AREVA a vendu sa participation dans Eramet au FSI

16/03/2012 - 18:15 - Option Finance

(AOF) - Le Fonds Stratégique d'Investissement (FSI) et Areva ont conclu vendredi 15 mars un contrat d'achat d'actions en vue de la reprise par le FSI de la participation d'Areva dans Eramet représentant environ 26% du capital de cette société, au prix de 114 euros par action soit un montant total d'environ 776 millions d'euros. Cet accord fait suite à l'annonce le 27 décembre 2011 de l'entrée en négociations exclusives du FSI et d'Areva en vue de cette transaction. Simultanément, le FSI et les sociétés SORAME et CEIR (sociétés holding de la famille Duval) ont signé un accord sur les termes d'un pacte d'actionnaires concernant leurs participations respectives d'environ 26% et 37% au capital d'Eramet. En vertu de celui-ci, le FSI se substituerait à Areva au sein de l'action de concert avec SORAME et CEIR.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Areva bénéficie d'un modèle économique intégré unique (amont / aval), résilient (fondé sur des contrats long terme pour les activités Mines/Amont, Enrichissement et Recyclage), récurrent à plus de 80% et donc moins sensible aux cycles. Cette intégration a pris tout son sens depuis l'accident de Fukushima en mars 2011 ; - Areva jouit aussi d'une présence dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) qui complète l'offre d'énergie propre du nucléaire et qui bénéficiera de la forte hausse des investissements dans le renouvelable ; - La cotation, depuis fin mai 2011, sous forme d'actions ordinaires (en remplacement des certificats d'investissement - CI) va accroître significativement le flottant et renforcer, avec l'attribution de droits de vote contrairement aux CI, l'attrait du titre pour des investisseurs stratégiques. - Le groupe va bénéficier de la relance des programmes nucléaires en Inde et en Chine.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe est détenu à 83% par le CEA et l'Etat. Il est donc très sensible aux décisions politiques. C'est une source d'incertitudes considérables pour les investisseurs ; - Il n'existe pas de comparable coté ce qui nuit à la visibilité du dossier ; - Le groupe génère depuis six ans un free cash flow négatif. Les mesures à entreprendre pour parvenir à générer un free cash flow positif (post-2013), susceptible de couvrir les investissements prévus d'ici 2016, sont nombreuses (plan de restructuration " Action 2016 ", efforts sur le BFR, cession d'actifs, nouvelles provisions...) et limitent la visibilité sur les mois à venir ; - Le débat sur la sûreté nucléaire depuis l'accident de Fukushima en mars 2011 pèse sur la valeur. La relance nucléaire tant attendue dans les pays développés sera différée, le temps de pratiquer les audits de sûreté ; - La construction de réacteurs n'est pas rentable ; - Depuis le début du chantier de l'EPR, le groupe a été contraint de passer des provisions supplémentaires (et conséquentes) à de nombreuses reprises. Les analystes en attendent de nouvelles d'ici à l'achèvement du chantier.

Comment suivre la valeur

- La croissance du marché du nucléaire, affectée conjointement par l'accident de Fukushima et des perspectives macro-économiques assombries, est décalée de quelques années ; - Le débat sur la sûreté nucléaire est à suivre. La dimension politique de la valeur s'en trouve encore renforcée ; - Areva peut encore être considérée comme une valeur de restructuration. Elle évolue sur ses plus bas historiques ; - Anne Lauvergeon, l'emblématique présidente d'Areva depuis l'an 2000 et à l'origine de la fusion entre Framatome et Cogema, a été remplacée par le numéro deux du groupe, Luc Oursel ; - L'activité d'Areva nécessite de très importants investissements, notamment en amont ; - L'activité Mines, récemment filialisée, pourrait voir son capital ouvert à un partenaire de préférence industriel ou à un client. Seules conditions : qu'Areva garde la majorité du capital ainsi que la commercialisation pleine et entière du produit des Mines ; - Areva et EDF sont historiquement imbriquées. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les réorientations stratégiques sont à l'oeuvre parmi les énergéticiens allemands, lourdement impactés par l'arrêt des réacteurs nucléaires. En y ajoutant la taxe sur le nucléaire introduite le 1er janvier, E.ON estime que ses comptes ont été pénalisés de 1,9 MdEUR au premier semestre. L'impact sur les comptes de RWE s'est élevé à 900 MEUR. E.ON a publié la première perte nette trimestrielle de son histoire, à hauteur de 1,4 MdEUR. Le groupe a annoncé des restructurations qui pourraient concerner jusqu'à 11 000 personnes sur un total de 79000. Comme son concurrent RWE, il a dû réviser à la baisse ses prévisions pour 2011. RWE a, lui, enregistré une perte de 229 MEUR au deuxième trimestre. Pour assainir sa structure financière, le groupe souhaite lever 2,5 MdEUR de capital. Il désire également renforcer son programme de cessions et entend désormais se séparer d'actifs d'un montant total de 11 MdEUR, soit 3 MdEUR de plus que prévu. FTB/ACT/