Vives tensions entre l'Allemagne et la BCE

13/09/2011 - 10:47 - Sicavonline
Vives tensions entre l'Allemagne et la BCE

Le chef économiste de la BCE, l'allemand Jürgen Stark, a démissionné vendredi 9 septembre du directoire de la Banque Centrale Européenne, officiellement pour raisons personnelles. Aux yeux des marchés, le départ du chef économiste de l'institut monétaire souligne un profond désaccord au sein de la BCE sur l'aide qu'elle apporte aux pays les plus fragiles de la zone euro en rachetant leurs emprunts obligataires. Après Axel Weber, c'est la deuxième fois en moins d'un an qu'un Allemand claque la porte de l'institution. Preuve de dissensions croissantes entre l'Allemagne et la BCE.

La zone euro traverse sa pire crise depuis la création de la monnaie unique, il y a 12 ans. Alors que les marchés boursiers s'enfoncent dans les abysses, que les rumeurs de défaut de paiement de la Grèce n'ont jamais été si fondées, la zone euro ne peut maintenant plus cacher un conflit qui couve depuis déjà trop longtemps entre l'Allemagne et la BCE.

Le fossé se creuse entre l'Allemagne et la BCE

La démission du chef économiste de la Banque centrale européenne, Jürgen Stark, vendredi 9 septembre 2011 au beau milieu de la tempête n'est pas anodine. Selon plusieurs sources, ce dernier aurait en effet préféré quitter l'institution plutôt que de soutenir une politique monétaire qu'il juge trop permissive et trop laxiste envers les pays les plus faibles de la zone euro. Déjà en février dernier, un autre Allemand, l'ex-président de la Bundesbank Axel Weber, avait décidé de claquer la porte de la BCE en raison de son opposition au programme d'achats d'obligations souveraines mis en place par l'institution pour apaiser les tensions sur les taux. Ces démissions successives semblent confirmer l'écart de vue grandissant entre la BCE et l'Allemagne et « alimentent », d'après Aurel Bgc, « les rumeurs de sortie de l'Allemagne de la zone euro ». Outre les tensions sur la question des rachats de la dette souveraine des pays en difficulté, la BCE fut ces derniers mois de nombreuse fois la cible des critiques allemandes aussi bien sur son mode de fonctionnement que sur sa politique monétaire... De nombreux économistes allemands de renom ne font pas mystère qu'ils jugent la politique de la BCE bien trop accommodante. L'Allemagne qui réclame plus de rigueur dans la politique monétaire de la zone euro espère bien finir par se faire entendre. Le calme ramenée par les propositions d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy (renforcement de la gouvernance européenne, instauration de la règle d'or) à la mi-août a fait long feu et la zone euro semble plus que jamais embourbée dans une crise dont personne ne sait réellement comment l'en faire sortir.

Angela Merkel fragilisée

Cette nouvelle démission risque de fragiliser encore un peu plus la Chancelière allemande, Angela Merkel. En Allemagne, des voix de plus en plus vivent s'élèvent contre la politique monétaire menée par la BCE. Les allemands ne veulent pas être « obligés » de payer pour les pays de la zone euro qui ne respectent pas les règles. Dimanche 11 septembre, Angela Merkel a donc appelé ses concitoyens à faire preuve de patience vis-à-vis de la Grèce dans un entretien au journal allemand Tagesspiegel am Sonntag, et a ajouté que « l'Allemagne n'avait pas de vrai avenir sans l'Europe ».

Le départ de Jürgen Stark, une pas si mauvaise nouvelle ?

De surcroît, d'aucuns considèrent que tout n'est pas négatif dans le départ de Jürgen Stark. Même si il est inquiétant en thermes de cohésion intra-européenne, il s'avère aussi, d'une certaine manière « rassurant sur la volonté de la BCE de continuer à tout faire pour sauver la zone euros, » souligne CM-CIC Securities car il apparaît clair que si la Banque Centrale Européenne avait eu l'intention de cesser ses achats de titres dans les semaines à venir, Jürgen Stark n'aurait pas eu besoin de démissionner. On se rassure comme on peut. Quoi qu'il en soit la succession de Jürgen Stark apparait elle aussi compliquée et semble se diriger vers un nouveau bras de fer entre la BCE et l'Allemagne qui a déjà proposé son candidat, « un ardent défenseur de l'orthodoxie monétaire à l'allemande » comme le fait remarquer le broker CM-CIC Securities. Cela promet.

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