IPSEN : chute du résultat net en 2011

29/02/2012 - 08:21 - Option Finance

(AOF) - Ipsen a réalisé en 2011 un résultat consolidé de 0,9 million d'euros contre 95,7 millions d'euros en 2010. Le résultat net a été fortement pénalisé notamment par des coûts de restructuration et des éléments exceptionnels liés au rachat d'Inspiration Biopharmaceuticals. Mais le résultat opérationnel récurrent ajusté s'est élevé à 200,7 millions d'euros, soit 17,3 % du chiffre d'affaires, en hausse de 9,6%. Le résultat opérationnel récurrent ajusté ressort en haut de la fourchette de ses prévisions allant de 190 à 200 millions d'euros. Les ventes consolidées ont atteint 1,1598 milliards d'euros, en hausse de 5,4% hors effets de change. Ipsen propose de verser un dividende de 0,80 euro, stable par rapport à 2010. Le groupe a publié ses objectifs financiers 2012. Il prévoit une une croissance de ses ventes de médecine de spécialité comprise entre 8% et 10% mais une baisse de celles de sa médecine générale d'environ 15%. D'autre part, le groupe s'est fixé un objectif 2012 de marge opérationnelle récurrente ajustée d'environ 15% de son chiffre d'affaires. Cet objectif intègre une baisse de la profitabilité de la médecine générale en France, liée principalement au déremboursement de Tanakan (à compter du 1er mars 2012) et aux baisses de prix imposées. L'impact de cette baisse sur la marge opérationnelle récurrente ajustée du groupe en 2012 est estimé à environ 300 à 400 points de base.

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Les points forts de la valeur

- Le groupe biopharmaceutique s'est recentré sur la médecine de spécialités dans des domaines thérapeutiques ciblés (désormais 60% du chiffre d'affaires) qui génère plus de marges que la médecine générale et qui est moins exposée à la concurrence des grands laboratoires ; - Ipsen dispose d'un pipeline jugé de qualité au regard de sa taille. Il est beaucoup moins exposé que d'autres laboratoires au développement des génériques ; - Ipsen bénéficie d'une avance technologique dans les peptines et les toxines, deux domaines où très peu d'acteurs sont présents avec dans le cas des toxines des barrières à l'entrée très fortes en termes de production notamment ; - La stratégie repose sur l'internationalisation massive des activités, la concentration des efforts dans ses domaines des thérapeutiques ciblées et sur une politique de licences et de partenariats toujours plus active ; - Une stratégie offensive de croissance externe a permis au laboratoire de se diversifier géographiquement et notamment de se positionner sur le marché américain. Le groupe recèle également un potentiel de développement dans les pays émergents, Chine en tête. Ces pays représentent plus de 35% du chiffre d'affaires du groupe.

Les points faibles de la valeur

- Le laboratoire est très dépendant du Dysport (le challenger du Botox) et d'Autogel ; - Le groupe reste confronté à la poursuite de la baisse des ventes en médecine de ville (Smecta, Forlax, Tanakan...) ainsi qu'aux pressions gouvernementales sur le prix des médicaments dans un grand nombre de pays européens. L'Europe représente encore 47% du CA du groupe ; - La filiale américaine est en pertes. Plusieurs solutions sont envisagées pour redresser cette unité ; - Le pipeline s'est appauvri ces deux dernières années ; - Les incertitudes persistent sur l'approbation de Taspoglutide, futur blockbuster potentiel développé conjointement avec Roche, dans le traitement du diabète de type 2 ; - Après les déboires de Taspoglutide, Ipsen a subi fin 2010 un nouveau revers de taille avec l'arrêt des études cliniques de phase II dans l'acromégalie et les tumeurs neuroendocriennes ; - A quoi s'était déjà ajouté le départ surprise, en octobre 2010, de Jean-Luc Belingard, en raison de divergences stratégiques. Très réputé dans l'industrie pharmaceutique, il était l'artisan du repositionnement d'Ipsen ; - La nouvelle stratégie que va mettre en place la nouvelle direction induit des restructurations ainsi que des investissements qui risquent de peser sur les résultats 2011-2015 ; - La valeur est boudée par les investisseurs depuis l'été 2010. Restaurer la confiance va prendre du temps ; - Le rendement du titre est faible.

Comment suivre la valeur

- Ipsen était jusque-là considéré comme une valeur de croissance et défensive. Mais avec les déceptions récentes sur le pipeline et du fait du manque de catalyseurs à court terme, le titre oscille autour de son cours d'introduction de 22 euros ; - La capitalisation boursière d'Ipsen range la valeur au sein des petites et moyennes valeurs du secteur tandis que son activité la rapproche davantage des laboratoires pharmaceutiques globalement plus regroupés au sein des " large caps " ; - Dysport et Somatuline sont désormais au coeur de la stratégie du groupe.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pharmacie - Santé

Moody's juge que les perspectives du secteur pharmaceutique mondial sont négatives. L'agence de notation tient compte des prochaines expirations de brevets sur des produits phares et d'un portefeuille de développement actuel limité. Elle estime que la croissance des résultats des grands groupes devrait continuer à décliner en 2011. La pression sur les résultats se fera sentir davantage en 2012. Le marché demeure toutefois largement profitable et peu endetté. Les notes de crédit des acteurs de la pharmacie sont donc généralement meilleures que dans d'autres secteurs. En France, suite au scandale du Médiator (commercialisé par Servier), la réglementation va être durcie. Un projet de réforme du médicament a été élaboré, destiné à offrir davantage de transparence sur les liens entre l'industrie pharmaceutique et les experts qui évaluent les médicaments. Certaines dispositions de ce projet sont remises en cause par le LEEM (groupement professionnel des entreprises du médicament), notamment les règles régissant la visite médicale et les conditions plus restrictives d'obtention des autorisations temporaires d'utilisation. FTB/ACT/