Dette : l'Italie n'est pas la Grèce (Natixis)

13/07/2011 - 11:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'Italie n'est pas la Grèce et c'est bien cela qui inquiète au plus haut point le marché. La dette italienne est pour le coup largement supérieur aux trois dettes grecques, irlandaises et portugaises réunie ce qui en fait un risque clairement systémique avec un encours total de plus de 1.400 milliards et plus de 173 milliards de tombées cette année", note Jean-François Robin de Natixis. "La forte tension de ces derniers jours sur les BTPs (+55pbs en une semaine sur le 10 ans à 5,54%) à ceci d'inquiétant qu'elle est a un effet auto-réalisateur en rendant la dette (120% du PIB) rapidement insoutenable." "Le coût prévu des intérêts de la dette italienne avec un taux moyen de 5% est de l'ordre de 75 milliards soit 5% du PIB (contre 43 milliards pour les intérêts de la dette française en 2010). Si le cout de refinancement dans le marché rendait le service de la dette insoutenable, l'EFSF/ESM même avec le FMI (700 milliards) ne suffirait pas longtemps." "Si les rumeurs de démission de Tremonti ont joué pour beaucoup avec les craintes afférentes de voir repoussé le plan d'économies de 47 milliards, rien de semble justifier fondamentalement que le CDS italien traite sur les mêmes niveaux que la Roumanie qui est sept notes en dessous de celle de l'Italie (Aa2). "Les fondamentaux sont en effet différents de ceux des trois pays précédemment en difficulté. Certes le stock de dette est parmi les plus élevés et la croissance reste anémique (seulement 0,1% au T1) etc. Reste que la différence la plus importante, notamment avec la Grèce ou le Portugal, est sans doute la balance extérieure." "Sans comparer l'Italie au Japon, le financement est grandement facilité par une épargne privé importante qui permet aux BTPs notamment d'être placés pour moitié auprès de la clientèle domestique. De plus, l'Italie bénéficie d'un surplus primaire, et le déficit dès cette année devrait tangenter les 4% notamment en l'absence de plan de soutien au faite de la crise. Le fameux plan d'économie discuté en ce moment s'inscrit dans un programme visant à ramener le déficit à zéro d'ici 2014." "Il faut une réponse politique forte, rapide et concrète. En premier celle-ci elle doit venir d'Italie elle même avec le vote des 47 milliards d'économie. Le budget devrait être voté sans problème d'ici la fin du mois et même peut être dans les tous prochains, l'opposition ayant aujourd'hui accepté d'examiner le texte d'ici le 18 juillet." "La réponse doit aussi et surtout être européenne. Les problèmes italiens sont liés également à la résolution de la crise de l'Irlande, de la Grèce et du Portugal. Si une réponse (nouveau plan avec accent mis sur la croissance autant que sur la réduction des déficits, participation du secteur privé) n'est pas présenté avant l'automne comme cela était laissé entendre, l'été risque d'être long..." "De ce point de vue là le fait de voir l'Eurogroup se réunir en sommet exceptionnel vendredi est encourageant. Le communiqué d'hier a cité des éléments comme la baisse des taux de prêt à la Grèce et son rallongement permettrait de desserrer la contrainte de solvabilité. Compte tenu de l'ampleur de l'aversion aux dettes risquées il faudrait que parallèlement, enfin, soit mise en place la possibilité de rachats de dette sur le marché secondaire comme demandé notamment par la BCE." "Ces rachats sur le secondaire auraient pour vertu de rouvrir un marché inexistant (même les bid/ask de l'Italie pourtant traditionnellement très serrés ont été multipliés par dix ces deux derniers jours !), de baisser le stock de dette tout évitant d'être qualifié de défaut par les agences à l'inverse des plans français et allemands. On a encore vu mardi que ce qui avait permis de calmer le marché et d'initier un retournement ont été les rumeurs d'achats de BTPs par la BCE via le SME. Cela pourrait prendre plusieurs formes : par la Grèce elle-même, par l'EFSF qui pourrait ou non renégocier un hair cut ensuite avec la Grèce, ou par le secteur privé lui-même. "Si une autre forme de participation du privé est décidée parmi les deux autres options (roll over à la française ou swap de dette à l'allemande), il conviendra d'éviter/limiter le défaut ou sinon prévoir parallèlement un mécanisme assurant le financement des banques concernées (facilité temporaire de la BCE, plan d'aide aux banques, lignes de crédit...) en particulier irlandaises et grecques (l'Italie n'emprunte que 30 milliards à la BCE soit un niveau pas si éloigné de celui qui prévalait avant Lehman). L'idéal serait de combiner les approches dans l'idée que toute solution partielle n'en sera pas une à ce stade de stress sur les marchés." AUT/ALO