Pétrole: offre vénézuélienne, demande chinoise (Natixis)

26/07/2011 - 15:51 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le débat récent entre l'Agence internationale à l'énergie (AIE) et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sur la nécessité d'accroître l'offre de brut est directement illustré par les chiffres divergents contenus dans leurs rapports mensuels. Bien qu'il existe un large consensus sur le fait que la production de l'Opep augmentera suffisamment au quatrième trimestre pour satisfaire la demande journalière attendue, on ne sait toujours pas si la production programmée de l'Opep au premier semestre 2012 sera suffisante", note Natixis. "L'AIE pourrait donc réduire son plan de mise sur le marché de stocks stratégiques, sans avoir à libérer beaucoup plus que les 60 millions de barils initialement envisagés, mais la probabilité d'un nouvel affrontement entre l'Opep et l'IEA au premier semestre 2012 reste élevée." "Les membres de l'AIE sont de moins en moins enclins à mettre davantage de brut et de produits pétroliers sur le marché, comme le montre la décision des autorités allemandes (la semaine dernière, ndlr) de mettre fin à ces opérations, après la cession de 2,6 millions de barils seulement sur les 4,2 millions de barils prévus, indiquant que le marché allemand était suffisamment approvisionné. Selon nos informations, l'Allemagne et l'Italie ont refusé la mise sur le marché de réserves stratégiques supplémentaires de pétrole." "Beaucoup dépendra de la rapidité à laquelle l'Arabie saoudite pourra accroître sa production. Selon les statistiques contenues dans le rapport mensuel de l'Opep, la production saoudienne est passée de 8,4 millions de barils par jour en décembre et janvier à 9 millions de barils en mai, et 9,4 millions de barils en juin. Les statistiques Jodi (Initiative pour des données communes sur le pétrole) suggèrent une hausse de la production saoudienne en février (9 millions de barils) ainsi qu'en avril-mai (8,8 à 8,9 millions de barils)." "Ce qui est un peu déconcertant est que ces baisses de production ont été accompagnées d'une forte baisse des stocks saoudiens de brut (-10,6 millions de barils en février, -11,7 en avril et -19,1 en mai, selon les statistiques Jodi). Une part de la baisse des stocks de brut en avril et en mai est sans aucun doute liée au redémarrage des raffineries, mais nous restons toutefois avec l'impression qu'au cours des derniers mois, l'essentiel de la production saoudienne supplémentaire, provenait des stocks locaux plutôt que des puits." "L'Opep a confirmé l'annonce faite au début de l'année par le Venezuela de la révision à la hausse d'environ 40,4% de ses réserves prouvées. Cela porte les réserves vénézuéliennes à 296,5 milliards de barils, soit 32 milliards de barils de plus que l'Arabie Saoudite, qui occupait précédemment le premier rang mondial dans ce domaine. Toutefois, alors que les réserves saoudiennes sont constituées de pétrole conventionnel facile à pomper, celles du Venezuela sont constituées à 75% de brut extralourd extrait des sables bitumineux de l'Orénoque qui doit être traité pour être transformé en brut de synthèse ou être mélangé pour être exporté (le reste étant du brut lourd conventionnel)." "Actuellement, sur une production totale de 2,5 millions de barils par jour, le brut lourd représente seulement 0,6 millions de barils. Le Venezuela souhaite porter sa production de brut extra lourd à 2,6 millions de barils en 2019. Les technologies d'extraction à froid actuellement utilisées ne permettent de récupérer que 8 à 12% du brut lourd contenu dans les réserves, en raison du fort degré de viscosité et de l'hétérogénéité du pétrole de l'Orénoque." "Pour optimiser davantage l'extraction, il faudra mettre en oeuvre des techniques de forages complexes et coûteuses, avec drainage par la vapeur, consommant beaucoup d'énergie. La plupart des champs vénézuéliens exigent des investissements lourds de l'ordre de 3 milliards de dollars par an pour maintenir les capacités à leur niveau actuel." "Le Venezuela a diversifié ses exportations de brut, notamment à destination de la Chine, qui a reçu près de 125.900 barils par jour de brut vénézuélien en 2010. La PVDSA a signé des accords bilatéraux avec plusieurs compagnies, et notamment la CNPC pour développer l'extraction du brut de la ceinture de l'Orénoque d'ici la fin de la décennie. La CNPC participe à hauteur de 40% dans ce nouveau projet." "Depuis 2007, les autorités chinoises ont également consenti au Venezuela des prêts remboursables en pétrole, à hauteur de 12 à 27 milliards de dollars pour développer les champs de l'Orénoque et d'autres projets d'infrastructures. Le Venezuela va porter ses exportations à destination de la Chine à plus de 0,5 million de barils par jour en 2012. La présence de la Chine se fait également sentir dans les raffineries vénézuéliennes à Cuba. En décembre 2010, la CNPC a signé un contrat de 6 milliards de dollars pour développer la raffinerie de Cienfuegos, détenue en partie par PDVSA." AUT/ALO