S'exposer aux matières premières via valeurs russes et latino-américaines

06/07/2011 - 15:52 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La reprise économique mondiale se poursuit à un rythme inégal. Les tensions financières entravent toujours la croissance des pays développés, y compris ceux de la périphérie de la zone euro. Et le taux de chômage reste élevé aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans de nombreux pays industrialisés. Le tableau est en revanche bien différent dans les pays émergents", note Philip Poole, responsable de la recherche et de la stratégie d'investissement chez HSBC Global AM . "En effet, ces derniers bénéficient d'une croissance solide qui repose sur la demande intérieure, sur le commerce mondial et sur le renouveau des flux de capitaux. La menace relève plus de l'inflation que de la croissance." "Le monde va-t-il continuer à connaître cette grande disparité au cours des prochaines années ? Cette disparité est-elle structurelle ou cyclique ? Comment les dirigeants devraient-ils réagir ? Quelles sont les implications pour les investisseurs ? Gardant à l'esprit ces questions et la persistance de la volatilité des marchés, nous avons résumé dans les lignes qui suivent l'essentiel de notre opinion sur les données fondamentales du marché et les actifs financiers." "La crise mondiale marquera la transition entre un monde dominé par les pays du G7 et la réalité d'après-crise dans laquelle les pays émergents jouent un rôle toujours plus décisif. La disparité entre les taux de croissance sera probablement marquée. Associée à un ajustement monétaire, elle conduira à une convergence des revenus réels. Mais ce ne sera pas aussi simple. Les deux blocs auront d'importants défis à relever." "Les pays dont le déficit courant était important avant la crise, doivent accroître leur épargne nationale et assainir leurs finances publiques. L'Europe, contrairement aux Etats-Unis, s'y attèle. Les salaires seront probablement revus à la baisse en raison d'une compétitivité mondiale exacerbée, et le taux de chômage devrait rester élevé. Nous sommes d'avis que ce processus d'ajustement sera délicat." "La nécessité de réduire les dépenses dans le secteur public est susceptible de donner lieu à des grèves et à un regain de tension sociale. Le Royaume-Uni, qui s'apprête à faire face à des perturbations dans le secteur public cet été, en est une parfaite illustration. Les pays dont l'excédent courant était démesuré, c'est-à-dire les pays d'Asie et des marchés comme l'Allemagne, devront augmenter leur demande intérieure pour maintenir leur croissance dans un contexte où les sources de demande extérieure nette risquent de manquer." "Outre un ajustement monétaire, ce rééquilibrage doit s'appuyer sur une réforme du secteur financier et des politiques structurelles, tant dans les pays excédentaires que dans les pays déficitaires. Même si cela se déroule sans accroc, la croissance mondiale devrait être inférieure à ce qu'elle était avant la crise. En effet, elle sera freinée par le besoin de s'attaquer au surendettement." "En ce qui concerne la croissance, nous anticipons un monde à plusieurs vitesses avec des taux de croissance très différents entre les pays à croissance rapide (les pays émergents) et ceux plus en retard (les pays développés). La plupart des pays d'Asie et une partie de l'Amérique latine devraient connaître une croissance très enviable, grâce à une situation démographique favorable et des bilans plus solides." "La croissance des pays développés sera, selon nous, décevante. Le niveau d'endettement élevé, la faiblesse démographique et le déficit de financement des programmes de retraite devraient considérablement la freiner. L'endettement du secteur public représente un obstacle majeur à la croissance. Les pays situés à la périphérie de la zone euro en ont déjà pâti en termes d'accès au marché." "Le problème ne se confine toutefois pas à la périphérie des pays développés : ceux-ci sont également touchés. Le niveau d'endettement du secteur public et des ménages a considérablement augmenté, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Au Japon, la dette publique avoisine le taux incroyable de 200% du PIB." "Les pays émergents devront revoir leurs moteurs de croissance pour s'appuyer davantage sur la demande intérieure. Les marchés veulent croire que les pays émergents peuvent devenir le fer de lance qui remplacera les Etats-Unis en tant que principale source de demande dans l'économie mondiale. L'augmentation de la consommation en Chine fait l'objet d'une attention particulière." "Le modèle chinois a été jusqu'à présent le même que celui adopté par l'Allemagne et le Japon dans la période d'après-guerre : épargner et investir en grande quantité, produire et vendre sa production à l'étranger. Ni l'Allemagne ni le Japon n'ont réussi à se défaire de leur dépendance à la demande extérieure nette. Pourquoi la Chine et d'autres pays émergents y parviendraient-ils et combien de temps cela prendrait-il ?" "Dans de nombreux cas, il existe une marge de manoeuvre pour accroître les investissements de manière efficace, ce qui influera sur la demande intérieure de nations émergentes, comme l'Inde, la Russie, l'Indonésie et la Chine. Cependant, pour la plupart des pays d'Asie, se dissocier de la baisse d'activité des pays développés devrait à terme exiger des changements structurels permettant de doper la consommation intérieure. La Chine prend actuellement des mesures pour réaliser cette transition. De tels changements pourraient toutefois nécessiter une longue période de gestation." "Cette divergence fondamentale déterminera les principaux thèmes d'investissement. Tous éléments confondus, elle devrait être favorable aux pays émergents. Il y aura cependant des gagnants et des perdants, tant du côté des pays émergents que de celui des pays développés. Les stratégies d'investissement découlant de ce thème structurel devront donc tous les englober." "Le commerce des matières premières devrait afficher une bonne performance, malgré une volatilité très forte. Nous nous attendons à ce que les cours soient soutenus par la forte demande des pays émergents à croissance rapide et à forte démographie. Il est possible d'exploiter le filon des matières premières par le biais d'une exposition directe ou d'une exposition aux valeurs du secteur : les valeurs et devises de la Russie (énergie, métaux et hydrocarbures) et de l'Amérique latine (métaux, hydrocarbures et matières premières agricoles) font partie de nos privilégiés." "Le cours de l'or devrait se maintenir du fait des rendements réels négatifs ou faibles des pays développés et de la forte demande de l'Asie. Cela influera probablement sur les devises. Au fur et à mesure du rééquilibrage, les devises des pays déficitaires devraient se déprécier, tandis que celles des pays excédentaires devraient s'apprécier. Cependant, c'est l'ajustement du taux de change réel qui est significatif. L'ajustement du taux de change réel peut résulter de fluctuations nominales ou d'un différentiel d'inflation défavorable. Les investisseurs doivent cibler les devises de carry sous-évaluées et provenant de pays dont les banques centrales sont connues pour lutter efficacement contre l'inflation." AUT/ALO