Risque de correction actifs risqués si l'emploi US se dégrade encore

08/06/2011 - 10:40 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Face à des chiffres d'emplois décevants à partir de juin 2010, les marchés boursiers avaient souffert et ce n'est qu'à l'annonce d'un QE 2 fin août que les actions avaient rebondi. Même si un QE3 nous paraît pour l'heure prématuré, nous nous posons aujourd'hui la question de savoir si un QE3 serait vraiment nécessaire dans le contexte actuel et s'il ne serait pas plutôt porteur de nouveau risque", note Nordine Naam de Natixis. "Pour commencer, il y a un risque de voir les actifs risqués corriger si l'emploi continue de se dégrader dans les prochains mois aux Etats-Unis dans la mesure où le marché craindra une rechute de l'activité même si cela reste peu probable." "De notre côté, nous envisageons une croissance américaine de 2,2% en 2011 et de 2,1% en 2012 contre, respectivement, 2,5% et 2,4% initialement prévu. La plupart des indicateurs économiques commencent en effet à se détériorer en particulier l'emploi, mais également le secteur manufacturier et l'immobilier qui reste bien plus déprimé que prévu." "En outre, les marchés boursiers pourraient plus volatils en dépit de probables bons résultats trimestriels. En août 2010, les marchés boursiers avaient ainsi corrigé en dépit de bons résultats du deuxième trimestre publiés en juillet. Les valeurs bancaires américaines avaient particulièrement souffert au mois d'août 2010." "On peut toutefois observer que la situation des banques américaines est aujourd'hui meilleure que l'an dernier. Mais de manière générale, ce seront les valeurs cycliques qui pâtiront d'un ralentissement prononcé de l'économie américaine. Ensuite, les cours des matières premières n'avaient pas corrigé sensiblement durant l'été 2010. Les cours des matières premières n'étaient pas aussi élevés ainsi que les positions spéculatives associées." "Aujourd'hui, il y a la crainte qu'un ralentissement prononcé de l'économie américaine se transforme en une croissance mondiale plus faible. Cela pèserait alors lourdement sur les cours des matières premières. Beaucoup de positions spéculatives ont été débouclées sur l'argent durant l'épisode baissier d'avril mais elles restent importantes sur le pétrole, le maïs, le cuivre, etc... Il y a donc un risque de correction non négligeable des actifs risqués dans les prochains mois si l'emploi américain continue de se dégrader." "Alors que faire face à cette situation ? Certains envisagent un nouveau QE3 sachant que le gouvernement a peu de marges de manoeuvres en termes de finances publiques. A ce titre, la question de la réduction de la dette est de plus en plus politisée par les républicains qui devraient accentuer la pression cet été sur le gouvernement démocrate pour réduire les dépenses sociales (un facteur récessionniste) avant de relever le plafonnement de la dette (actuellement de 14.300 milliards de dollars) le 2 aout prochain." "Bref, l'environnement sera plutôt négatif pour les actifs risqués. Dans ce contexte, un nouveau QE3 pourrait permettre de soutenir les actifs risqués. Mais certains membres de la Fed, voire politiciens, sont contre tout nouveau quantitative easing qu'ils considèrent comme inefficace. L'effet sur les marchés obligataires n'est pas très significatif et le crédit à l'économie reste très faible compte tenu de l'endettement des ménages. En résumé, un nouveau QE3 aurait peu d'impact sur l'activité économique sachant que la liquidité est déjà très abondante avec un bilan de la Fed de plus de 2.700 milliards de dollars." "Enfin, un QE serait porteur de risque dans la mesure où cela va entretenir la spéculation notamment sur les matières premières dont les cours sont déjà très élevés. Pour autant, un nouveau QE3 aurait le mérite de soutenir les actifs risqués détenus dans les portefeuilles des investisseurs institutionnels comme les banques, les assureurs ou les fonds de pension dont les ratios de solvabilité seraient mis à mal si les actifs risqués chutaient significativement." "Quoi qu'il en soit, il est pour l'heure prématuré de parler de QE3, même si le marché y pensera de plus en plus si les indicateurs économiques se dégradent davantage. Il faudra attendre de voir l'évolution de l'emploi cet été. La Fed se réunit le 22 juin et on verra si sa communication a changé. On peut s'attendre à ce qu'elle reconduise les achats de MBS arrivant à échéance." AUT/ALO