Grèce : éviter l'euphorie sur les marchés (JP Morgan AM)

05/07/2011 - 17:21 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le risque d'un défaut immédiat et dévastateur de la Grèce sur sa dette s'est dissipé au milieu de la semaine dernière suite au vote par le Parlement grec d'un nouveau train de mesures d'austérité. Ce vote devrait ainsi ouvrir la voie à un prochain déblocage de fonds par l'UE et le FMI d'ici la mi-juillet, sans lequel la Grèce aurait été en situation de défaut. Par ailleurs, selon certaines propositions en cours, il pourrait être demandé aux banques de renouveler la dette de la Grèce arrivant à échéance au cours des trois prochaines années", note JP Morgan AM. "Les marchés ont immédiatement accueilli cette évolution positive de la situation avec soulagement. Les spreads se sont nettement contractés par rapport aux Bunds allemands, de 1.500 points de base (pb) dix jours plus tôt à 1.330 pb tout juste après le vote. Dans le même temps, les spreads des CDS de la Grèce se sont repliés de 235 pb sur la semaine à 1.950 pb, tout en continuant toutefois d'intégrer une probabilité de 80% d'un défaut dans les cinq ans." "Maintenant que les gaz lacrymogènes se sont dissipés, dans les rues d'Athènes au sens propre du terme et sur les marchés au sens figuré, il est important de s'interroger sur ce qui a changé. S'il nous avait été donné de gagner un euro à chaque fois qu'il est fait référence à ce qui est toujours remis au lendemain, nous serions déjà à même de jouir d'une retraite confortable dans une de ces îles paradisiaques grecques. Car, voilà bien en résumé ce qu'est la situation actuelle : les problèmes de la Grèce (et probablement des pays périphériques) ont uniquement été différés et non pas résolus." "La version finale de tout échange de dette sera certainement le fruit des travaux des technocrates de Bruxelles... Méfiez-vous de ces petits génies qui vous veulent du bien, serait-on tenté de dire. Mais, d'un point de vue fondamental, très peu de choses ont changé. En fonction de l'ampleur de la dette qui sera annulée dans le cadre de potentiels échanges de créances, peu de signes donnent à penser, à ce stade, que la solvabilité budgétaire de la Grèce se soit améliorée." "La solvabilité budgétaire est déterminée par le taux d'intérêt moyen pour assurer le service de la dette publique par rapport à la croissance du PIB nominal et au solde budgétaire primaire. A moins qu'une solution d'échange de dette puisse être élaborée sur la base de taux d'intérêt nominaux inférieurs (équivalant ainsi à une subvention) sur la dette grecque (ce qui serait synonyme d'un transfert budgétaire), la solvabilité ne se sera en rien améliorée. En effet, tout échange de dette sera probablement autant dans l'intérêt des créanciers de la Grèce, ce qui serait une solution ingénieuse pour leur éviter de devoir faire l'impasse dans l'immédiat sur une partie de leurs capitaux prêtés." "De plus, le vote du Parlement intervenu la semaine dernière n'a eu aucun impact sur la compétitivité du pays pas plus qu'il est susceptible de mettre fin aux retraits de dépôts auxquels sont confrontées les banques grecques. Le rebond des marchés pourrait bien avoir fait suite à la clôture de positions vendeuses en rachetant un nombre équivalent de titres (short covering). Aussi, les investisseurs seraient bien avisés de ne pas devenir trop euphoriques." AUT/ALO