L'abandon, par les autorités britanniques, de l'enquête sur une vaste affaire de corruption concernant les contrats militaires avec l'Arabie Saoudite, sous l'insistante pression du royaume wahhabite, n'a pas fini de faire couler de l'encre. Si, officiellement, le patron de la justice britannique évoque "l'intérêt public général" et des questions de sécurité, l'intérêt économique semble avoir largement pris le pas sur toute autre considération, Londres ne souhaitant pas, on peut le comprendre, couper les ponts avec le premier pays producteur de pétrole du monde, qui plus est grand pourvoyeur de commandes à l'industrie d'outre-Manche.
Le contrat le plus visible concerné par l'abandon de cette enquête est celui des 72 chasseurs de combat "Eurofighter", que Riyad avait menacé d'annuler si la justice britannique ne cessait pas immédiatement ses investigations. Il devrait donc suivre normalement son cours, laissant sur le carreau Dassault Aviation qui espérait bien s'engouffrer dans la brèche avec son 'Rafale'. Las, cela devrait encore être pour la prochaine fois. A moins que... Selon 'Les Echos' ce matin, l'avionneur hexagonal ne désespérerait pas de placer son jet à quelques exemplaires auprès de l'Arabie Saoudite, en jouant notamment sur les capacités supérieures du 'Rafale' dans l'attaque au sol.
Sur le fond de l'affaire pourtant, cette ingérence du politique et de l'économique dans la justice fait débat outre-Manche, où l'on redoute que cela laisse la porte ouverte à d'autres mesures de ce type. Quant à la justification d'intérêt général, elle a décidément du mal à passer.
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