EADS : les fissures vont coûter plus cher que prévu (presse)

19/03/2012 - 08:50 - Option Finance

(AOF) - Airbus (EADS) a déclaré qu'il lui faudra des années pour résorber les problèmes provoqués par l'apparition de fissures sur les ailes de l'A380 a rapporté le journal allemand Der Spiegel. Il pourrait payer beaucoup plus que le montant estimé, le groupe parle de plusieurs centaines de millions d'euros. A l'époque de l'apparition des fissures, le président exécutif Louis Gallois avait donné un montant de 105 millions d'euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- EADS est le n°1 européen et le n°2 mondial de l'industrie aéronautique, spatiale et de la défense ; - EADS bénéficie d'un carnet de commandes très élevé, de presque 10 ans de chiffre d'affaires ; - Les pays émergents représentent désormais 47% de l'activité du groupe. Les très dynamiques compagnies aériennes de ces pays représentent par ailleurs 55% du carnet de commandes d'Airbus. La très forte internationalisation de sa clientèle et son exposition aux pays émergents protègent donc EADS du difficile contexte européen et américain ; - La principale filiale du groupe, Airbus, a réussi à s'imposer durablement au côté de Boeing comme un acteur prépondérant de l'aviation commerciale. Ce secteur bénéficie de barrières à l'entrée particulièrement élevées et d'un " pricing power " favorable aux constructeurs ; - Le succès commercial de l'A380 est manifeste et permet à Airbus de vendre désormais l'appareil 25% au-dessus de son prix de lancement ; - Malgré l'échec sur le contrat des avions ravitailleurs américains, EADS est désormais un acteur que le Pentagone ne peut ignorer. Le groupe devrait en tirer les fruits à court terme (nouveaux contrats, procédure d'acquisition d'un groupe américain facilitée...) ; - Grâce à des avances sur commandes significatives, le groupe dispose d'une trésorerie importante, lui permettant d'absorber les à-coups du marché et d'envisager des acquisitions ; - Le groupe a renoué avec sa politique de distribution de dividendes ce qui est interprété comme un signe de confiance dans l'avenir.

Les points faibles de la valeur

- EADS souffre encore d'un déficit de confiance auprès des investisseurs après une succession de difficultés pour exécuter ses grands programmes dans le passé. Les principales incertitudes restent toujours focalisées sur ces risques en particulier sur le programme A350 XWB ; - Plus généralement, Airbus éprouve quelques difficultés depuis 2006 à traduire ces succès commerciaux internationaux par des profits solides et réguliers. Une tendance qui pourrait désormais s'inverser ; - L'exposition du groupe aux fluctuations de l'euro/dollar continue de fragiliser régulièrement ses perspectives d'activité et de profitabilité ; - Le durcissement des conditions de crédit est un facteur pénalisant pour le secteur du transport aérien. Le financement reste en effet un rouage majeur dans le mécanisme de préservation de la visibilité en termes de livraisons chez Airbus ; - Les activités Défense restent exposées à des pressions supplémentaires des gouvernements dans un environnement budgétaire contraint ; - Alors que la Chine affiche son intention de compter parmi les grandes nations aéronautiques au 21ème siècle, la pression s'accroît sur Airbus et en particulier sur sa gamme court/moyen-courrier directement menacée par le projet d'avions chinois C919 dont le premier vol commercial est attendu en 2016. Airbus a néanmoins opté pour une remotorisation de sa gamme A320 à horizon 2016.

Comment suivre la valeur

- L'évolution des résultats d'EADS demeure largement dépendante de ceux d'Airbus dont l'amélioration significative de la profitabilité attendue dès cette année compensera la stagnation anticipée, ces deux prochaines années, des résultats des autres activités ; - Les performances de l'entreprise sont étroitement liées à la santé des compagnies aériennes, en raison de l'importance de l'aviation civile dans son chiffre d'affaires. La bonne santé du secteur aérien dépend, elle, de la situation géopolitique et économique mondiale, influant sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais aussi du prix de baril de pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions représentent un indicateur à étudier de près ; - Les salons aéronautiques, notamment ceux dans les pays émergents, sont à suivre : de nouvelles commandes y sont très souvent annoncées. Celui organisé en Chine a lieu en septembre et celui de Dubaï, en novembre ; - Le groupe cherche à limiter l'impact des fluctuations du cours du dollar par rapport à l'euro en développant sa production aux Etats-Unis pour étendre sa base de coûts en dollars. Cela lui permettrait d'accroître sa compétitivité par rapport à son concurrent Boeing ; - EADS souhaite renforcer significativement son exposition aux activités de défense au cours des années à venir ; - Le remplacement de Louis Gallois (président exécutif) par Tom Enders, en juin 2012, à la tête du géant aéronautique européen était prévue de longue date. Cela ne devrait pas bouleverser fondamentalement l'ordre des choses. La profonde réorganisation qu'a connue la société ces dernières années ainsi que le plan de développement stratégique à long terme (vision 2020) ont été élaborés de manière coordonnée entre Louis Gallois et Tom Enders ; - Le tour de table d'EADS et l'évolution du Directoire sont néanmoins à suivre. Ni Daimler ni Lagardère n'ont vocation à rester actionnaires du groupe, leurs activités respectives étant très éloignées de celles d'EADS. Lagardère qui contrôle 7,5% du capital ne semble pas pressé de vendre sa participation avant le lancement de l'A350 fin 2013. A l'inverse de Daimler, qui cherche une porte de sortie plus rapide.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Aéronautique - Défense

Les compagnies aériennes américaines s'apprêtent à renouveler leur flotte vieillissante, ce qui représente une formidable opportunité pour Airbus et Boeing. En effet, les moyens et longs courriers détenus par American Airlines, Delta et United, qui a fusionné avec Continental, appartiennent à l'ancienne génération d'appareils, très gourmands en carburant. Ils sont également de plus en plus chers à entretenir. Les experts estiment que 5 000 appareils devraient être remplacés à court terme, dont 70% aux Etats-Unis. Ce pic de commandes aux Etats-Unis devrait générer un pic de livraisons en 2016. Sur les 460 moyen-courriers "économes" commandés par American Airlines, 260 ont concerné l'Airbus A320 et 200 le Boeing 737. Cela représente la plus grosse commande de l'histoire de l'aviation. Air France-KLM a également choisi d'opter pour des appareils moins gourmands en carburant. La compagnie a commandé autant d'avions à Airbus et Boeing (25 chacun), pour un prix catalogue de 12 MdUSD. Cette commande ferme est assortie d'options d'achat pour 60 autres avions. FTB/ACT/