EDF : régulateur et État ne donnent pas le même prix (presse)

18/05/2011 - 09:47 - Option Finance

(AOF) - La Commission de régulation de l'énergie n'entérine pas le prix de gros de l'électricité nucléaire qu'EDF revendra à ses concurrents à partir du 1er juillet, rapporte Le Figaro. Après de long mois de suspens, le gouvernement a fixé en avril dernier les conditions de rachat de l'électricité nucléaire d'EDF par ses rivaux: ce sera 40 euros le mégawattheure (MWh) à partir du 1er juillet, puis 42 euros à partir du 1er janvier 2012. La Commission de régulation de l'énergie (CRE), gendarme des pratiques du secteur, propose une vision différente, moins favorable à EDF. Dans sa délibération du 5 mai - que Le Figaro s'est procuré -, le régulateur rappelle d'abord que pour rendre un avis motivé sur le projet d'arrêté, il a dû "établir la méthode d'identification et de comptabilisation des coûts (...) pour refléter les conditions économiques de production de l'électricité nucléaire historique". Or cette méthode de calcul, toujours selon la délibération de la CRE, conduit à une fourchette de prix allant de 36 à 39 euros le MWh. Cette estimation est donc en deçà du tarif de rachat fixé par le gouvernement. Formellement, le régulateur n'entérine donc pas le prix de 42 euros le MWh, souligne Le Figaro. Certes, il rappelle que le gouvernement veut anticiper "les investissements indispensables à la mise en sécurité des centrales nucléaires", mais "ces coûts ne sont pas connus par à ce jour, et la CRE n'est donc pas en mesure de les apprécier". Le régulateur n'est pas le seul à discuter ce chiffre de 42 euros. Lundi, le Conseil supérieur de l'énergie, qui réunit tous les acteurs concernés par ce dossier, a adopté un amendement le jugeant inapproprié. "Cet amendement n'a pas d'impact sur l'application de la loi, mais il est révélateur de la perception de la situation", note le quotidien. Plutôt que ce seuil de 42 euros, la CRE préconise "que les effets éventuels sur les coûts de production des audits diligentés sur l'ensemble du parc nucléaire français ne soient évalués qu'à mesure qu'ils se matérialiseront dans les comptes d'EDF et qu'ils soient alors intégralement intégrés au prix de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique". C'est désormais à la Commission européenne, gardienne de la réalité de l'ouverture à la concurrence, à se pencher sur le dossier. Mais il ne faut pas s'attendre à une décision très rapide, compte tenu des délais requis, affirme un observateur cité par Le Figaro".

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- EDF est le leader du marché français de l'électricité et un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions, au Royaume-Uni et en Italie ; - Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futurs sont énormes : d'ici une dizaine d'année, 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde ; - En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine ; - EDF est considéré, grâce à ses filiales Edison et EDF Energy, comme un véhicule pour jouer la convergence du marché européen de l'électricité ; - EDF a mis fin à l'automne 2010 au conflit qui l'opposait à son partenaire américain Constellation Energy, alors que les marchés redoutaient une longue bataille procédurale. EDF va donc pouvoir poursuivre son développement aux Etats-Unis ; - Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires ; - La cession, surprise, de sa participation de 45,01% dans le quatrième groupe énergétique allemand, EnBW, au Land de Bade-Wurtemberg, permet à EDF d'alléger son endettement de 7 milliards d'euros.

Les points faibles de la valeur

- L'intervention de l'Etat, qui détient près de 85% du capital, brouille la visibilité. La décision, début avril, des pouvoirs publics de limiter la hausse des tarifs de l'électricité à 2,9 % d'ici au 30 juin 2012, alors que la direction du groupe et les analystes financiers avaient établi leurs prévisions de résultats sur des hausses annuelles de 4 % à 5 % par an pendant plusieurs années, en est une parfaite illustration ; - Cette annonce a précipité début avril la valeur au seuil de ses plus bas historiques. La valeur est loin de son cours d'introduction de 32 FTB/ACT/