie. Ce groupe est caractérisé par une forte sensibilité à la liquidité mondiale et au cycle d'activité de la zone euro (en raison des étroites relations commerciales et financières entretenues avec la zone euro)." "Groupe 3 : Brésil, Mexique, Afrique du Sud, Russie. Ces quatre pays sont ici regroupés sous la thématique des matières premières, un déterminant majeur de la performance de leurs marchés actions. Ces pays sont en effet exportateurs nets de matières premières Le moindre pouvoir explicatif des régressions réalisées sur la Chine, le Chili et l'Inde souligne le comportement relativement autonome de ces marchés." "Nous avons montré que, bien que la corrélation entre les Bourses émergentes ait considérablement augmenté au cours des dernières années, il restait possible de distinguer des groupes statistiquement homogènes, répondant à des facteurs propres." "Hors aggravation de la crise libyenne et de la situation au Japon, notre scénario central table sur une croissance robuste des pays émergents (les politiques de resserrement monétaire constituent une normalisation et non un frein à leurs économies) ; un repli très graduel des liquidités émises depuis la crise de 2008-2009 (normalisation progressive des politiques monétaires des principales banques centrales, hors BoJ) ; une stabilisation des prix du pétrole à des niveaux élevés (autour de 100 dollars le baril en moyenne sur l'année)." "Un tel scénario conduirait à privilégier les pays du groupe 3 (Brésil, Mexique, Afrique du Sud, Russie), qui bénéficieront à la fois du repli de l'aversion pour le risque et de prix d'équilibre élevés sur les différents marchés de matières premières." AUT/ALO