Carry-trade : les investisseurs vont rester longs émergentes et euro

03/05/2011 - 15:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les carry-trades jouent un rôle décisif dans l'évolution des devises ; jusqu'à la crise des subprimes en 2007, les carry-trades étaient faits surtout en yens et en francs suisses, d'où la faiblesse de ces devises ; à partir du début de la crise, les carry-trades ont basculé sur le dollar, d'où l'affaiblissement du dollar par rapport à toutes les devises, sauf l'euro lors des phases aigües de la crise des dettes souveraines de la zone euro et sauf lorsque le dollar sert de valeur refuge comme après la faillite de Lehman", estime Natixis. "Ces carry-trades sur le dollar ont en particulier permis d'investir dans les devises des émergents, d'où l'appréciation de ces dernières à partir du début de 2009. L'inflation dans les pays émergents va maintenir un écart de taux d'intérêt très important au profit des pays émergents ; les positions longues sur les devises des émergents devraient donc se maintenir." "Les pays émergents devront continuer d'accroître leurs taux directeurs pour lutter contre l'inflation qui vient à la fois de la hausse des prix des matières premières et de celle des coûts salariaux avec les tensions croissantes sur les marchés du travail. Ceci veut dire que l'écart de taux d'intérêt entre les émergents d'une part, les Etats-Unis et l'euro d'autre part devrait rester très important, et que les devises des émergents devraient continuer à s'apprécier, avec des positions courtes en dollars et longues dans les devises des émergents." "Il paraît certain que la BCE va continuer à remonter ses taux d'intervention, ce qui exclut que l'euro puisse servir de devise d'emprunt. De plus, une solution robuste de la crise des dettes souveraines de la zone euro commence à apparaître." "Il paraît certain, après le séisme, que la politique monétaire va être durablement très expansionniste au Japon ; on pourrait donc voir progressivement un retour des carry-trades sur le yen, ce qui s'opposerait à l'appréciation du yen due normalement à la réduction de l'excès d'épargne domestique au Japon (moindres exportations de capitaux par les résidents)." "La consommation aux Etats-Unis est soutenue en 2010-2011 par les déficits publics, ce qui va s'interrompre ; l'immobilier résidentiel est toujours aussi déprimé ; les crédits aux ménages ne redémarrent pas. Nous ne croyons pas que la Réserve fédérale remonte rapidement ses taux d'intervention, nous ne voyons donc pas une fin rapide des carry-trades sur le dollar, donc de l'appréciation des devises des émergents par rapport au dollar." "Nous pensons que l'économie britannique va être durablement très affaiblie par la politique économique mise en place, ce qui ne plaide pas pour une forte remontée des taux d'intérêt sur la livre sterling." "On peut penser que le différentiel de taux entre la BNS et la BCE fera revenir un peu les positions emprunteuses, d'où une poursuite, en tendance, du réaffaiblissement du franc suisse vis-à-vis de l'euro. Le franc suisse ne peut être que fort si l'énorme excédent courant de la Suisse n'est pas compensé par une position emprunteuse massive sur le franc suisse." "Aujourd'hui, la position nette sur le franc suisse est longue. La hausse des prix des matières premières a fait remonter l'inflation en Suisse jusqu'à 1%, mais les coûts salariaux unitaires reculent. Il est donc difficile d'envisager une hausse plus forte des taux d'intérêt en Suisse que dans la zone euro, d'où la possibilité d'un retour des carry-trades sur le franc suisse." AUT/ALO