Natixis : pas d'issue rapide à la crise de la dette européenne

22/09/2011 - 11:10 - Option Finance

(AOF / Funds) - "On sait qu'en zone euro les risques sont corrélés. Une mauvaise nouvelle sur le front budgétaire a un impact immédiat sur le risque bancaire, puisque les banques européennes sont fortement exposées au risque souverain. Les problèmes que ces dernières rencontrent dans le marché pour se refinancer (certains patrons de grandes banques françaises reconnaissent l'augmentation du coût de la ressource) se transmettent à l'économie par un durcissement des conditions de crédit et/ou un renchérissement du crédit", note René Defossez de Natixis. "Le ralentissement de la conjoncture qui en résulte conduit à des rentrées fiscales plus faibles et donc une aggravation de la situation budgétaire. Et ce mécanisme circulaire tourne de plus en plus vite, et pas forcément toujours dans le même sens." "Ainsi, l'exacerbation des tensions dans le système bancaire peut conduire à une dégradation des finances publiques si, comme le suggère le FMI, cela se fait par injection d'argent public. Une dégradation des finances publiques provoque des effets d'éviction défavorables à l'investissement privé, et oblige à des réductions de dépenses/augmentations de recettes par ailleurs, ce qui dans tous les cas pèse sur l'activité. Et plus l'activité se dégrade, plus les bad loans s'accumulent et la situation des banques se dégrade." "Il n'y a, à court terme, aucune amélioration sur le plan de la liquidité. Le spread Euribor-OIS 3 mois s'affiche désormais à 82pb. Malgré les engagements de cinq banques centrales, la semaine dernière, de fournir autant de liquidité en dollars que nécessaire aux banques de l'UEM, les marges de basis swap 1 an contre libor flat se sont encore élargies. La semaine dernière, la BCE avait fourni 575 millions d'euros à deux banques. Aujourd'hui, elle a octroyé 500 millions à une banque." "Compte tenu du mécanisme évoqué plus haut, il est difficile d'imaginer une issue rapide à cette (ces) crise(s). On peut bien sûr, comme le suggère le FMI, recapitaliser les banques, mais cela n'amènera pas de solution au problème originel, à savoir la crise budgétaire. On peut faire un (des) plan(s) de relance comme aux Etats-Unis, mais on aggraverait à court terme la crise budgétaire. On peut au contraire réduire les déficits de manière agressive, mais l'Italie vient de voir sa dette baissée par S&P, malgré l'annonce d'un plan d'austérité particulièrement sévère." "Les autres solutions, si l'on veut éviter un emballement du mécanisme décrit plus haut, sont la mutualisation du risque souverain (euro-bonds) ou la monétisation des dettes européennes en stress. Mais elles ont peu de chances d'être mises en application rapidement (à supposer qu'elles le soient un jour)." AUT/ALO