VEOLIA : deuxième avertissement sur résultats

10/11/2011 - 08:51 - Option Finance

(AOF) - Veolia Environnement a publié des résultats trimestriels décevants et révisé à la baisse son objectif de performance opérationnelle. Pénalisé par ses activités en Europe du Sud et dans l'eau en France, le numéro un mondial des services à l'environnement a précisé que le résultat opérationnel récurrent serait en baisse sur l'année par rapport au résultat opérationnel récurrent publié en 2010, hors Veolia Transdev et à change constant. Cette baisse pourrait atteindre le même ordre de grandeur que celle constatée à fin septembre 2011, soit 12,9%. Fin juillet, Veolia avait déjà abaissé cet objectif. Le groupe avait annoncé un résultat opérationnel récurrent, hors Veolia Transdev et à change constant, "en léger retrait" par rapport à 2010. En revanche, Veolia a laissé inchangé ses objectifs de croissance organique de l'activité, de réduction des coûts de 250 millions d'euros, de cessions de 1,3 milliard d'euros et d'un cash-flow libre positif après paiement des dividendes. Sur les neuf premiers mois de l'année, le groupe a dégagé une capacité d'autofinancement opérationnelle de 2,391 milliards d'euros, en hausse de 1% à change courant (+1,2% à change constant). Hors Veolia Transdev, la capacité d'autofinancement opérationnelle serait en recul de 6,3% à change constant. Le résultat opérationnel récurrent est ressorti à 1,251 milliard, en baisse de 8,6% à change courant (-9% à change constant), sous l'effet de l'érosion contractuelle notamment dans l'Eau en France, des difficultés opérationnelles localisées communiquées au premier semestre, et des coûts de mise en oeuvre des plans d'économies et de recentrage des activités. Hors Veolia Transdev, le résultat opérationnel récurrent serait en recul de 12,9% à change constant. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 23,963 milliards, en hausse de 3,7% à périmètre et change constants.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Veolia est le leader mondial des services à l'environnement ; - Le groupe bénéficie de trois grands moteurs de croissance : l'accroissement de la population mondiale et de l'urbanisation, la nécessité de gérer les impacts sur l'environnement, et enfin le renforcement des réglementations ; - Le modèle de gestion déléguée qui est celui de Veolia (et de Suez Environnement) devrait fortement se développer, les opérateurs privés fournissant en eau moins de 10% de la population mondiale (contre 65% en France). Ce modèle est moins coûteux pour les clients que celui de la régie ; - Le groupe dispose des technologies de pointe dans le tri et fait preuve d'innovation dans le recyclage des produits dangereux.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe a perdu la confiance des marchés suite à des déceptions répétées. Il faudra du temps pour la regagner. Le nouveau " profit warning " de l'été 2011 entache un peu plus cette confiance ; - Les investisseurs sont très sceptiques sur le timing du retour à la rentabilité du groupe. Les métiers de Veolia sont des métiers de long terme. La rentabilité met donc du temps à se redresser. Les objectifs de croissance à moyen terme du groupe sont reportés ; - Il n'y a pas de visibilité sur l'évolution du périmètre à venir. Il pourrait être difficile de vendre des activités en difficultés dans un contexte économique où les acheteurs se feront peut-être rares ; - Les investisseurs doutent de la capacité de Veolia à créer de la valeur dans un contexte où les pressions sur les prix sont de plus en plus fortes ; - Plus généralement, les investisseurs boudent le secteur des utilities, considérant qu'il restera encore durablement sous la pression tarifaire des autorités publiques des pays européens ; - Certains craignent que la distribution de dividende soit nettement revue en baisse alors que Veolia est historiquement une valeur de rendement. Le dividende est déjà attendu en baisse pour 2011 ; - La crise a révélé le caractère cyclique de l'activité Propreté de Veolia et la dépendance de l'activité Recyclage aux cours des matières premières recyclées ; - Contrairement à son concurrent, Suez environnement, Veolia a acheté des sociétés au prix fort en 2007 et 2008, juste avant la crise, et il doit affronter la conjoncture actuelle avec une dette trop lourde à porter. Certains analystes considèrent que la dette de Veolia constitue un frein majeur à sa croissance, l'amenant à renoncer dans le futur à des projets d'envergure.

Comment suivre la valeur

- Longtemps perçue comme une valeur défensive et de croissance, Veolia est désormais une valeur de restructuration. Mais depuis la crise de la dette, la valeur est boudée par les investisseurs. Son statut de valeur de rendement pourrait même être remis en cause ; - Les activités liées à l'eau et à la propreté sont fortement consommatrices de capitaux. Dans le secteur des utilities, les groupes sont fortement endettés et donc dépendants de l'évolution des taux d'intérêt ; - Le marché attend la présentation stratégique de décembre 2011. Cela sera déterminant pour regagner la confiance des investisseurs. Le nouveau mot d'ordre serait d'être plus petit et plus rentable. Ce recentrage devrait entraîner d'importantes cessions d'actifs en 2012. Parallèlement, Veolia met en place un plan de réduction des coûts ; - Le rapprochement de Veolia Transport avec la société Transdev est effectif depuis mars 2011. Une mise en Bourse est envisagée. Une déconsolidation de l'activité transport améliorerait la perception du groupe par le marché ; - Le groupe est facilement opéable du fait d'un capital éclaté.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les réorientations stratégiques sont à l'oeuvre parmi les énergéticiens allemands, lourdement impactés par l'arrêt des réacteurs nucléaires. En y ajoutant la taxe sur le nucléaire introduite le 1er janvier, E.ON estime que ses comptes ont été pénalisés de 1,9 MdEUR au premier semestre. L'impact sur les comptes de RWE s'est élevé à 900 MEUR. E.ON a publié la première perte nette trimestrielle de son histoire, à hauteur de 1,4 MdEUR. Le groupe a annoncé des restructurations qui pourraient concerner jusqu'à 11 000 personnes sur un total de 79000. Comme son concurrent RWE, il a dû réviser à la baisse ses prévisions pour 2011. RWE a, lui, enregistré une perte de 229 MEUR au deuxième trimestre. Pour assainir sa structure financière, le groupe souhaite lever 2,5 MdEUR de capital. Il désire également renforcer son programme de cessions et entend désormais se séparer d'actifs d'un montant total de 11 MdEUR, soit 3 MdEUR de plus que prévu. FTB/ACT/