USA : un ralentisement plus sérieux que prévu

21/07/2011 - 10:45 - Sicavonline
USA : un ralentisement plus sérieux que prévu

A lire et entendre la plupart des opérateurs de marché, le ralentissement que connaissent actuellement les Etats-Unis a tout d'une pause de milieu de cycle. Frédéric Leroux, gérant global chez Carmignac Gestion, voit les choses autrement. Selon lui, cette situation est appelée à durer et la décélération de l'économie américaine est plus profonde, même si le pays possède des atouts pour repartir, à moyen ou long terme.

Frédéric Leroux, gérant global chez Carmignac Gestion, n'est pas en phase avec le consensus plutôt optimiste qui règne au sujet des Etats-Unis, et il le dit : « Nous estimons que le ralentissement américain va au-delà d'une petite pause de milieu de cycle ».

Un ralentissement économique durable

« Il serait étonnant qu'on ait des signes de rebond sensible avant la fin de l'année ou le début de l'année de l'année prochaine », surenchérit-il. A l'appui de son raisonnement, la sinistrose du marché du travail américain. L'expert de Carmignac Gestion pointe « des chiffres de l'emploi qui sont extrêmement faibles, [notamment] avec des créations d'emploi qui sont proches de zéro ». D'ailleurs, « la baisse du taux de participation montre le découragement des Américains qui décident de ne même plus aller chercher du [travail] sachant qu'ils n'en trouveront pas », déplore Frédéric Leroux pour qui le taux de chômage officiel de 9,2 % apparaît donc trompeur et se situerait « aux alentours de 12 % » avec un taux de participation analogue à ceux prévalant entre 2006 et 2008. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que « la demande interne reste insuffisamment dynamique ». La faiblesse chronique du marché immobilier américain - « le marché du travail reste faible [et donc] les perspectives sont compliquées pour les acheteurs potentiels » -apporte aussi selon le gérant global de chez Carmignac Gestion de l'eau au moulin d'un ralentissement plus profond de l'économie américaine.

La dette publique : un fardeau compliqué à gérer

Compte tenu du niveau d'endettement des Etats-Unis, l'économie américaine est de surcroît exposée à un danger de « japonisation », c'est-à-dire à « un retour prématuré à la vertu budgétaire qui [entraînerait] un climat déflationniste défavorable » et minerait la croissance. En effet, d'un côté, « les agences de notation demandent aux Etats-Unis de régler cette question [de la dette] sous peine de voir leur AAA se changer en AA »; d'un autre, « les Républicains ont décidé de faire campagne sur la rigueur budgétaire », analyse Frédéric Leroux, d'après qui on a là deux menaces de japonisation « au moment même où il faudrait permettre au pays de se lancer dans une croissance dynamique. »

Des atouts non négligeables

Pourtant, il y a pour le gérant global de chez Carmignac Gestion certaines données qui « peuvent justifier à moyen terme plus d'optimisme aux Etats-Unis qu'en Europe. » Tout d'abord, « les profits des entreprises restent élevés, ce qui pourrait favoriser l'investissement. » Aujourd'hui, si les chefs d'entreprises n'investissent pas davantage, c'est pour une raison simple : explique Frédéric Leroux. Néanmoins, cette forte liquidité des entreprises et ce potentiel d'investissement important est « un facteur d'espoir à long terme : quand les conditions se seront améliorées, les entreprises auront les moyens d'augmenter leur investissement, » d'autant que les banques sont enclines à prêter à des entreprises globalement solides financièrement. Enfin, le gérant global de Carmignac Gestion, souligne que « [la] baisse du dollar à laquelle on assiste depuis 10 ans » permet aux entreprises américaines d'être compétitives par rapport aux européennes. « Elles seront prêtes à faire face à long terme à un schéma de demande forte, » qui viendra des pays émergents, qui « mettent en œuvre une politique [visant] à accroître la consommation. »

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