CREDIT AGRICOLE SA dans le rouge en 2011

23/02/2012 - 08:40 - Option Finance

(AOF) - Crédit Agricole SA, la banque, véhicule coté du groupe Crédit agricole, accuse une perte nette de 1,47 milliard d'euros en 2011. Sa performance a été pénalisée par d'importantes dépréciations liées à la crise grecque et par les coûts de restructuration dans sa banque de financement et d'investissement (BFI). Son produit net bancaire progresse de 3,3% à 20,783 milliards. Au quatrième trimestre, CASA enregistre une perte nette de 3,067 milliards, multipliée par 9,4 en un an. Les analystes visaient une perte de 2,7 milliards. Le groupe a passé 2,5 milliards de dépréciations, comme annoncé en décembre. La banque a indiqué avoir comptabilisé une nouvelle provision sur la dette publique grecque, de 220 millions d'euros, portant la décote sur la dette publique de ce pays à 74%. Au quatrième trimestre, ses provisions ont dans l'ensemble été multipliées par 2,5. Par ailleurs, ses coûts de restructuration se sont élevés à 482 millions d'euros sur les trois derniers mois de l'année tandis que le produit net bancaire a été impacté à hauteur de 258 millions d'euros en Banque de financement et d'investissement en raison des cessions de portefeuilles. Le PNB du quatrième trimestre de CASA ressort finalement à 4,663 milliards, en hausse de 4%. L'entité Crédit Agricole affiche, elle, un bénéfice net 2011 de 812 millions, contre 3,6 milliards en 2010. Son PNB progresse de 2,7% à 35,1 milliards d'euros. En termes de solvabilité, le ratio EBA du groupe Crédit Agricole s'établit à 9,6 %. Le ratio Core Tier 1 hors floor s'établit quant à lui à 10,2% en baisse de 20 points par rapport au 30 septembre 2011. Avec application du floor, le ratio du groupe Crédit Agricole est de 9,0 %.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Tier 1 / Tier 2 : Depuis 1988, on distingue pour les banques deux grandes catégories de fonds propres, le tier 1 et tier 2, classés en fonction du type de risque qu'ils peuvent compenser pour calculer le ratio de solvabilité de la banque. Le tier 1 concerne les fonds propres dits de base, (actions ordinaires et certificats d'investissement, intérêts minoritaires.), le tier 2 désignant les fonds propres complémentaires (plus values latentes, provisions, titres participatifs.). Il existe également un tier 3, pour les fonds propres de troisième catégorie, qui couvrent les risques de marché. La définition généralement acceptée est celle du Comité de Bâle pour la surveillance bancaire, institution créée par les différentes banques centrales dans le dessein d'harmoniser les méthodes d'analyse et d'internationaliser les normes bancaires.

Les points forts de la valeur

- Crédit Agricole jouit de fortes positions en France et en Europe. C'est le n°1 de la banque de proximité en France, le n°1 en Europe par les revenus de la banque de détail, parmi les leaders européens du crédit à la consommation, le n°1 en France et en Europe en gestion collective et le n°2 en France et le 11e en Europe en assurance ; - La stratégie de la nouvelle direction est centrée sur la banque de détail et de proximité. Le Crédit Agricole doit donc retrouver un profil défensif.

Les points faibles de la valeur

- Le titre de la banque reste des plus volatils en Bourse à l'image de l'ensemble du secteur financier. Les craintes de défaut d'un ou plusieurs pays périphériques européens, Grèce en tête, et les interrogations sur les recapitalisations des banques européennes alimentent cette volatilité ; - Crédit Agricole est l'une des banques françaises les plus exposées à la crise grecque, à travers sa filiale Emporiki, dont elle détient 86,5% du capital. Cette filiale, qui ne représente qu'environ 3% de ses revenus mais près de 15% de son coût du risque, empoisonne son image ; - La banque est également exposée au risque de contagion de la crise grecque au Portugal, de par sa participation de 23,9% (directe et indirecte) dans Banco Espirito Santo, troisième banque portugaise ; - L'environnement de taux bas pèse sur les activités de banque de détail, plus précisément sur les marges sur dépôts .

Comment suivre la valeur

- Les valeurs bancaires sont considérées comme des titres " value " depuis les effets de la crise financière ; - Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ; - En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail ; - Le coût du risque reste à surveiller ; - Surveiller également la mise en place du dispositif de " Bâle III " qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

La réduction de la taille de leur bilan est à l'ordre du jour pour les banques françaises, qui souhaitent rassurer les marchés financiers. BNP Paribas a annoncé une réduction de 10% de la taille de son bilan d'ici à la fin 2012, et sa volonté de limiter sa dépendance aux refinancements en dollars. Cette décision implique la cession d'environ 70 milliards d'actifs d'ici à la fin de l'année prochaine. Quant à la Société Générale, elle désire intensifier les cessions dans son portefeuille d'actifs toxiques, déjà réduit de 8 MdEUR depuis début 2011. D'ici à fin 2012, la banque espère parvenir à une économie supplémentaire de 60 MdUSD de financement. Le modèle des banques françaises, historiquement basé sur le financement, évolue donc avec la crise financière. BNP Paribas et la Société Générale souhaitent toutes deux réduire certains types de crédits en dollars, comme les crédits export, trop coûteux en fonds propres et en liquidités, et qui s'inscrivent dans leur activité BFI (banque de financement et d'investissement). FTB/ACT/