Compagnies aériennes : difficulté à répercuter hausse du brut (Natixis)

30/05/2011 - 17:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le secteur des transports aériens a traversé ces dernières semaines une nouvelle zone de turbulence. En mars, l'IATA a révisé à la baisse sa prévision de bénéfices 2011 à 8,6 milliards de dollars, la hausse du coût des carburants devant être partiellement compensée par la hausse du chiffre d'affaires résultant de la reprise de l'économie mondiale. L'IATA a relevé à 96 dollars le baril son hypothèse pour le cours moyen du Brent en 2011 (contre 84 dollars en décembre) et indiqué que les compagnies aériennes avaient couvert à 50% environ leurs besoins de carburants attendus", note Natixis. "La hausse de 6 dollars le baril des coûts non couverts devait être partiellement compensée par une croissance plus forte du trafic passager (5,6%) et du fret (6,1%)." "Depuis que l'IATA a révisé ses perspectives, le baril de Brent a gagné encore 10$ en avril, avant de subir une forte correction qui l'a ramené aux environs de 110 dollars le baril en mai. De manière assez prévisible, les compagnies aériennes ont profité de cette correction pour accroître leur couverture. Elles ont également tenté de compenser la hausse du prix des carburants en augmentant leurs tarifs." "La question majeure est de savoir si la demande est suffisamment vigoureuse pour supporter cette hausse des coûts. En mars dernier, l'IATA avait averti que les coefficients de remplissage commençaient à se détériorer: après avoir été supérieurs à la moyenne jusqu'en janvier 2011, sur le segment passager, ils étaient tombée en janvier et mars sous leur moyenne à cinq ans." "Dans la région Asie/ Pacifique, fort importante pour le secteur, le trafic passager et le volume de fret, après avoir enregistré une forte croissance en GA, sont, depuis la fin du premier trimestre, stables (trafic passager) ou négatifs (fret). Cette évolution reflète en partie la baisse des volumes de fret au Japon après le tremblement de terre et le tsunami de mars, de sorte que les statistiques pour avril et les mois suivants devraient être également mauvaises." "En Afrique, les volumes sont également mal orientés, impactés par les troubles sociaux qui touchent le Nord du continent. Ailleurs, la baisse des coefficients de remplissage reflète davantage le ralentissement de la croissance du trafic passager et du volume de fret, alors que la capacité est en forte hausse, la flotte s'étant accrue cette année de 1.400 avions supplémentaires." "En mars, le trafic passager et le volume de fret progressaient au taux respectifs de 3,8% et 3,7% en GA, soit un rythme nettement inférieur aux prévisions de l'IATA pour 2011, et la conjonction de la hausse des tarifs et des perturbations provoquées par le tremblement de terre et le tsunami pourraient rendre les objectifs de l'IATA de plus en plus difficiles à atteindre." "L'an dernier, une des principales difficultés rencontrées par l'industrie aérienne a été la perturbation du trafic en Europe en raison de l'éruption du volcan Eyjafjallajokull en Islande. Rappelant 2010 de manière inquiétante, le Grimsvotn, le volcan le plus important et le plus actif d'Islande est entré cette semaine en éruption, répandant un nuage de cendre sur le nord-est de l'Atlantique. Si les perturbations devraient être moins graves que l'an dernier, grâce à des vents favorables et à la densité supérieure des particules, qui devrait permettre leur dissipation plus rapide, de nombreux vols ont été annulé dans le nord de l'Europe." "Tandis que les budgets des ménages et des entreprises subissent une pression croissante en raison de la hausse des coûts énergétiques, particulièrement dans les pays du G3 qui ont adopté des mesures d'austérité fiscale, les compagnies aériennes pourraient peiner à faire progresser les revenus passager et fret de sorte à compenser pleinement la hausse du coût du carburant." "De ce fait, les projets visant à accroître les capacités pourraient devoir être revus à la baisse, et certaines compagnies ont déjà indiqué qu'elles maintiendraient au sol un nombre croissant d'avions cette année, particulièrement au cours de l'hiver, traditionnellement plus calme. En conséquence, la demande de jet-kérosène pourrait augmenter moins fortement que prévu." AUT/ALO