Le nouveau président de Serbie à l'épreuve du feu

28/05/2012 - 13:44 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le dernier numéro de "Perspectives émergents" de la direction des études économiques du Crédit Agricole revient sur l'élection du nationaliste Tomislav Nikolic à la présidence de la République. Selon les économistes de la banque, les conséquences politiques et économiques de l'élection présidentielle serbe sont encore à estimer. Pour eux, la première évaluation sera de tester la sincérité de la conversion récente du parti SNS et de son dirigeant à une politique pro-Union européenne. Le passé de T. Nikolic, un proche de Slobodan Milosevic, a plutôt été marqué par une orientation politique très nationaliste peu amène à l'égard de l'UE, rappelle le Crédit Agricole. Une " real politik " emprunte de pragmatisme pourrait effectivement voir le jour. Son premier déplacement à l'étranger est toutefois la Russie. Mais c'est surtout sur la formation du futur gouvernement que sera testée la stabilité politique du pays, estiment les économistes. Selon eux, sa composition va être rendue plus difficile compte tenu de l'éclatement politique au sein du Parlement où aucune formation politique (Parti démocratique, parti socialiste et parti nationaliste) ne dispose de majorité. Le parti du nouveau président, le SNS, pourrait prendre la tête d'une coalition à la condition qu'un des deux autres partis accepte de travailler avec lui. Le Crédit Agricole note que le SNS n'a pas de programme économique très clair et ceci ne favorise donc pas l'émergence d'un consensus politique pour diriger le pays. Les négociations pour la formation de ce gouvernement risquent donc de durer plusieurs semaines et retarderont d'autant un nouvel accord avec le FMI qui a suspendu son aide financière fin 2011 en raison d'un déficit budgétaire plus élevé que convenu lors du précédent accord. En tout état de cause poursuivent les économistes, le nouveau gouvernement sera confronté au défi de redresser une économie fortement affectée par la crise et par un retard dans l'adoption de réformes structurelles et la mise en oeuvre d'une meilleure gouvernance. Selon le Crédit Agricole, la Serbie devrait pouvoir échapper à une récession en 2012 mais la croissance du PIB ne devrait pas dépasser 0,7%. Le taux de chômage atteint 24% (et le double chez les jeunes) et la chute du dinar va contribuer à augmenter la pression sur les entreprises et les ménages endettés en euro. La dette de l'Etat sera aussi affectée : à 60% en devises, toute dépréciation de 10% du dinar augmente mécaniquement de 6% le nominal de la dette et de 3% le ratio de dette publique sur PIB. Enfin concluent les stratégistes, d'un point de vue plus général, la très faible participation des électeurs au scrutin présidentiel (moins de 50% !) illustre encore une fois le désintérêt des peuples d'Europe centrale envers la question politique. Un vrai paradoxe dans des pays qui n'ont de tradition d'élections véritablement libres et ouvertes que depuis peu. AUT/MAF