EDF : Edison devra faire appel au marché si l'accord venait à échouer

24/04/2012 - 15:56 - Option Finance

(AOF) - Edison ne néglige désormais plus aucune option. Gian Maria Gros-Pietro, administrateur de l'électricien italien, a déclaré aujourd'hui qu'Edison devra faire appel au marché si le projet de prise de contrôle par EDF était rejeté. Pour rappel, EDF avait subi le 5 avril dernier un revers alors que la Consob, l'autorité des marchés financiers italiens, avait appelé le groupe français à revoir à la hausse le prix offert aux actionnaires minoritaires d'Edison. EDF avait, en effet, conditionné l'accord pour obtenir le contrôle d'Edison, à un prix de rachat des petits actionnaires minoritaires n'excédant pas 0,84 euro. Le gendarme italien avait alors indiqué qu'un prix compris entre 0,84 et 0,95 euro serait plus en phase avec " la notion de prix payé ". Elle conseille d'ailleurs un prix médian de 0,89 euro par action. Pour l'heure, le deuxième producteur d'électricité d'Italie reste contrôlé conjointement par EDF et un groupe d'investisseurs italiens emmenés par A2A, spécialiste des services aux collectivités.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- L'acquisition du solde du capital d'EDF EN, sa filiale spécialisée dans les énergies renouvelables, renforce la stratégie du " mix génération " désormais mise en avant, au lieu du " mix géographique " comme précédemment ; - Le groupe a nettement réduit son endettement, ce qui lui confère des marges de manoeuvre pour des opérations de croissance externe ; - La politique de distribution des dividendes est très généreuse.

Les points faibles de la valeur

- La visibilité est faible en raison de la dimension " politique " de la valeur. L'intervention de l'Etat (85% du capital), notamment sur la hausse des tarifs de l'électricité, tout comme le débat sur la sûreté nucléaire (depuis l'accident de Fukushima en mars 2011) pénalisent régulièrement le titre ; - L'élection présidentielle accroit les incertitudes sur l'évolution de la part du nucléaire dans la production d'électricité en France ; - Une autre incertitude majeure concerne la future formule de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). EDF demande un prix plancher de revente du quart de sa production nucléaire à ses concurrents, comme l'exige la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité), de 42 euros/MWh. Ses concurrents évoquent un prix autour de 35 euros/MWh. Aucune nouvelle n'est attendue avant l'élection présidentielle. Certains craignent qu'un nouveau gouvernement n'opte pour une formule AREHN défavorable à EDF ; - La visibilité reste faible sur les conséquences des " stress tests " réalisés sur le parc nucléaire du groupe et plus généralement le niveau des investissements nécessaires (hausse des dépenses de maintenance, durée de vie des centrales, fermeture de certains sites...) ; - La valeur est loin de son cours d'introduction de 32 euros en 2005.

Comment suivre la valeur

- EDF appartient au secteur des " utilities " (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs considérées comme défensives ; - Les prix de l'électricité sont administrés en France et fixés par l'Etat. La hausse des tarifs est un des catalyseurs du titre. Elle permet notamment de financer les lourds investissements en cours en France ; - La loi NOME vise à établir une libre concurrence entre tous les acteurs du marché et exige la revente du quart de la production d'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents. Le prix de revente doit être fixé par décret ministériel ; - L'évolution réglementaire en Europe est également à surveiller ; - L'un des grands chantiers pour EDF réside dans l'amélioration du taux de disponibilité des centrales nucléaires ; - Areva et EDF sont historiquement imbriqués. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Trois consortiums, menés par EDF, GDF Suez et l'Espagnol Iberdrola, se lancent dans l'aventure française de l'éolien en mer. Ils ont déposé leurs propositions auprès de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Cinq champs sont concernés : Saint-Nazaire, Fécamp, Le Tréport, Courseulles-sur-Mer et Saint-Brieuc. Associé au Danois Dong et à Alstom, EDF est candidat à quatre de ces champs. Autour de GDF Suez, Vinci et l'Allemand E.ON se sont portés candidats avec Areva sur les trois parcs normands (Fécamp, Le Tréport et Courseulles-sur-Mer), et avec Siemens sur celui de Saint-Brieuc. Quant à Iberdrola, associé à Eole-RES, Neoen Marine, Technip et Areva, il s'est porté candidat sur les zones de Saint-Nazaire et Saint-Brieuc. Le gouvernement français doit révéler les résultats de son premier appel d'offres début avril. Les exploitants devront acquitter une taxe (fonction de leur chiffre d'affaires), dont la moitié sera versée au profit de la préservation du littoral, 35% sera consacré au développement d'une pêche durable et 15% aux autres activités maritimes. FTB/ACT/