Natixis : le marché sans doute trop optimiste sur résolution de la crise

08/12/2011 - 10:55 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Comme l'a rappelé Mario Draghi lors de la dernière conférence de la BCE, le contexte macroéconomique sera indubitablement moins favorable en 2012. Ce jeudi, la BCE devrait donc publier ses nouvelles prévisions de croissance et d'inflation pour 2012. Attendue à 1,3% en septembre, la croissance sera fortement révisée à la baisse. Ainsi, selon nos économistes, le rebond de l'activité ne devrait pas dépasser les 0,4%, du fait notamment de ralentissements assez marqués en France (de 1,7% à 0,5%) et en Allemagne (de 3% à 1,1%)", note Natixis jeudi. "Côté inflation, la révision pourrait être haussière. La BCE anticipait une inflation à 1,7% en 2012 mais compte tenu de la stabilisation de cette dernière à 3% ces derniers mois, cet objectif semble dorénavant difficile à atteindre." "Ainsi, l'inflation devrait converger progressivement vers la cible des 2% pour passer sous cette dernière en toute fin d'année, un profil qui a d'ailleurs été confirmé par le président de la BCE le mois dernier. Elle devrait donc afficher un niveau moyen proche de 2,2% en 2012. La balance des risques concernant l'inflation est aujourd'hui baissière, liée au ralentissement plus marqué de l'activité en zone euro. Elle offre donc offrir quelques marges de manoeuvre à la BCE qui assouplira encore davantage sa politique monétaire." "En effet, pour compenser sa relative passivité sur le marché obligataire souverain via son SMP et pour soutenir des banques toujours plus dépendantes des appels d'offre de l'Institution, la BCE pourrait : baisser son taux refi à trois reprises d'ici avril prochain pour l'amener à 0,50% (-25pb cette semaine, en février et en avril) ; proposer des LTRO supplémentaires voire plus longs (deux-trois ans) ; augmenter la taille de son programme de covered bonds, le montant de 40 milliards d'euros paraissant clairement insuffisant et le système d'émissions garanties ne diminuant pas suffisamment le coût de funding des banques des pays en difficultés." "Les excès de liquidités sur le marché interbancaire (près de 150 milliards d'euros) augmenteraient un peu plus, maintenant ainsi l'Eonia sous le refi. Les actions de la BCE ne permettraient par contre qu'une convergence progressive de l'Euribor 3M vers le taux directeur, du fait des craintes entourant le secteur bancaire et de l'absence de résolution définitive de la crise souveraine. Le marché est de plus en plus optimiste concernant la crise souveraine, envisageant même un rôle plus important de la BCE et une position plus ouverte de l'Allemagne sur de nombreux sujets." "Or, il est sans doute trop optimiste. La liste des risques sur ce début d'année est particulièrement longue : craintes sur la croissance de nombreux pays (Portugal, Italie), rendez-vous assez explosifs attendus en Grèce (PSI, élections en février), tensions probables sur les marchés primaires (pour les souverains, Italie notamment, et les banques), difficulté pour l'EFSF de regagner une certaine crédibilité sur les marchés, entêtement de l'Allemagne sur le rôle de la BCE et ou les Eurobonds, nouveaux downgradings des agences de notation etc." "Avec une aversion au risque relativement élevée sur une bonne partie de 2012, les titres allemands n'auront pas trop de soucis à se faire avec des niveaux attendus globalement stables sur un horizon d'un an. Du côté des spreads intra-UEM, la tendance serait au réécartement sur la première partie d'année, puis une convergence au second semestre. Leur évolution dépendra essentiellement de la BCE qui est à ce jour la seule institution à disposer de la puissance de feu nécessaire pour mettre fin à la crise." AUT/ALO