SG Cross Asset Research préoccupé par la fraude chinoise

10/11/2011 - 15:54 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La tragédie grotesque de la crise de la dette qui sévit dans la zone euro est, à n'en pas douter, fascinante, mais une situation bien plus troublante encore n'est-elle pas en train de se matérialiser en Chine ? Si la crédulité alimentée par le crédit se trouve au coeur de la plupart des bulles, elle constitue en outre un terreau favorable à des pratiques frauduleuses. Personne ne remarque rien dans une phase haussière. (...) ces dernières commencent à se faire jour dans une phase baissière", note SG Cross Asset Research. Dans ce contexte, l'actualité de la Chine est de toute évidence fort préoccupante, juge-t-il. "La Chine n'a entériné le droit à la propriété dans sa constitution qu'en 2004 et, comme l'attestent les plaintes innombrables des populations rurales privées de leur bien, ce droit est encore loin d'être clairement défini. En outre, les données chinoises sont de qualité médiocre. Par conséquent, il est impossible d'identifier à quel moment exactement tout cela a commencé." "(...) L'ordre intimé par le gouvernement central à ses banques de prêter, pour permettre à l'économie de continuer d'avancer face à l'effondrement brutal du commerce mondial courant 2008, a conduit à l'une des envolées du crédit les plus fulgurantes de l'histoire financière. Les emprunts totaux sur une base annualisée se sont accrus d'environ 170% à leur plus-haut, les autorités, tant renommées pour leur maîtrise présumée, ayant clairement perdu le contrôle." "Quiconque s'est rendu en Asie ces dernières années peut comprendre l'euphorie qui entoure les marchés émergents en général, et la Chine en particulier, (...) Même à l'heure actuelle, nous continuons d'entendre que cette fois, c'est différent, que les autorités chinoises exercent un contrôle étroit et qu'il n'est pas dans leur intérêt de permettre un effondrement du marché immobilier." "Nous entendons également que les fondamentaux justifient des prix de l'immobilier plus élevés (comme ce fut le cas au Japon dans les années 1980, et aux Etats-Unis plus récemment), ou que les Chinois perçoivent l'immobilier comme un moyen d'accumuler de la valeur et qu'ils ne se soucient guère de détails aussi triviaux que le sort des occupants. Et, bien sûr, dans la mesure où les Chinois payent cash, le sentiment qui prédomine est l'absence d'endettement dans le système." "Pourtant, si le système ne repose pas sur l'endettement, comment expliquer alors la brusque ruée vers la liquidité au sein du secteur immobilier chinois en réponse aux mesures de restriction du crédit ? Selon un article récent de Bloomberg, près de 70% des promoteurs immobiliers auraient enregistré une détérioration de leur cash flow en août comparé à juillet." "Les différentes sociétés chinoises cotées à l'étranger ayant fait l'objet de prises de contrôle inversées (...) semblent aujourd'hui se trouver dans une situation bien pire encore (que Bear Stearns, ndlr). Le cas de Sinoforest a été spectaculaire et le groupe Chaoda Agriculture, ancienne valeur préférée du marché, est désormais soumis à une étroite surveillance des régulateurs de Hong Kong. Je ne serai pas surpris si nous devions apprendre qu'un grand promoteur est aujourd'hui au bord de la faillite pour avoir délibérément maquillé ses comptes." "La récente ruée des promoteurs immobiliers vers la liquidité, l'expansion massive et soudaine du crédit au cours des dernières années et le sentiment répandu que le cas de la Chine est différent tendent à donner une dimension plus concrète à toutes ces révélations de fraude. (...) Il est probable que les Chinois continuent à opérer avec succès sur plusieurs fronts à la fois encore quelques années, à l'image de la Fed après l'éclatement de la bulle technologique, (même s'il ne s'agit pas d'un précédent positif compte tenu des effets désastreux que la bulle du crédit a engendrés)." "Notons que les prévisions économiques, avant que la bulle n'éclate, sont toujours trop optimistes. Wenzhou, berceau du capitalisme privé et cité pionnière d'un réseau développé de prêts parallèles très prisé par les entreprises de tout le pays, en réponse aux consignes données aux banques de réduire le volume des nouveaux prêts, semble être en proie à une véritable crise du crédit. Les entrepreneurs qui ne se sont pas suicidés ont pris la tangente. Pourtant, seuls quelques observateurs prévoient un atterrissage brutal, malgré une situation qui semble très clairement exercer d'intenses pressions sur l'un des secteurs clés et hautement spéculatif de l'économie !" "Wenzhou représente en effet une petite partie de l'économie et la crise financière à laquelle elle est confrontée devrait selon toute vraisemblance être contenue. Je pense, pour ma part, que la situation va se révéler bien plus catastrophique qu'attendu et que tout pays dépendant de la Chine risque de connaître des lendemains difficiles. A l'instar de l'Australie, le ratio dette des ménages/PIB est plus élevé aujourd'hui qu'aux Etats-Unis avant le krach et le paiement des intérêts des prêts hypothécaires représente 65% des revenus après impôts !" "L'Australie a connu une importante phase d'expansion grâce à la demande soutenue de matières premières alimentée par la bulle du crédit en Chine et sa propre bulle immobilière devrait éclater dans le sillage de celle de la Chine. Je pense, en tout état de cause, qu'il serait judicieux de s'intéresser de près au taux de change du dollar australien qui, sur sa moyenne mobile, affiche un rendement asymétrique approprié." AUT/ALO