LAFARGE : bénéfice net en baisse de 10% au troisième trimestre

04/11/2011 - 09:02 - Option Finance

(AOF) - Lafarge a vu son bénéfice net baisser de 10% à 336 millions d'euros au troisième trimestre 2011, pénalisé notamment par l'inflation des coûts. Le résultat d'exploitation affiche un repli de 9% à 750 millions (-7% à périmètre et taux de change constants) tandis que le chiffre d'affaires progresse de 1% à 4,211 milliards d'euros (+6% à périmètre et taux de change constants) grâce à la croissance soutenue des volumes dans les marchés émergents. A fin septembre 2011, les prix du ciment sont en augmentation par rapport à fin 2010. Toutefois, le niveau moyen des prix du ciment sur les neufs premiers mois de 2011 reste légèrement inférieur à celui de la période comparable en 2010. L'inflation des coûts et les variations de change ont pesé sur les résultats. Lafarge a réalisé 50 millions d'euros de réduction de coûts structurels sur le trimestre, soit 150 millions sur les neuf premiers mois, en ligne avec son objectif de 200 millions pour 2011. Le groupe, qui a pris la décision stratégique de céder ses activités Plâtre, a déjà sécurisé plus de 2 milliards de désinvestissements sur 2011 pour réduire sa dette. Enfin, Lafarge lance un nouveau programme de réductions des coûts de 500 millions en 2012 dont la plus grande partie devrait être réalisée l'année prochaine. Le groupe continue d'anticiper une demande de ciment en hausse et maintient une estimation de croissance de ses marchés comprise entre 2 et 5 % en 2011 par rapport à 2010 à la faveur du dynamisme des marchés émergents. Globalement, les prix devraient rester stables ou en légère hausse sur l'année, dans un contexte d'inflation des coûts accrue. Dans un communiqué distinct, Lafarge a annoncé reçu 850 millions d'euros à la suite de la finalisation du rachat par le Groupe Etex de ses opérations Plâtre en Europe et en Amérique du Sud. Le cimentier français conservera une participation de 20% dans la nouvelle entité.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Lafarge est le leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre ; - Le groupe bénéficie d'une bonne diversification géographique. Les pays émergents représentent plus de 50% du chiffre d'affaires ; - Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ; - Le groupe prend les mesures nécessaires pour redresser sa situation financière après l'explosion de la dette suite au rachat d'Orascom ; - La réduction de la structure des coûts va conférer un effet de levier sur les résultats du groupe lors de la reprise de l'activité.

Les points faibles de la valeur

- Le secteur de la construction reste à la peine en Bourse. Après avoir affiché la plus forte baisse au sein du CAC 40 en 2010, Lafarge est toujours en très forte baisse depuis début 2011 ; - Le poids de la dette reste une préoccupation majeure ; - Le groupe réduit le montant de son dividende pour alléger son endettement ; - Le scénario de croissance économique très faible dans les pays matures (47% du CA) rend la matérialisation du levier opérationnel difficile ; - Les plans d'austérité en Europe pourraient se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures ; - Le groupe poursuit la réduction de ses investissements de capacité alors que ses concurrents les ont repris. Cela risque d'hypothéquer le potentiel de gain de parts de marché du groupe à moyen terme, notamment dans les zones en forte croissance ; - L'exposition du groupe au Moyen-Orient le rend sensible à la montée du risque géopolitique dans la région depuis début 2011.

Comment suivre la valeur

- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique, ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit, du climat de confiance, et des conditions climatiques ; - Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment ; - Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis ; - Les cessions d'actifs sont à suivre. Face à la reprise modeste dans les pays matures, Lafarge va probablement rationnaliser son dispositif cimentier devenu surdimensionné en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis ; - Le groupe souhaite accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables ; - La structure actionnariale du groupe est particulière avec la juxtaposition de deux actionnaires de référence (Groupe Bruxelles Lambert et NNS) et non impliqués par une action de concert. Même s'ils sont des actionnaires de long terme, leurs objectifs peuvent parfois diverger compte tenu des cultures spécifiques de l'un et de l'autre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

La réallocation du portefeuille d'actifs est à l'ordre du jour chez les industriels. Les stratégies de désinvestissement ou, au contraire, de croissance externe répondent à des situations financières très distinctes. Pénalisé par un endettement très lourd suite à la reprise d'Orascom en 2007, et ayant subi une dégradation de sa notation dans la catégorie "spéculative" qui a renchéri le coût de ses financements, Lafarge cherche activement à céder des actifs. Il a choisi de se désengager complétement de l'activité Plâtre, le plus petit et le moins rentable de ses métiers. En revanche, Saint-Gobain, qui entend consolider ses positions dans la distribution de matériaux de construction et de produits sanitaires, de chauffage et de plomberie, mène des acquisitions. Le groupe a racheté deux entreprises appartenant au distributeur de matériaux de construction britannique Wolseley. Il a repris Build Center au Royaume-Uni pour 165 MEUR et prévoit de débourser 186 MEUR pour acquérir Brossette en France. FTB/ACT/