L'environnement économique est encore bien orienté (Natixis AM)

09/06/2011 - 16:29 - Option Finance

(AOF / Funds) - "En annonçant qu'elle ne monterait pas les taux en juin, alors que ses précédents propos pouvaient le laisser penser, la Banque centrale européenne (BCE) a désamorcé une tendance spéculative forte sur les marchés de matières premières (tendance émergeant désormais chaque fois que la dynamique cyclique s'emballe). Les instruments de la financiarisation de ces sous-jacents sont en effet nombreux", note Natixis AM. "Ainsi, depuis l'annonce du quantitative easing 2 par la Fed durant l'été 2010, dans un contexte où l'on anticipait avec certitude que les taux US resteraient bas, le financement de positions spéculatives sur les matières premières par des emprunts en dollars avait engendré une escalade du prix des ressources de base. Des débouclages sont intervenus lorsque l'euro a reculé sur l'attentisme de la BCE." "La Banque centrale européenne demeure par ailleurs ferme sur sa volonté de ne pas réaménager la dette grecque pour des raisons qui sont facilement compréhensibles. Les titres grecs dans son bilan avoisinent les 50 milliards d'euros et la décote pourrait atteindre 50%, faisant craindre un risque d'insolvabilité de l'institution et d'autres banques s'il fallait valoriser ces titres au prix du marché. Au vu de ces éléments, on peut supposer que la sortie de crise des Etats de la zone euro ne sera pas nécessairement immédiate. Le débat actuel se focalise notamment autour de la question de la restructuration de cette dette puisqu'on peut craindre qu'une annonce de restructuration n'engendre, dans son sillage, une forte spéculation sur l'Espagne cette fois." "Autre point inquiétant : les marchés émergents. Ils sont en effet sous le coup d'une inflation importée via la hausse du prix des matières premières, d'une activité qui ralentit un peu et de questionnements plus que préoccupants sur les prix immobiliers, notamment en Chine. En relevant le taux des réserves obligatoires et en contraignant la distribution de crédit, la Banque de Chine entend néanmoins freiner cette surchauffe spéculative que les banques locales ne parviennent pas à encadrer." "Est-il possible de rester raisonnable dans ces marchés de carry trade ? Le contexte de marché actuel fait en effet la part belle aux spéculateurs qui financent leurs expositions en actifs risqués (matières premières, actions, devises émergentes, high yield) sur le dos de devises à taux bas dont les Etats regagnent des marges de manoeuvre à l'export, et par l'inflation des prix d'actifs qui se développe. La meilleure voie consiste encore à scruter les fondamentaux et constituer des positions en plusieurs fois, en particulier lorsque les marchés baissent." "A cette date, l'environnement économique est encore bien orienté. Les créations d'emploi s'accélèrent aux Etats-Unis et l'activité, quoiqu'en inflexion, demeure à un niveau élevé. Simultanément, les entreprises intensifient leurs investissements en prenant le relais tant attendu des aides publiques." "Enfin, la valorisation des actifs boursiers demeure acceptable à ce niveau. Dès lors, on peut se demander si la pro-cyclicité des acteurs en matière d'investissement va cesser de guider les prix et si les agents se décideront enfin d'investir suivant une posture raisonnable, comme ce fut le cas à la fin des années 90, lorsque la croissance à un prix raisonnable était de mise même si l'ensemble des marchés étaient largement surévalués." AUT/ALO