Natixis attend toujours une nouvelle baisse des taux BCE en décembre

04/11/2011 - 10:44 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le premier acte de Mario Draghi aura surpris le marché... en bien, avec une baisse unanime de 25pbs à 1,25%. La nouvelle présidence de la BCE aura moins respecté le protocole (pas d'annonce en octobre d'une baisse à venir mais c'était alors toujours Jean-Claude Trichet à la barre) que de réagir avec rapidité à une situation qui l'exigeait de plus en plus (dégradation conjoncturelle s'accélérant, crise grecque à son paroxysme)", note Jean-François Robin de Natixis. "Globalement la conférence de jeudi n'a pas marqué de bouleversement dans le fond entre Jean-Claude Trichet et son successeur avec un wording quasi identique. Les risques sur la croissance sont à la baisse alors que ceux sur l'inflation sont de nouveau jugés comme balancés." "En se basant sur les dernières statistiques (hard data comme enquêtes du type PMI manufacturier), la BCE considère que les risques pesant sur la croissance sont à la baisse avec certains qui se sont déjà matérialisés et annoncera en décembre une réduction significative de ses prévisions de croissance et d'inflation pour 2012. M. Draghi parle de récession modérée en fin d'année..." "Côté inflation justement, les risques sont toujours jugés équilibrés mais le CPI est attendu sous les 2% courant 2012. Après la confirmation que la BCE allait continuer à acheter des titres sur le marché secondaire (4 milliards d'euros la semaine dernière), à l'encontre des demandes insistantes allemandes, le geste de jeudi semble porter la marque d'une BCE pro active. Reste à voir si le SMP continuera dans les faits." "Mario Draghi a durant la conférence de presse, de ce point de vue là, pu paraître un peu plus prudent. Passage obligé depuis la création du SMP celui-ci est considéré comme répondant avant tout à des considérations de politique monétaire. Mario Draghi a précisé d'ailleurs les trois caractéristiques du SMP : il est temporaire comme toutes les mesures non conventionnelles, a des montants limités, et a pour but le bon fonctionnement de la politique monétaire." "Le nouveau président ne semble pas vouloir mettre fin forcément au SMP, M. Draghi répétant que le SMP et le repo étaient deux choses indépendantes et que le bilan de la BCE était protégé et pas du tout mis en danger par les achats. Dans le même temps étaient d'ailleurs détaillées les modalités du programme d'achat de covered bonds d'ici fin octobre 2012)." "Mais a l'inverse, il n'a pas du tout annoncé une accélération du programme d'achat non plus de titres d'Etat. Il a insisté sur le fait que la BCE n'était pas un prêteur en dernier ressort et que les gouvernements devaient s'en sortir tous seuls face à l'overshooting des spreads actuels par un assainissement des finances publiques et des réformes pour améliorer la compétitivité. De ce point de vue là si la BCE devait arrêter ou ralentir ses achats, la zone euro risquerait d'aller droit dans le mur de dette italienne." "Car ce qui est à craindre, notamment après le retrait du marché de l'EFSF hier qui n'a pas voulu/pu émettre compte tenu des tensions sur le marché, c'est qu'à part la BCE pour l'instant il n'y a pas de prêteur en dernier ressort. En continuant, pour l'instant, de permettre le refinancement de l'Italie via les marchés à des taux soutenables, ie pas durablement au-dessus de 6%, compte tenu du volume à émettre (192 milliards de tombées en 2012 hors BOT)..." "Pour ce qui est des taux directeurs, Mario Draghi n'a pas semblé annoncer de nouvelle baisse des taux en précisant que la baisse prenait en compte le ralentissement dorénavant intégré par la BCE. Il a repris à son compte le mantra que rien n'était écrit à l'avance. Tout dépendra alors sans doute des statistiques à venir au quatrième trimestre et, de ce point de vue là, le scénario central Natixis reste celui d'une nouvelle baisse des taux le 8 décembre prochain... Mais au final, la crédibilité d'un banquier central n'est elle pas mieux servie en faisant ce qu'exigent les circonstances plutôt que s'en tenir au modus operandi traditionnel ?" AUT/ALO