Prise de contrôle d'EDISON : EDF apporte des précisions à la Consob

30/12/2011 - 08:54 - Option Finance

(AOF) - Suite à la demande de la Consob, l'autorité de marché italienne, EDF lui a apporté des précisions sur le communiqué de presse du 27 décembre concernant la réorganisation d'Edison et d'Edipower. Le groupe français a indiqué que l'accord préliminaire concerne uniquement les principes généraux de la réorganisation d'Edison et reste conditionné à l'approbation des organes de décision compétents des différentes sociétés concernées (ainsi qu'à la consultation des instances représentatives du personnel d'EDF). En outre, cet accord préliminaire concerne les principes généraux d'une opération qui diffère de celle qui avait été négociée au cours des derniers mois et qui avait fait l'objet d'une requête à la Consob par EDF et Delmi le 21 novembre 2011. Cette requête sera donc formellement retirée dans les prochains jours. EDF compte soumettre une nouvelle requête à la Consob courant janvier. S'agissant de la valorisation des actions Edison à 0,84 euros retenue dans le cadre de l'acquisition par EDF de 50% du capital de TdE, Delmi et EDF confirment qu'elle est le résultat d'une négociation entre les parties. Il doit également être noté que cette valorisation est en ligne avec la moyenne du cours de bourse sur les douze derniers mois. Etant donné la structure de l'actif et du passif de TdE, le prix d'acquisition de 50% du capital de TdE sera calculé sur la base de la valorisation des actions d'Edison mentionnée ci-dessus (représentant environ 1,33 milliard d'euros pour 50% de la participation de TdE dans Edison), déduction faite de la quote-part de la dette financière nette de TdE à la date de réalisation de l'opération. En prenant comme hypothèse une dette financière nette totale de TdE de 1,26 milliard d'euros, le prix devrait s'élever à environ 700 millions d'euros. S'agissant de la détermination du prix d'acquisition de 70% du capital d'Edipower, il est précisé que celui-ci est le résultat de négociations qui ont pris en compte la borne haute de la fourchette de valorisation retenue pour 20% du capital d'Edipower dans le cadre du contrat d'acquisition préliminaire agréé entre EDF et Alpiq et déjà annoncé au marché (soit 150 à 200 millions d'euros pour l'acquisition de 20% du capital d'Edipower). Concernant la participation de 50% détenue par Edison dans Edipower, lors des négociations l'acquéreur a accepté de verser une somme complémentaire de 100 millions d'euros; par conséquent le prix à payer par Delmi à Edison s'élèvera à environ 600 millions d'euros. S'agissant du transfert de la participation de 20% actuellement détenue par Alpiq dans Edipower, EDF confirme que l'exclusivité existant entre EDF et Alpiq au terme de l'accord préliminaire préalablement annoncé au marché est étendue jusqu'au 31 janvier 2012 et qu'EDF est en train de déterminer les modalités selon lesquelles la participation sus-mentionnée d'Alpiq dans Edipower sera vendue à Delmi pour 200 millions d'euros.

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Les points forts de la valeur

- EDF est le leader du marché français de l'électricité et un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions au Royaume-Uni et en Italie ; - Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futurs sont énormes : d'ici une dizaine d'années, 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde ; - Le management d'EDF bénéficie d'un excellent historique de performance (amélioration de la performance opérationnelle, bilan assaini, nouveaux critères d'investissements plus stricts) améliorant la perception des investisseurs sur la valeur ; - Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires ; - L'acquisition des 50% du capital non encore détenus dans EDF EN, sa filiale spécialisée dans les énergies renouvelables, renforce la stratégie du " mix génération " désormais mise en avant, au lieu du " mix géographique " comme précédemment ; - EDF a mis fin à l'automne 2010 au conflit qui l'opposait à son partenaire américain Constellation Energy, alors que les marchés redoutaient une longue bataille procédurale. EDF peut donc poursuivre son développement aux Etats-Unis ; - Le groupe a nettement réduit son endettement, de 42 milliards d'euros fin 2009 à quelque 27 milliards fin 2010, ce qui lui confère des marges de manoeuvre pour des opérations de croissance externe ; - La politique de distribution des dividendes est très généreuse.

Les points faibles de la valeur

- L'intervention de l'Etat, qui détient près de 85% du capital, notamment sur la hausse des tarifs de l'électricité, brouille la visibilité ; - L'incertitude majeure qui pèse sur le titre concerne la future formule de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). EDF demande un prix plancher de revente du quart de sa production nucléaire à ses concurrents, comme l'exige la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité), de 42 euros/MWh. Ses concurrents évoquent un prix autour de 35 euros/MWh. Aucune nouvelle n'est attendue avant l'élection présidentielle de 2012. Certains craignent qu'un nouveau gouvernement n'opte pour une formule AREHN défavorable à EDF ; - L'autre incertitude pesant sur le titre concerne les conséquences des " stress tests " réalisés sur le parc nucléaire du groupe et plus généralement le niveau des investissements nécessaires ; - Le débat sur la sûreté nucléaire après le drame japonais de mars 2011 rend la valeur volatile et très sujette aux déclarations politiques ; - Autour de 20 euros mi-septembre, la valeur est loin de son cours d'introduction de 32 euros en 2005.

Comment suivre la valeur

- EDF appartient au secteur des " utilities " (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs considérées comme défensives ; - Les prix de l'électricité sont administrés en France et fixés par l'Etat. La hausse des tarifs est un des catalyseurs du titre. Elle permet notamment de financer les lourds investissements en cours en France ; - La loi NOME vise à établir une libre concurrence entre tous les acteurs du marché et exige la revente du quart de la production d'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents. Le prix de revente doit être fixé par décret ministériel ; - L'évolution réglementaire en Europe est également à surveiller ; - L'un des grands chantiers pour EDF réside dans l'amélioration du taux de disponibilité des centrales nucléaires ; - Depuis le drame japonais, les centrales nucléaires européennes sont soumises à des " stress tests " visant à évaluer leur résistance en cas d'accident majeur, notamment dans le cas d'un tremblement de terre, d'inondations, de tsunami ou d'une attaque terroriste. Les résultats et les éventuelles mesures à prendre pour EDF seront à suivre (hausse des dépenses de maintenance, durée de vie des centrales, fermeture de certains sites...) ; - Areva et EDF sont historiquement imbriqués. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les réorientations stratégiques sont à l'oeuvre parmi les énergéticiens allemands, lourdement impactés par l'arrêt des réacteurs nucléaires. En y ajoutant la taxe sur le nucléaire introduite le 1er janvier, E.ON estime que ses comptes ont été pénalisés de 1,9 MdEUR au premier semestre. L'impact sur les comptes de RWE s'est élevé à 900 MEUR. E.ON a publié la première perte nette trimestrielle de son histoire, à hauteur de 1,4 MdEUR. Le groupe a annoncé des restructurations qui pourraient concerner jusqu'à 11 000 personnes sur un total de 79000. Comme son concurrent RWE, il a dû réviser à la baisse ses prévisions pour 2011. RWE a, lui, enregistré une perte de 229 MEUR au deuxième trimestre. Pour assainir sa structure financière, le groupe souhaite lever 2,5 MdEUR de capital. Il désire également renforcer son programme de cessions et entend désormais se séparer d'actifs d'un montant total de 11 MdEUR, soit 3 MdEUR de plus que prévu. FTB/ACT/