PPR envisagerait une grosse acquisition dans le luxe (presse)

07/06/2011 - 08:43 - Option Finance

(AOF) - Après avoir laissé filer Bulgari chez LVMH, le groupe de François-Henri Pinault pourrait passer à l'offensive, écrit "La Tribune". Selon une source interne citée par le quotidien, il serait en cours de négociation pour réaliser une acquisition majeure. Après avoir enrichi son nouveau pôle "sport et livestyle", en ajoutant la marque de surf américaine Volcom à Puma en mai dernier, il s'agirait cette fois de la branche luxe. D'autant que, selon le journal, cette acquisition serait de nature à donner une nouvelle dimension au pôle repris en février directement en main par F-H Pinault. "La Tribune" évoque plusieurs cibles. Parmi elles, Hugo Boss (4,4 milliards d'euros de valorisation), détenu par le fonds Permina depuis quatre ans, ou encore Burberry (6,8 milliards). "Plus improbable, Ralph Lauren pourrait faire sens et Armani serait abordable, avec un coup de pouce de l'Oréal pour la branche des parfums. Mais une cible se détache : Prada !", écrit le quotidien. Le célèbre groupe italien espère lever jusqu'à 2,6 milliards de dollars (1,77 milliard d'euros) en introduisant 20 % de son capital à la Bourse de Hong-Kong le 24 juin, ce qui le valoriserait autour de 7 milliards d'euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Avec l'arrivée de François-Henri Pinault (fils du fondateur) à la tête du groupe en 2005, PPR a pris un nouveau virage stratégique. Le nouveau dirigeant souhaite construire un grand groupe spécialisé dans l'équipement de la personne, autour de deux piliers : Gucci dans le luxe et Puma pour le pôle " Sport & Life Style " ; - Le portefeuille d'activités du groupe inclut des marques mondiales puissantes ; - Gucci (67% du CA du pôle luxe) est une marque mondiale, bien implantée dans les pays émergents et bénéficiant d'un taux de notoriété spontanée très élevé ; - Le recentrage sur le métier du luxe a permis à PPR d'inclure une activité bénéficiant d'une forte marge opérationnelle courante comparée à celle de l'ensemble du groupe ; - L'internationalisation permet au groupe de diversifier ses sources de revenus et de limiter les effets de la crise en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord ; - La capacité de PPR à générer de la trésorerie est importante. La cession de 58% du capital de la CFAO (introduite en Bourse fin 2009) a permis de réduire la dette. Celle-ci représente désormais moins de la moitié des fonds propres.

Les points faibles de la valeur

- Le pôle luxe représente encore moins de 20% du chiffre d'affaires total et ne permet pas de compenser les effets de la crise sur les activités de distribution ; - La Redoute connaît des difficultés structurelles et est engagée dans une stratégie de repositionnement ; - La politique de recentrage n'est pas achevée : la Fnac et Redcats (La Redoute) ne présentent pas assez d'atouts aujourd'hui pour être vendues à un prix intéressant. Le processus de cession ne devrait se concrétiser que dans deux ou trois ans. En conséquence, la politique de croissance externe s'en trouve limitée ; - Les analystes jugent la valorisation en Bourse excessive. La valeur a gagné près de 50% en 2010, tirée par l'engouement des investisseurs pour le secteur du luxe. Mais PPR n'est pas un " pure player ". Les incertitudes sur l'évolution du portefeuille de marques et d'enseignes pèsent désormais sur la valeur.

Comment suivre la valeur

- PPR tire encore une large part de ses revenus de la distribution et dépend donc de la consommation, elle-même liée au moral des ménages ; - La stratégie est de conserver un groupe équilibré entre le grand public et le luxe. PPR ne sera jamais un pure player du luxe ; - Gucci est comme l'ensemble du secteur du luxe dépendant de l'évolution du dollar et du yen ; - La cession des actifs de distribution permettrait, selon les analystes, de réaliser une acquisition véritablement structurante et/ou un rachat des minoritaires de Puma à terme. Les noms de Quicksilver et Billabong ont été avancés dans la presse pour renforcer le pôle " Sport & Life Style ".

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Distribution spécialisée

Selon l'Institut Français de la mode (IFM), les ventes d'habillement sur Internet ne cessent de se développer. A fin juin, elles ont bondi de 30% sur un an. Elles représentent désormais 8,6% du marché français de l'habillement. De plus en plus d'acteurs développent leur site de ventes : le dernier en date est l'enseigne Zara. Néanmoins, la mode féminine étant vendue sur Internet à un prix qui est 11% inférieur en moyenne au reste du marché, se pose le problème de la viabilité des points de vente classiques. L'essor de la commande par Internet représente un changement important pour les acteurs de la vente par correspondance (VPC). Selon le président de Redcats, entre 70% et 80% du chiffre d'affaires du groupe est désormais réalisé en ligne. La possibilité de faire du shopping depuis un téléphone mobile devrait encore accélérer cette mutation. Ainsi environ 600.000 applications I-Phone pour le site Vente-Privée.com auraient été téléchargées depuis son lancement en juin. Grâce à Internet, certains experts estiment que, d'ici à 5 ans, la vente à distance devrait peser au moins 15% à 20% des ventes d'habillement en France. FTB/ACT/