Arnaud LAGARDERE s'explique (Les Echos)

06/09/2011 - 09:03 - Option Finance

(AOF) - Arnaud Lagardère gérant commandité de Lagardère SCA s'est expliqué dans une interview aux " Echos ". Le fils de Jean-Luc Lagardère a qualifié de rumeurs infondées la dégradation de sa situation financière personnelle. Concèdant être un patron atypique, il assure être entièrement dédié et dévoué à un groupe qu'il aime plus que tout. S'il comprend que les résultats ont déçu, il souligne que le temps des marchés financiers n'est pas le temps de l'entreprise. Pour les réconcilier, Arnaud Lagardère ne connais qu'une seule stratégie : le long terme et tenir son cap. Concernant EADS, le gérant confirme son souhait d'être candidat à la présidence du conseil d'administration en 2012. Il rappelle que c'était l'une des conditions expresse posées par le groupe Lagardère pour céder la première présidence à ses partenaires allemands en 2007. EADS est un actif important et Lagardère y joue son rôle de co-contrôle, a ajouté l'homme d'affaires. Par ailleurs, le désengagement du groupe dans d'EADS n'interviendra pas avant la sortie de l'A350. Le critère n'est pas la date de 2012, mais le moment à partir duquel le programme A350 sera totalement assuré techniquement et commercialement. Arnaud Lagardère ne regrette pas la cession des magazines internationaux. Le périmètre de Lagardère Active pourrait évoluer, avec pourquoi pas, des acquisitions de magazines, en France, a-t-il précis". Pour autant, aujourd'hui il n'y a absolument aucune discussion de cession en cours, affirme le dirigeant. Quant à " Elle ", il ne le vendra jamais. Le groupe va réinvestir le cash généré notamment pour l'instant grâce à la cession de la presse magazine internationale dans ses quatre branches. Mais Arnaud Lagardère pense aussi aux intérêts de ses actionnaires. Vu le contexte dégradé, il réfléchit à deux options possibles. Le Groupe Lagardère envisage soit un rachat d'actions, soit une distribution de dividendes exceptionnels. Il faut récompenser la fidélité des actionnaires qui soutiennent la société.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Le groupe bénéficie d'un portefeuille d'activités équilibré dans les médias, avec des activités cycliques (presse et audiovisuel), qui dépendent des revenus publicitaires, et des métiers contra-cycliques, tels que la distribution et les livres, qui résistent mieux en cas de retournement conjoncturel ; - C'est le résultat du recentrage initié en 1998 qui rapproche Lagardère d'un pure player des médias, avec quatre branches d'activités détenues à 100%, à comparer au conglomérat sans synergies entre les différents métiers exercés à l'époque ; - Le pôle Magazine International a finalement été cédé. Le cash issu de cette opération, ainsi que de l'introduction à venir de la participation dans Canal+, devrait être redistribué en partie aux actionnaires, probablement sous la forme d'un dividende exceptionnel ; - Le groupe bénéficie d'une structure financière solide.

Les points faibles de la valeur

- Le statut de commandite par actions de la société empêche toute tentative d'OPA qui pourrait offrir un potentiel de valorisation au cours du titre ; - La valeur subit encore une décote en Bourse, en raison du maintien de participations minoritaires dans plusieurs sociétés (Canal+, EADS, Marie Claire, Amaury, Le Monde...) ; - L'activité défensive, Lagardère Publishing (Edition) pourrait, à moyen terme, subir une pression forte sur les prix, en raison du développement des livres électroniques ; - De façon structurelle, les magazines perdent des parts de marché face aux autres médias et subissent une baisse de leurs recettes publicitaires ; - La branche Sports ne tient pas les promesses de croissance espérées depuis sa création, en 2007. Elle est réorganisée avec pour objectif d'en faire le leader mondial du sport d'ici cinq ans. Les retombées restent lointaines.

Comment suivre la valeur

- La valeur ne fait plus partie du CAC 40 depuis septembre 2010 ; - Lagardère est une valeur défensive grâce à trois métiers (livres, distribution, droits sportifs). Moins de 20% de son chiffre d'affaires est issu de la publicité ; - L'activité Presse est tout de même sensible à la variation des revenus publicitaires mais aussi au cours du papier, qui constitue sa matière première de base ; - La poursuite du recentrage, avec la cession des participations minoritaires, est une priorité. Cela permettra de réduire la décote en Bourse ; - Les analystes estiment qu'il faudra attendre l'introduction en Bourse de la participation de 20% dans Canal+ pour que Lagardère retrouve une dynamique boursière. Initialement prévue en avril, cette opération a été reportée en raison de la volatilité des marchés suite à la catastrophe japonaise. Elle pourrait désormais intervenir à l'automne.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Les groupes avaient initialement choisi de ne pas faire payer leurs contenus en ligne, en misant sur les revenus publicitaires engendrés par l'audience. Ils revoient aujourd'hui leur position et mettent en place des systèmes de péage. Le britannique Times, appartenant au groupe News Corp., a choisi la formule du tout-payant sur le Web depuis le 1er juillet. Quant au New York Times, il introduira une formule payante début 2011. Il se dirige vers le freemium : une partie du contenu du site est gratuite tandis que l'autre est payante. En France, plusieurs quotidiens généralistes ont opté pour cette formule. En septembre 2009, Libération a rendu payants sur son site des articles de son quotidien papier. LeFigaro.fr a également introduit un système d'abonnement en février. LeMonde.fr, l'un des premiers à avoir facturé des contenus en 2002, réserve désormais les articles de son quotidien papier à la version payante de son site. Ces acteurs espèrent ainsi rentabiliser une audience qui s'établit à plusieurs millions de visiteurs uniques mensuels et éviter la cannibalisation des contenus des versions papier. FTB/ACT/