Les marchés actions soumis aux fluctuations cycliques (SG)

13/07/2011 - 14:59 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Voici venue cette période surréaliste du trimestre, juste avant la période de publication de résultats, où les sociétés américaines encouragent les analystes complaisants à réduire leurs estimations de BNPA afin qu'elles puissent créer la surprise positive en publiant des résultats à la hausse ! Pourtant, alors que le cycle commence une nouvelle fois à ralentir et que les sociétés affichent déjà des marges très élevées, les révisions en baisse des analystes pourraient bien, cette fois, traduire une réalité", affirme Albert Edwards, analyste de Société Générale Cross Asset Research. "Les entreprises font du dépassement des estimations des analystes un tel enjeu qu'elles n'hésitent pas s'adonner au passe-temps ridicule qui consiste à induire à la baisse les anticipations dans les semaines, voire les jours, qui précèdent l'annonce, pour ne parvenir finalement qu'à dépasser d'un cheveu des prévisions déprimées. Ces résultats sont présentés dans la presse et dans les études des analystes comme de bonnes nouvelles alors que, bien souvent, la performance publiée est inférieure aux estimations qu'avait le marché quelques semaines auparavant." "Fort heureusement, on ne peut pas toujours se moquer impunément du monde et le marché pénalise finalement ces manipulateurs de bénéfices. (...) Toutes ces manigances rendent extrêmement difficile toute évaluation de l'évolution réelle du cycle bénéficiaire sous-jacent, notamment au cours de la période de publication. La seule chose à faire, c'est de se tenir légèrement à l'écart de l'agitation suscitée par la période de publication." "Nous montrons que, contrairement aux anticipations d'une reprise au second semestre, les indicateurs économiques avancés suggèrent plutôt le contraire, de même que la mesure de l'optimisme des analystes (parmi nos indicateurs préférés). Ainsi, la récente avalanche d'avertissements sur les résultats, qui a abouti à une vague de révisions en baisse des estimations plus importante qu'à l'accoutumée, pourrait marquer le début d'une période nettement plus défavorable aux prix des actions dans les six prochains mois." "L'analyse de l'expérience japonaise il y a dix ans nous a permis de tirer la conclusion selon laquelle dans l'Age de glace, après l'éclatement d'une bulle, le cycle boursier et le cycle économique deviennent anormalement synchrones. Avant l'éclatement de la bulle, le marché actions était plus étroitement corrélé aux prix des obligations qu'au cycle des bénéfices et la tendance à long terme se caractérisait par une hausse des PER tirée par la baisse des rendements obligataires." "Dans l'Age de glace, la tendance à long terme est marquée par une baisse des PER, malgré le recul des rendements obligataires. La contraction à long terme des PER s'intensifie très fortement au cours des périodes de ralentissement de l'économie. Nous constatons qu'une fois de plus les indicateurs avancés se sont retournés à la baisse aux Etats-Unis et même au niveau mondial. S'ils ne semblent pas à ce stade signaler l'imminence d'événements particulièrement catastrophiques, la tendance laisse clairement envisager une décélération de l'activité au cours des mois à venir." "Pour un grand nombre d'observateurs toutefois, la hausse surprise en juin de l'indice ISM aux Etats-Unis a apaisé les craintes liées à l'important accès de faiblesse reflété par une grande partie des enquêtes régionales réalisées auprès des directeurs d'achats américains du secteur manufacturier et publiées au cours des semaines précédentes. La baisse de la composante prises de commandes de l'indice ISM national en dessous de la composante stocks est, pour les sceptiques, de très mauvais augure pour le second semestre de l'année." "Le recours à la planche à billets décidé l'année dernière par Ben Bernanke sous la forme d'un deuxième épisode d'assouplissement quantitatif a empêché l'économie fragilisée de plonger dans la récession. Aujourd'hui, toutefois, compte tenu de l'hostilité déclarée d'un grand nombre de gouverneurs de la Fed envers une troisième phase d'assouplissement quantitatif, il faudrait vraiment que les nouvelles soient nettement plus mauvaises que celles de l'année dernière pour que la Fed décide de déployer à nouveau une politique monétaire de plus en plus discréditée." "Début mai, avant le retour des craintes d'un ralentissement de l'économie américaine, nous avions indiqué que l'optimisme des analystes semblait s'orienter à la baisse (bien que partant d'un niveau très élevé) et que cette tendance présageait probablement des données économiques très inférieures aux attentes. L'optimisme s'est détérioré et l'indicateur de variation de l'optimisme des analystes américains s'est nettement replié en territoire négatif." "Tant au niveau des Etats-Unis qu'au niveau mondial, les courbes font apparaître un recul nettement plus marqué de l'optimisme des analystes qu'avant le précédent cycle de publication il y a trois mois. Une nouvelle vague de déceptions concernant les BNPA pourrait émerger. Dans ce contexte, il sera difficile pour le marché actions de se détacher de cette tendance fondamentale. D'après l'expérience du Japon, en période d'Age de glace, le marché actions évolue au gré des fluctuations cycliques." AUT/ALO