SCHNEIDER ELECTRIC : la fièvre acheteuse

09/06/2011 - 15:09 - Option Finance

(AOF) - Schneider Electric ne fera pas de grosse acquisition en 2011, déclarait le mois dernier son président du directoire, Jean-Pascal Tricoire, agacé des rumeurs récurrentes concernant une OPA de 30 milliards de dollars sur l'américain Tyco. Pour autant, l'équipementier électrique ne se prive pas de multiplier ses emplettes. En moins de dix jours, Schneider Electric a signé trois acquisitions. D'abord l'indien Luminous le 30 mai. Ensuite, l'espagnol Telvent le 1er juin. Enfin, le chinois Harvest Power Technologies aujourd'hui pour 450 millions d'euros. Au total, la facture s'élève à 2 milliards d'euros. Leader & Harvest, dont le siège est situé à Pékin, développe, produit et commercialise des variateurs de vitesse moyenne tension. La société emploie plus de 750 collaborateurs et possède un vaste réseau de distribution et de service réparti sur 30 provinces. Leader & Harvest a connu une croissance annuelle supérieure à 20% ces dernières années et son chiffre d'affaires pour l'année courante devrait s'élever à environ 150 millions de dollars (environ 100 million d'euros) avec une marge EBITDA d'environ 20%. Ce rachat est en ligne avec la stratégie du groupe en termes de croissance externe, à savoir renforcer son positionnement dans les émergents (37% du chiffre d'affaires de Schneider en 2010) et sa présence dans les solutions d'efficacité énergétique. Cependant estime Oddo, cette opération confirme ses craintes de voir les multiples d'acquisitions s'envoler du fait d'une compétition accrue en ce domaine, de la part des industriels (ABB, Siemens, GE, acteurs émergents) mais aussi des fonds de private equity. Au prix payé, le critère de création de valeur en année 3 (comme Luminous) n'est pas respecté et sera au mieux atteint en année 4, ajoute le broker. (P-J.L)

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Schneider figure parmi les premiers fabricants mondiaux d'équipements de distribution électrique basse et moyenne tension (principalement sous les marques Merlin Gerin et Square D), d'automatismes industriels et d'équipements d'énergie sécurisé. C'est donc un spécialiste de la gestion de l'énergie ; - Le groupe fournit des équipements pour des marchés diversifiés aux cycles différents, de l'industrie aux infrastructures. Cela lui permet d'amortir les chocs conjoncturels. Mais Schneider a aussi nettement réduit son exposition au secteur ultra cyclique du bâtiment ; - Le groupe bénéficie de positions solides dans les pays émergents (37% du CA). Il devrait, en particulier, tirer parti de sa présence en Asie, notamment en Chine. Il ambitionne de devenir le leader des nouvelles économies en 2011, date à laquelle il compte réaliser la moitié de ses coûts de production dans les pays émergents ; - Le groupe est très bien positionné sur l'efficacité énergétique (30% du CA), un marché en plein essor. Le président du directoire, Jean-Pascal Tricoire, mise beaucoup sur le smart et le green grid - l'électricité intelligente et verte. Le groupe élargit ainsi considérablement sa cible de clientèle en se positionnant aussi bien auprès des producteurs d'énergie (par exemple, pour convertir l'énergie solaire), que des entreprises et des particuliers (la domotique) ; - La nouvelle donne énergétique avec la catastrophe nucléaire au Japon pourrait encore renforcer les perspectives du secteur de l'efficacité énergétique ; - L'acquisition d'une partie de l'activité d'Areva T&D, autofinancée en intégralité, permet à Schneider Electric, déjà présent dans la distribution d'électricité, de devenir le deuxième acteur mondial sur le marché de la moyenne tension électrique, devant Siemens et juste après ABB. Cela devrait conduire à une revalorisation du titre ; - La situation financière est saine.

Les points faibles de la valeur

- Le titre a fortement rebondi en 2009 et 2010 pour signer de nouveaux plus hauts historiques. Il fait partie de la petite poignée de valeurs du CAC 40 en nette hausse sur cinq ans (+35% à fin mars 2011). Certains analystes estiment que Schneider est déjà correctement valorisé ; - La dynamique de croissance va ralentir en 2011, ce qui pourrait ralentir la progression de la valeur ; la direction table sur une croissance de l'activité de +6% à +9% contre +10% à +12% sur les trois derniers trimestres. La marge EBITA progressera plus faiblement qu'en 2010 en raison de la hausse des matières premières et du ralentissement des gains de productivité ; - Schneider pâtit d'un cycle d'activité court (avec un carnet de commandes qui ne représente que 1 à 2 mois de ventes), ce qui nuit à la visibilité ; - Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.

Comment suivre la valeur

- La gestion de l'énergie est peu connue du grand public. Les métiers de Schneider peuvent donc être difficiles à appréhender pour les investisseurs ; - Les équipementiers électriques sont sensibles à l'évolution du marché immobilier. De plus, par sa présence en Europe et en Amérique du Nord (environ 65% du CA), le groupe est très sensible à l'évolution de la conjoncture sur ces deux continents ; - Schneider Electric est dépendant des variations de change : le groupe réalise environ 40% de ses recettes dans la monnaie américaine et dans des devises liées (yuan, etc.). La variation des prix des matières premières influe également sur la rentabilité du groupe ; - Plusieurs rumeurs d'acquisition ont circulé sur le marché en avril, notamment celle d'un intérêt pour Tyco, le leader mondial des produits et services de sécurité électronique pour le marché de la construction. Mais les analystes ont accueilli avec prudence cette rumeur. Une telle opération réduirait l'exposition du groupe aux émergents et à l'efficacité énergétique ; - Schneider souhaitant sensiblement accélérer sa présence dans les pays émergents, les acquisitions du groupe dans cette zone sont également à surveiller.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Biens d'équipement

Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues. FTB/AUT/