AREVA : de nouvelles provisions sont à craindre (presse)

11/10/2011 - 08:56 - Option Finance

(AOF) - Dans un pré-rapport, présenté ce mardi devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, le député Marc Goua estime que les mines d'uranium et les surcoûts de l'EPR finlandais peuvent encore réserver des surprises, écrit "La Tribune". "Il s'agit en fait d'un pré-rapport", explique à "La Tribune" Marc Goua, "car compte tenu des difficultés rencontrées pour obtenir des informations, je vais demander un délai pour rendre le rapport final fin octobre". Marc Goua confirme que l'acquisition de trois mines de la société Uramin en Afrique, pour 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros) en 2007, s'est révélée "chère", surtout pour des gisements qui, quatre ans après, ne produisent rien, ou presque, indique "La Tribune". Le député n'épargne pas la responsabilité de la tutelle d'Areva en soulignant que cette opération a été approuvée par l'APE entre le 7 et le 24 mai 2007, au lendemain des présidentielles, en pleine passation de pouvoir entre Thierry Breton et Jean-Louis Borloo, qui n'est resté à Bercy que quelques semaines. "Je ne suis pas sûr que l'on en ait fini avec les surcoûts de l'EPR finlandais", ajoute Marc Goua. Le député s'interroge sur la nature et les conséquences des garanties offertes par Areva à son client finlandais sur le futur fonctionnement de l'EPR. Le groupe nucléaire a déjà provisionné 2,6 milliards d'euros pour faire face aux pertes liées à ce réacteur, facturé 3 milliards d'euros. Enfin conclut le quotidien. Marc Goua doit scruter les comptes d'EDF. " Il n'en serait qu'au début,le groupe le renvoyant aux informations disponibles sur son site. Le rapporteur souhaite regarder de plus près l'achat de British Energy par EDF en 2008, pour 13,5 milliards d'euros, les provisions pour le démantèlement des centrales, jugées "extrêmement faibles" et l'accord Areva/EDF intervenu cet été.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Le groupe public (détenu à 83% par le CEA et l'Etat) se répartit désormais entre les Mines d'uranium, l'Amont (enrichissement, fabrication du combustible), les Réacteurs et Services, l'Aval (traitement et recyclage des déchets nucléaires) et les Energies Renouvelables ; - Areva bénéficie d'un modèle économique intégré unique (amont / aval), résilient (fondé sur des contrats long terme pour les activités Mines/Amont, Enrichissement et Recyclage) et récurrent à plus de 80% pour la fourniture de produits et services à la base installée ; - Les grandes puissances économiques sont devenues dépendantes du nucléaire. Hormis l'Allemagne et la Suisse, aucun État engagé dans le nucléaire ne pense à une remise en cause de l'atome comme source de production d'électricité, malgré l'accident de Fukushima ; - Areva jouit aussi d'une présence dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) qui complète l'offre d'énergie propre du nucléaire et qui bénéficiera de la forte hausse des investissements dans le renouvelable ; - La cotation, depuis fin mai 2011, sous forme d'actions ordinaires (en remplacement des certificats d'investissement - CI) va accroître significativement le flottant et renforcer, avec l'attribution de droits de vote contrairement aux CI, l'attrait du titre pour des investisseurs stratégiques.

Les points faibles de la valeur

- Le débat sur la sûreté nucléaire après le dramatique séisme au Japon et ses conséquences sur les centrales de l'archipel pèse sur la valeur ; - Le recul du carnet de commandes, les revenus en baisse et les premières estimations de dépréciations d'actifs post Fukushima ont conduit Areva à décaler en fin d'année l'annonce du nouveau plan stratégique ; - La relance nucléaire tant attendue sera quelque peu différée, le temps de pratiquer les audits de sûreté ; - La participation dominante de l'Etat français dans le capital social d'Areva reste une source d'incertitudes considérables pour les investisseurs ; - Il n'existe pas de comparable coté ce qui rend le dossier parfois peu visible pour les investisseurs ; - L'activité d'Areva nécessite de très importants investissements, notamment en amont ; - La situation financière de l'industriel reste contrainte ; - La construction de réacteurs n'est pas rentable. Cette activité était en perte opérationnelle, même avant les provisions du chantier finlandais. Le groupe propose des réacteurs de troisième génération appelés EPR, qui sont encore des prototypes ; - Depuis le début du chantier de l'EPR, le groupe a été contraint de passer des provisions supplémentaires (et conséquentes) à de nombreuses reprises. Les analystes en attendent de nouvelles d'ici à l'achèvement du chantier. La visibilité reste donc faible sur ce dossier.

Comment suivre la valeur

- Le débat sur la sûreté nucléaire est à suivre ; la dimension politique de la valeur s'en trouve encore renforcée ; - Areva peut encore être considérée comme une valeur de restructuration ; - Anne Lauvergeon, l'emblématique présidente d'Areva depuis l'an 2000 et à l'origine de la fusion entre Framatome et Cogema, est remplacée par le numéro deux du groupe, Luc Oursel ; - Le projet de filialisation de la branche minière est à suivre ; - Areva et EDF sont historiquement imbriquées. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les réorientations stratégiques sont à l'oeuvre parmi les énergéticiens allemands, lourdement impactés par l'arrêt des réacteurs nucléaires. En y ajoutant la taxe sur le nucléaire introduite le 1er janvier, E.ON estime que ses comptes ont été pénalisés de 1,9 MdEUR au premier semestre. L'impact sur les comptes de RWE s'est élevé à 900 MEUR. E.ON a publié la première perte nette trimestrielle de son histoire, à hauteur de 1,4 MdEUR. Le groupe a annoncé des restructurations qui pourraient concerner jusqu'à 11 000 personnes sur un total de 79000. Comme son concurrent RWE, il a dû réviser à la baisse ses prévisions pour 2011. RWE a, lui, enregistré une perte de 229 MEUR au deuxième trimestre. Pour assainir sa structure financière, le groupe souhaite lever 2,5 MdEUR de capital. Il désire également renforcer son programme de cessions et entend désormais se séparer d'actifs d'un montant total de 11 MdEUR, soit 3 MdEUR de plus que prévu. FTB/ACT/