ALSTOM : la Suisse condamne le groupe à verser 31 millions d'euros

22/11/2011 - 12:26 - Option Finance

(AOF) - La justice suisse a condamné Alstom à verser 31 millions d'euros, dont 2 millions d'amende, dans une affaire de corruption concernant plusieurs pays, annonce le groupe français dans un communiqué. Le Ministère Public de la Confédération a sanctionné la filiale suisse d'Alstom pour " négligence " dans trois cas, en lui imposant une amende de 2,5 millions de francs suisses (environ 2 millions d'euros), auxquels s'ajoute le paiement d'un montant correspondant aux bénéfices supposés, estimés à 36 millions de francs suisses (environ 29 millions d'euros). L' enquête, ouverte en octobre 2007, a conduit les procureurs fédéraux suisses à examiner plusieurs centaines de contrats signés par l'entreprise avec des agents commerciaux et des consultants. Les contrats examinés portaient sur une période allant des années 1990 jusqu'à aujourd'hui. La justice suisse a identifié trois cas pour lesquels elle conclut que des paiements inappropriés ont été versés à des agents publics, en Lettonie, en Malaisie et en Tunisie. Dans deux de ces trois cas, Alstom serait elle-même victime des agissements de certains de ses collaborateurs, qui auraient bénéficié de rétro-commissions, " s'enrichissant ainsi eux-mêmes aux dépens de l'entreprise ". Dans le troisième cas, Alstom n'était que le sous-traitant d'un consortium. "L'ordonnance pénale reconnaît Alstom coupable de ne pas avoir pris toutes les mesures d'organisation raisonnables et nécessaires pour empêcher le versement de montants de corruption à des agents publics étrangers en Lettonie, Tunisie et Malaisie", a précisé le Ministère public. La filiale suisse d'Alstom, qui a renoncé à faire appel de cette décision, a également été condamnée à payer les frais de procédure d'environ 95.000 francs suisses.

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Les points forts de la valeur

- La qualité du portefeuille de clients d'Alstom est excellente : les entreprises publiques et les opérateurs privés de grande taille représentent 80% des clients de la branche Power et 90% de celle du secteur Transport ; - Sur le long terme, le groupe évolue dans un secteur en croissance, dopé par les besoins en infrastructures des pays émergents et de modernisation dans les pays occidentaux. Bien que certaines dépenses aient été reportées à court terme, les besoins d'infrastructures restent importants dans le monde ; - Le projet de joint venture avec le chinois Shanghai Electric Boilers dans les chaudières va ouvrir à Alstom le marché chinois, dont la demande en centrales au charbon sera de loin la plus élevée dans les prochaines années ; - En reprenant une partie des activités d'Areva T&D, Alstom se diversifie dans la transmission d'électricité (très haute et haute tension), complète ses deux autres activités (Power & Transport) et peut rivaliser avec Siemens et ABB ; - Pour accompagner sa stratégie de croissance organique à long terme, le groupe va maintenir un niveau élevé d'investissements et de dépenses en recherche et développement ; - La situation financière est saine.

Les points faibles de la valeur

- Les effets des retournements économiques se manifestent avec du retard dans les comptes du groupe de transport et d'énergie ; - Le débat sur la sûreté nucléaire après le drame japonais de mars 2011 pèse sur la valeur ; Alstom est en effet engagé dans la rénovation de parcs nucléaires ; - Plus généralement, le faible positionnement du groupe sur les énergies renouvelables est actuellement perçu comme un handicap ; - Même si les appels d'offre sont actuellement nombreux, ils se concrétisent lentement, voire pas du tout. La visibilité à moyen terme en pâtit ; -Alstom est encore très dépendant de la conjoncture européenne ; - La concurrence chinoise s'intensifie dans les différents métiers d'Alstom, ce qui pèse sur les marges ; - Les marchés publics des transports et des infrastructures énergétiques subissent la conséquence de la nécessité du désendettement dans les pays occidentaux, qui représentent près de 55% des commandes d'Alstom ; - Le processus d'intégration d'une partie des activités d'Areva T&D va être long ; - Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.

Comment suivre la valeur

- Le cours de l'action pâtit régulièrement du caractère cyclique de l'activité d'équipements destinés à la production d'électricité ; - Le carnet de commandes et le rythme des entrées de commandes permettent de bien cerner les perspectives du groupe ; - L'attention devra également se porter sur le processus d'intégration d'Areva T&D ; - Le débat sur la sûreté nucléaire ainsi que les politiques en faveur des énergies renouvelables sont à suivre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Biens d'équipement

L'intérêt marqué par les intervenants pour la société italienne Ansaldo STS, la division système ferroviaire du groupe Finmeccanica, souligne qu'une consolidation de la filière ferroviaire en Europe est envisageable. Elle permettrait aux acteurs de contrer la montée en puissance de la Chine. L'industrie européenne comprend plusieurs opérateurs importants comme Alstom, Siemens, Ansaldo et Talgo. L'acquisition d'Ansaldo STS permettrait à Alstom de créer un géant mondial de la signalisation ferroviaire. Mais le groupe français n'est pas seul sur les rangs. Le Canadien Bombardier serait également intéressé et l'Américain General Electric pourrait aussi être un repreneur potentiel. En attendant, pour gagner des marchés, les initiatives sont de mise. Pour remporter le marché de la très grande vitesse entre Moscou et Saint-Pétersbourg, qui représente plus de 20 MdEUR, Alstom est prêt à faire de grandes concessions. Il accepte de transférer toutes ses dernières technologies et de localiser au maximum sa production en Russie. FTB/ACT/