La France n'est pas l'Italie, mais la récession guette

10/11/2011 - 23:49 - Sicavonline (mis à jour le : 02/04/2015 - 10:26)

Pour Philippe Waechter, les signes de tension sur la dette française ne permettent pas de mettre la France et l'Italie sur le même plan. Cependant, le chef économiste de Natixis AM juge que le risque de récession en France ne peut être écarté, les mesures annoncées par le gouvernement Fillon risquant de peser sur la consommation des ménages, principal moteur de la croissance dans l'Hexagone.


Si l'Italie est aujourd'hui dans la tourmente, la France paraît de plus en plus menacée. L'écart de taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne s'est significativement accru ces dernières semaines, un phénomène qui témoigne de l'appréciation par les investisseurs d'un risque croissant sur l'économie française. La France va-t-elle connaître le même sort que l'Italie ? Pour Philippe Waechter, le chef économiste de Natixis AM,la France n'est pas l'Italie : « que ce soit en termes d'activité » ou de niveau de dette. De plus, « il y a en Italie un vrai problème de crédibilité du gouvernement » vis-à-vis des investisseurs « ce qui n'est pas le cas de la France. » Trois raisons, selon le patron de la recherche économique de Natixis AM, expliquent donc les tensions sur les taux auxquels la France emprunte. « Le point de départ de la hausse [de l'écart de taux entre la France et l'Allemagne], c'est lorsque l'agence de notation financière Moody's a mis le AAA de la France sous observation. » Le deuxième facteur contribuant au renchérissement du loyer d e l'argent dont doit s'acquitter l'Etat français tient au fait que l'Allemagne a semblé l'emporter sur la France lors du sommet de Bruxelles du 26 octobre et que « de ce fait là, dans l'esprit des investisseurs, l'actif perçu comme sans risque était davantage l'Allemagne que la France. » Enfin, le plan de rigueur de 7 Mds d'euros annoncé par le Premier ministre François Fillon n'a pas convaincu les investisseurs. Le chef économiste de Natixis AM souligne que ce plan de rigueur découle « de la révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2012, qui sont passées de 1,75 % à 1 %. » Une baisse de l'activité en France « qui mécaniquement accroît le déficit public. » De surcroît, cette révision à la baisse des projections de croissance du gouvernement reste encore trop limitée et trop optimiste. « Ce 1 % est probablement excessif par rapport aux inversions de tendance que l'on observe sur l'activité, sur la perception que peuvent avoir les chefs d'entreprise, » juge Philippe Waechter. Et si effectivement, le taux de croissance de la France est inférieur à 1 %, le déficit budgétaire continuera à augmenter. Le chef économiste de Natixis AM pointe en outre un autre problème : la croissance française est soutenue par les dépenses de consommation des ménages, or plus de la moitié des mesures annoncées par le gouvernement Fillon sont de nature fiscale et pèseront sur les ménages français, affaiblissant de facto leur capacité à consommer. Dans ce contexte, la récession en France est de l'aveu de Philippe Waechter « une situation que l'on ne peut pas exclure au regard des indicateurs avancés, des enquêtes auprès des chefs d'entreprise. On perçoit une véritable rupture depuis le mois de septembre. Par le passé, des ruptures de [cet ordre] accompagnaient, reflétaient un entrée en récession ; on ne peut donc pas exclure qu'aux alentours de la fin 2011 et du début 2012, il y ait une légère contraction de l'activité économique en France. »

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.