Grèce : le problème de solvabilité fera chuter l'euro jusque 1,37 dollar

25/05/2011 - 10:44 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Nous avons modifié nos prévisions de changes pour tenir compte des derniers événements du mois de mai. Il y a un mois, nous anticipions un euro plus fort à court terme à 1,50 avant une baisse progressive en fin d'année 2011 en réaction à un raffermissement du dollar lié à un resserrement monétaire de la Fed. Mais la situation a évolué très rapidement dès le début du mois de mai avec pour commencer le discours de JC Trichet plus circonspect malgré une inflation à 2,8% en mars", notait Nordine Naam de Natixis. "Alors que le marché s'attendait à un discours préparant les marchés à une hausse des taux directeurs en juin, JC Trichet a juste souligné qu'il continuera à surveiller les tensions inflationnistes, laissant les marchés dans l'incertitude sur le rythme du resserrement monétaire." "Cela s'est traduit par une nette réduction des anticipations de hausse des taux directeurs et la clôture de nombreuses positions longues d'euro qui avaient atteint un niveau record. Cela a accentué la chute technique de l'euro au-delà de ce que suggère le spread de taux courts euribor/eurodollar 3 mois." "Le fait nouveau réside aussi et surtout sur le regain de craintes vis-à-vis des pays périphériques. Jusqu'à ces dernières semaines, les nouvelles en provenance des pays périphériques avaient peu d'impact sur l'euro compte tenu des avancées sur le front de l'aide apportée au Portugal et sur le mécanisme de stabilisation financier devant prendre le relais de l'EFSF en 2013. Mais les craintes sur l'Europe sont réapparues en réaction à la défiance croissante vis-à-vis de la capacité de la Grèce à réduire ses déficits sur le long terme et par là se refinancer seule dès 2012." "Cela a renforcé les craintes d'une restructuration de la dette grecque tant l'effort budgétaire demandé est énorme en terme social. Ainsi, le spread GGB/Bund a atteint de nouveau plus haut de 1.400pb. Dans ce contexte, le downgrading de la signature grecque B par S&P, puis par Fitch a accentué la chute de l'euro dans la mesure où elles ont souligné qu'une restructuration même soft de la dette grecque était dangereuse pour toute l'économie grecque et serait considérée comme un défaut." "Enfin, les tensions entre les autorités européennes et la BCE, qui ne menace de ne plus prendre en garantie la dette grecque si elle était restructurée, ont renforcé la baisse de l'euro ces derniers jours. Aujourd'hui, la situation européenne est donc nettement différente de celle d'il y a un mois. Il semble que le marché ait pris acte du fait que l'on soit arrivé au bout du chemin pour ce qui concerne la situation budgétaire de la Grèce." "Doit-on continuer à fournir une aide financière à la Grèce sachant très bien qu'elle ne sera pas en mesure de la rembourser dans le futur face à ses difficultés de réduction des déficits ? Autrement dit, le marché a pris acte du fait que la Grèce n'a pas un problème de liquidité mais clairement un problème de solvabilité. Les interrogations sur une éventuelle restructuration de la dette grecque risquent de persister encore plusieurs semaines avant un éventuel accord européen pour une nouvelle aide financière donnant du temps supplémentaire à la Grèce pour convaincre de sa bonne volonté en mettant en place un vaste programme de privatisations." "Pour tenir compte de ces derniers événements, nous avons donc revu notre scénario sur l'euro et anticipons à horizon juin la poursuite de la baisse de l'euro jusqu'à 1,37 du fait de la probable persistance des craintes de restructuration de la Grèce à court terme. Par la suite, nous envisageons un rebond temporaire de l'EURUSD vers 1,42 en septembre une fois que les autorités auront confirmé une aide financière à la Grèce." "En fin d'année 2011, l'EURUSD devrait retomber vers 1,37 cette fois-ci du fait de la force du dollar soutenu par un net renforcement des anticipations de hausse des taux de la Fed. En 2012, le dollar restera soutenu par la remontée des taux Fed Funds (150pb prévu en 2012) avant de commencer à se dégrader en fin d'année par craintes sur les finances publiques à l'approche des élections américaines. L'EURUSD devrait alors revenir vers 1,40 en septembre 2012." AUT/ALO