Crédit : de bons fondamentaux (Pictet & Cie)

13/07/2011 - 10:52 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Dominé par la crise souveraine, le marché du crédit européen investment grade a affiché une performance légèrement positive due essentiellement à la baisse des taux sur les obligations de référence allemandes alors que le segment high-yield, plus affecté par la montée de l'aversion au risque, reculait. Les obligations d'entreprise ont sous-performé au mois de juin mais affichent encore un rendement en excès sur l'ensemble de l'année par rapport aux obligations gouvernementales", note Pictet & Cie. "Ces dernières semaines, les plus mauvaises performances ont été réalisées par les emprunts subordonnés des banques et des assurances ainsi que par les dettes hybrides des services publics et des opérateurs de télécommunications des pays européens périphériques." "Viennent ensuite les secteurs cycliques comme l'automobile, les mines et les métaux. Même les primes de risque des notations les meilleures, AA et plus, se sont écartées. Les rares performances positives ont été réalisées par les banques japonaises, grâce à un rebond, après l'écartement des primes de risque provoqué par la catastrophe de mars." "Dans le secteur automobile, l'agence S&P reconnaît les améliorations financières des constructeurs mais s'interroge sur la pérennité de ces résultats face aux perspectives de long terme du secteur. Les hausses de notation des constructeurs seraient ainsi limitées. Une des mauvaises performances ce mois, en dehors de la crise souveraine, est affichée par Nokia suite à son abaissement de rating et à des perspectives négatives des agences S&P et Fitch." "Les primes de risque des banques italiennes ont souffert au mois de juin suite à l'annonce de Moody's d'une mise sous surveillance des notations de treize banques italiennes. Ces dernières seraient fragilisées au cas où la note souveraine de l'Italie serait abaissée. La relative bonne santé du système financier italien, en comparaison par exemple avec celui de l'Espagne, avait jusqu'à présent préservé, en partie, les valorisations des banques italiennes." "L'agence Moody's a également mis sous surveillance négative les notes des grandes banques françaises, BNP-Paribas, Société Générale et Crédit agricole, en raison de leur exposition aux dettes grecques. Alors que le marché avait les yeux rivés sur la situation grecque, le gouvernement irlandais enfonçait le clou en proposant de faire participer les porteurs de dettes seniors aux pertes des banques. Les autorités européennes s'y opposent, alors que les porteurs de dette subordonnées ont déjà été impliqués." "Outre-Manche, la proposition du gouvernement britannique de séparer les activités des banques afin de protéger les activités de détail des risques pris par la partie banque d'investissement laisse pour l'instant ouverte la question de l'attribution des dettes actuelles aux éventuelles futures nouvelles entités." "Sur une note positive, Aegon a remboursé l'Etat néerlandais et ING se prépare à le faire suite à la vente de ses activités américaines. Dans les deux cas, ces annonces sont positives pour les porteurs de dettes hybrides puisqu'elles mettent un terme à la suspension des paiements de coupons exigée, à l'époque, par la Commission européenne." "Les plus grands écartements sont affichés par les CDS sur les émetteurs bancaires en dettes subordonnées. L'indice Hi-Vol s'écarte également fortement en raison de son exposition à la fois aux activités cycliques, aux télécommunications et aux distributeurs-producteurs d'énergie espagnols et portugais. L'indice des CDS souverains affiche évidemment une très mauvaise performance, en raison essentiellement de la hausse massive du coût de protection contre un défaut grec qui a entraîné ceux du Portugal et de l'Irlande." "Après une activité soutenue au mois de mai, le volume des nouvelles émissions s'est fortement réduit en raison du faible besoin de refinancement de la part des émetteurs non financiers et également de la hausse de l'aversion au risque, qui ne favorise pas le placement de nouvelles obligations. Les émetteurs de bonne qualité ont été les seuls à lancer de nouveaux emprunts, comme Auchan à 7 ans ou John Deere à 5 ans. Les branches financières des constructeurs automobiles Peugeot et Renault ont lancé des emprunts à 4 et 3 ans respectivement. Aucune opération de taille significative n'a eu lieu de la part des banques ou des assurances." "Sur le marché des obligations d'entreprise libellées en euros, le montant émis depuis le début de l'année, net des obligations remboursées, est négatif. Ce déficit d'offre de nouvelles obligations a été jusqu'à présent un facteur technique positif pour le marché du crédit." "Le marché du high-yield a été très faible et affiche une performance négative, après plusieurs mois positifs. Comme pour d'autres classes d'actifs risqués, les inquiétudes concernant la situation de la Grèce ainsi que la faiblesse des perspectives économiques outre-Atlantique ont poussé les primes de risque à la hausse et la baisse des taux de référence n'a pas suffi à compenser ce mouvement. La hausse de l'aversion au risque s'est traduite par de significatives sorties de fonds à la fois sur les marchés européen et américain." "Dans ce contexte, les plus faibles notations ont sous-performé mais les plus élevées, BB, ont également affiché une performance négative. Les papiers bancaires ont été les plus affectés, suivis du secteur des médias, des assurances et du secteur cyclique industries de base. Le marché primaire a bien entendu marqué une pause en raison d'une faible demande de la part des investisseurs et d'un manque de volonté des émetteurs à se lancer sur un marché volatil." "Le marché du crédit dans son ensemble restera attentif aux développements, et à l'éventuelle résolution, de la crise grecque ainsi qu'aux effets de contagion aux autres pays périphériques européens dans les prochaines semaines. L'absence d'appétit pour le risque dans cette situation limitera le resserrement des primes de risque, même sur les obligations de bonne qualité. Les bons fondamentaux dans l'ensemble du secteur non financier ainsi que des principales banques et assurances restent cependant un important facteur de soutien." AUT/ALO