Pricing power des sociétés exposées aux émergents (EdRAM)

17/06/2011 - 11:36 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Ce début d'année a été marqué par une rotation sectorielle en faveur des titres exposés à la zone euro qui avaient été pénalisés en 2010 ainsi que par le retour en grâce du secteur bancaire, celui-ci bénéficiant de la baisse de la prime de risque en zone euro et d'une meilleure visibilité sur la réglementation Bâle III. Ce mouvement s'est opéré au détriment des thèmes qui avaient bien fonctionné en 2010, à savoir ceux relatifs aux zones émergentes", note Oliver Huet, gérant actions européennes chez Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM). "En effet, les marchés se sont inquiétés du ralentissement de la croissance de ces économies ainsi que du resserrement du crédit, conséquence d'une inflation (notamment sur les produits alimentaires) qui semble être, dans ces pays, peu maîtrisée." "A compter de mars, de nombreux titres exposés aux émergents ont, après leur correction boursière, de nouveau offert des points d'entrée intéressants. Cela est d'autant plus vrai que les publications du premier trimestre ont remis en lumière leur capacité à générer de la croissance organique et à encore améliorer des marges déjà élevées." "Ce fut notamment le cas au sein du secteur du luxe, un des plus fortement sanctionnés suite à la catastrophe au Japon. Pourtant, ce pays n'en est plus le marché phare et était déjà attendu en très faible croissance. Les chiffres publiés depuis par les leaders du secteur montrent que la dynamique commerciale, tirée notamment par la Chine, ne s'est pas enrayée. Le tsunami japonais a néanmoins engendré des dommages collatéraux sur des secteurs tels que l'automobile ou la technologie, qui avaient eux aussi largement profité de leur exposition émergente en 2010." "Les perturbations dans la chaîne logistique, dues aux arrêts de production de nombre de fournisseurs japonais, auront sans nul doute des répercussions réelles en 2011 et, par prudence, nous avons préféré alléger notre exposition sur les sociétés qui pourraient, de notre point de vue, en être les plus affectées." "Mais paradoxalement, le douloureux épisode de Fukushima a également créé des opportunités eu égard aux nouvelles politiques énergétiques qui vont être mises en place, y compris en Asie, suite à la défiance que suscite désormais le nucléaire. Ainsi, des groupes tels BG Group qui dispose d'importantes capacités en LNG, Siemens qui possède une forte expertise dans les centrales à gaz ou ABB dans les réseaux intelligents de transmission d'électricité, vont profiter de nouvelles opportunités de croissance." "Récemment, des inquiétudes sur le ralentissement inattendu de la croissance mondiale, et en particulier américaine, conjuguées à la résurgence de la crise de la dette souveraine en zone euro ont eu un impact aussi bien sur les thématiques domestiques qu'émergentes. En définitive, la performance du fonds, qui s'est reprise à partir de mars, s'est depuis poursuivie." "Au-delà des interrogations légitimes de court terme (le ralentissement de la croissance émergente en Chine, Brésil, Russie, est désormais une réalité et ce, depuis la fin de l'année 2010), il nous semble important de noter que le différentiel de croissance entre les pays développés et les pays émergents reste conséquent. En 2011, les prévisions de croissance du PIB pour l'euro zone s'élèvent à 1,5%, contre 6,8% pour les pays émergents." "A ce jour, tous les indicateurs de croissance laissent penser que cet écart est amené à perdurer au-delà de l'année 2011. L'idée que les différentiels de croissance entre économies développées et émergentes sont durablement à l'avantage de ses dernières a d'ailleurs été parfaitement intégrée par les entreprises européennes qui y accroissent leurs investissements de capacités mais en font également leur terrain de chasse privilégié en termes de croissance externe." "Ainsi, Michelin s'est engagé dans un plan d'investissement de 1,6 milliard d'euros par an sur la période 2011-2015 pour construire des sites en Chine, au Brésil et en Inde afin d'être à même de disposer de produits compétitifs sur ces marchés. De même, Vallourec a, en association avec Sumitomo, investi 1,2 milliard d'euros dans une tuberie intégrée au Brésil. Par ailleurs, Vivendi a fait l'acquisition de l'opérateur téléphonique GVT (là encore au Brésil) et Casino a étendu sa présence en Thaïlande en reprenant les hypermarchés de Carrefour. Schneider vient, quant à lui, de procéder à la coûteuse acquisition du chinois Leader & Harvest dans la moyenne tension." "Dans un environnement inflationniste, la possibilité qu'auront les entreprises à répercuter leurs hausses de coûts sera un élément significatif de différenciation tant dans leur performance opérationnelle que dans leur appréciation boursière. Les entreprises significativement exposées aux zones émergentes ont, le plus souvent, réussi à se bâtir des positions fortes sur ces zones grâce à la notoriété de leurs marques et au caractère unique de leurs produits au contenu technologique différenciant." "Elles disposent donc d'un pricing power réel et d'avantages compétitifs importants particulièrement face à une concurrence locale de plus en plus féroce et organisée, notamment en Chine et dans les marchés périphériques (Inde, Brésil). Au-delà des marques de luxe telles que LVMH, Burberry, de spiritueux telles que Rémy Cointreau ou d'un constructeur automobile comme Volkswagen (qui profite largement de son positionnement premium), des groupes industriels comme Siemens, Atlas Copco, ABB ou BASF ont une véritable capacité à monter leurs prix sans sacrifier leur croissance." AUT/ALO